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ENCYCLOPÉDIE

POÉTIQUE,

OU

CHOIX DE POÉSIES

DANS TOUS LES GENRES;

PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES.

OUVRAGE MIS EN ORDRE ET PUBLIÉ

PAR P. CAPELLE.

IDYLLES ET ÉGLOGUES.

PARIS,

FERRA, LIBRAIRE, rue des G.ds-Augustins, N.o 23.

T

25694

DE L'IDYLLE ET DE L'ÉGLOGUE.

L'IDYLLE et l'Eglogue sont la représentation de la vie champêtre ; leur fable doit être simple, les pensées naturelles, et jointes cependant à quelques sentimens vifs et passionnés; elles doivent être caractérisées la napar ture même de leurs sujets. Ce sont des entretiens entre les bergers, le tableau de leurs mœurs, de leurs jeux, de leurs amours; le récit de leurs voyages, de leurs aventures, de

leurs disputes, etc.

On peut représenter les bergers, et les faire parler et agir en les considérant tels qu'ils ont été dans l'abondance et dans l'égalité du premier âge, avec la simplicité de la nature, la douceur de l'innocence, la noblesse de la liberté; ou tels qu'ils sont devenus depuis que l'usage a fait des esclaves et des maîtres.

Les noms d'Eglogue et d'Idylle ont été particulièrement appliqués à la poésie buco

lique ou champêtre, depuis que les pièces. pastorales de Théocrite et de Virgile ont été publiées sous ces titres.

L'origine de l'Idylle et de l'Eglogue doit remonter aux temps les plus reculés. Il est vraisemblable que dans l'enfance du monde, où les hommes n'étaient occupés qué du soin des troupeaux, dans les loisirs d'une vie paisible, ils s'amusaient à chanter. On a trouvé le chant et la poésie établis chez les nations les plus sauvages. Les plaisirs de la pêche et de la chasse, l'amour, l'opulence rustique, voilà l'objet de leurs poëmes, et telles devaient être les premières chansons.

Plusieurs écrivains se sont attachés à chercher la différence qu'il y a entre l'Idylle et l'Eglogue: on prétend qu'elle consiste en ce que dans l'Eglogue on fait dialoguer les bergers; qu'ils racontent entr'eux leurs aventures, leurs peines, leurs plaisirs; qu'ils comparent la vie tranquille et heureuse dont ils jouissent, avec les passions dont la nôtre est traversée; au lieu que dans l'Idylle, c'est nous qui com

parons le trouble et les travaux de notre vie avec la tranquillité dont jouissent les bergers.

L'Idylle et l'Eglogue n'ont eu qu'un instant de faveur en France, où l'on vit en général fort peu dans les campagnes, dont les mœurs, il faut en convenir, ne sont plus aussi pures, aussi naïves qu'elles l'étaient jadis ; aussi voyons-nous nos poëtes modernes beaucoup plus émpressés à traduire les chefs-d'œuvre des anciens, qu'à créer de nouvelles fables en ce genre.

Quoi qu'il en soit, grâce à ces poëtes, la poésie pastorale, comme une vierge pure, a conservé ses grâces naïves. En vain des écrivains modernes ont essayé de la dénigrer; les chefs-d'œuvre de Théocrite et de Virgile feront les délices de tous les âges.

Nous allons donner quelques pièces traduites des anciens.

L'Amour, si touchant quand il est malheureux, a dicté les vers de Théocrite, où une bergère abandonnée exhale ainsi ses plaintes :

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