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Depuis l'astre fécond qui règne dans les cieux,
Jusqu'au moindre arbrisseau, tout étonne mes yeux.
Quel délire enchanteur me saisit et m'entraîne,
Quand du haut de ce mont élevé dans les airs,
Je plonge mes regards sur cette immense plaine;
Quand mollement assis sur ces prés toujours verts,
A de moins grands objets fixant ma rêverie,
Des arbres et des fruits, des plantes et des fleurs,
J'observe le parfum, le goût et les couleurs,
Et ces êtres nombreux dont la forme varie;
Enfin lorsque d'un Dieu, timide adorateur,
J'admire des saisons la marche toujours sûre
De ce dôme azuré l'éternelle structure,
Le chef-d'œuvre du Créateur,

Et les trésors de la nature !
Alors étonné, confondu,
Par ces merveilles entassées,
Entre une foule de pensées,
Mon esprit reste suspendu:

Je m'arrête en silence, et des larmes pressées
Te rendent, Dieu puissant, l'hommage qui t'est dû!
Oui, les transports que ce tableau fait naître,
D'un torrent de plaisirs m'enivrent malgré moi :
Mais Daphné, tu m'as fait connaître

Un charme encor plus doux, c'est d'être aimé de toi.
DAPHNÉ.

Misis, mon cher Misis, l'ivresse qui t'enflamme
Me pénètre de joie en passant dans mon âme.

Tous deux unis par un noeud si touchant, Admirons de la nuit l'astre clair et paisible, Et l'aurore naissante, et le soleil couchant; Par-tout d'un être immortel et puissant Reconnaissons la main visible;

Qu'avec ma voix ta voix d'accord,

Pour rendre grâce au ciel, toujours se fasse entendre:
Ah! quel ravissement, quand un pareil transport
Se mêle aux doux accens de l'amour le plus tendre!
BLIN DE SAinmore.

LES BERGÈRES AU BAIN,

IDYLLE IMITÉE DE GESSNER.

IRIS et ÉGLÉ.

ÉG LÉ.

QUOIQUE penché vers l'horizon,

Le soleil de ses feux brûle encor le bocage.
Veux-tu m'en croire, Iris? descendons au rivage:
Sous ces berceaux de myrte un verdoyant gazon
Nous promet un riant ombrage.

IRIS.

Allons, allons, Eglé; je suis tes pas;

Avance encore un peu: ces touffes de lilas
Me retombent sur le visage.

ÉGLÉ.

Nous sommes bien ici. Dieux! quel ruisseau charmant! On voit jusqu'au fond de son onde.

Ecoute, Iris: l'air est brûlant,

La source n'est pas bien profonde; Plongeons-nous dans ses flots jusqu'au sein seulement.

IRIS.

Et si l'on vient? tu sais que je suis si craintive!

ÉG LÉ.

Aucun berger ne sait notre dessein;
Aucun sentier ne mène à cette rive;
Ce feuillage entr'ouvert par un zéphir badin,
Ne laisse entrer qu'une lueur furtive,
Et puis se referme soudain.

IRIS.

Ta confiance me rassure;

Si tu l'oses, Eglé, je l'ose aussi vraiment.
Elles ont dit : leur dernier vêtement
Déjà tombe sur la verdure;

Les flots, déjà d'une fraîche ceinture,
Embrassent leurs corps frémissant.
Long-temps ces flots caressent chaque belle.
Eglé parmi des joncs allant enfin s'asseoir:

Id. et Egl.

6

Qu'allons-nous faire, Iris? ça; lui dit-elle !

Pour passer le temps jusqu'au soir, Répétons, si tu veux, quelque chanson nouvelle.

IRIS.

Y penses-tu? chanter! le beau projet! Dans le bosquet voisin, veux-tu te faire entendre?

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Eh bien, parlons tout bas. Sais-tu ce qu'il faut faire?... Conte-moi quelque histoire, une histoire d'amour : Tu raconteras la première ;

J'en dirai quelqu'autre à mon tour.

Mais...

Oh!

IRIS.

J'en sais une assez jolie,

ÉG LÉ.

Crois que ce feuillage est moins discret que moi.

IRIS.

pour celle-ci, non. C'en est une autre.

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Te cacher de ta bonne amie!

Ai-je un penser qui ne soit pas à toi ?

IRIS.

Tiens donc!... Ecarte un peu les branches de ce saule:
De ce coteau lointain, vois-tu bien le sommet?
Et ce vieux cerisier?... Mais ne suis je pas folle ?
Te dire mon plus grand secret!

Que crains-tu?

É GLÉ.

IRIS.

Je ne sais; et cependant je n'ose.
ÉG LÉ.

Les jeunes filles, dans le bain,
Se cachent-elles quelque chose?

Il est vrai, mais....

IRIS.

ÉGLÉ.

L'histoire était en si bon train!

IRIS.

Une autre fois peut-être. . . .

ÉG LÉ.

Eh, bon dieu! quel mystère !

Veux-tu la dire ou non?... Tu ne veux pas?... Eh bien!

Va, garde ton secret, je garderai le mien;

J'avais aussi des aveux à te faire ;

Mais tu n'en sauras jamais rien.

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