Vous instruit cent fois mieux que tout l'art des romans. Vous ne quittez jamais celle que vous aimez. Avaient, pour s'envoler, des ailes comme vous, Plus d'inconstans et d'inconstantes. De vrais modèles de tendresse: Vous avez seulement des ailes pour voler Dans votre commerce amoureux, La défiante jalousie Ne répandit jamais le poison dangereux Qui parmi nous brise les nœuds Si vous paraissez quelquefois Je n'y découvre rien que la louable envie Du prix de s'entr'aimer le mieux; Vous ne cherchez jamais une autre compagnie ; Vous vous perchez toujours sur le même rameau. Quand vos paupières sont forcées De céder aux pavots que le sommeil répand, Vous craignez de vous perdre; et vos plumes pressées Paraissent être entrelacées. Que votre langage est charmant! Qu'il a je ne sais quoi d'aimable et de galant! Que vos accens plaintifs sont poussés d'un air tendre! Ce n'est qu'aux cœurs comme le mien Que Vénus a permis d'entendre Et de goûter votre entretien. Après avoir cueilli des douceurs infinies, Si vos forces sout affaiblies, Votre amitié ne l'est jamais. Ah! quand vous vous plaignez, c'est un regret extrême Vous savez vous donner, jusques à son retour, Recommencez vos jeux, recommencez encore N'avait plus aujourd'hui pour moi le même cœur ; Dans son âme changée une nouvelle ardeur! Tourmens affreux! douleurs cruelles! Du beau sexe français, ô la gloire et l'honneur! Sut chanter des amans la douce maladie, L'idylle que je te dédie; C'est à ton goût que je la doi. Si je puis aujourd'hui mériter ton suffrage, M.LLE MALCRAIS DE LA VIGNE. LA FONTAINE DE VAUCLUSE. Ce n'est pas seulement sur des rives fertiles Elle nous force encor d'admirer sa beauté : N'ont jamais prodigué leurs touchantes faveurs, Ici de toutes parts elle n'offre à la vue Que les monts escarpés qui bordent ces déserts, Les séparent de l'univers. Sous la voûte d'un roc, dont la masse tranquille Habite de ces bords la naïade sauvage: Son front n'est point orné de flexibles roseaux, Et la pureté de ses eaux Est le seul ornement qui pare son rivage. S'échapper de son urne en torrens écumeux; Se brisant à grand bruit sur des rochers affreux, Faire entendre ses doux accens. L'oiseau seul de Pallas, dans les cavernes sombres, Confond pendant la nuit, avec l'horreur des ombres, L'horreur de ses lugubres chants. Déesse de ces bords, ma timide ignorance N'ose lever sur vous des regards indiscrets ; Je ne veux point sonder les abîmes secrets Où de l'astre du jour vous bravez la puissance (1) Dessèche votre lit, ainsi que nos guérets. Je ne demande point par quel heureux mystère Vous nous offrez à peine une onde salutaire (2): Devraient-ils inspirer de si doux mouvemens? Pétrarque auprès de vous soupira son martyre; Sa flamme et ses tendres souhaits; Fatiguent nos coteaux, remplissent nos forêts, L'écho ne répondit jamais (1) Au milieu du bassin de la fontaine il y a un gouffre dont on n'a jamais pu trouver le fond. (2) La fontaine est très-abondante en avril, et presque à sec en septembre. |