Depuis l'astre fécond qui règne dans les cieux, Et les trésors de la nature ! Je m'arrête en silence, et des larmes pressées Un charme encor plus doux, c'est d'être aimé de toi. Misis, mon cher Misis, l'ivresse qui t'enflamme Tous deux unis par un noeud si touchant, Admirons de la nuit l'astre clair et paisible, Et l'aurore naissante, et le soleil couchant; Par-tout d'un être immortel et puissant Reconnaissons la main visible; Qu'avec ma voix ta voix d'accord, Pour rendre grâce au ciel, toujours se fasse entendre: LES BERGÈRES AU BAIN, IDYLLE IMITÉE DE GESSNER. IRIS et ÉGLÉ. ÉG LÉ. QUOIQUE penché vers l'horizon, Le soleil de ses feux brûle encor le bocage. IRIS. Allons, allons, Eglé; je suis tes pas; Avance encore un peu: ces touffes de lilas ÉGLÉ. Nous sommes bien ici. Dieux! quel ruisseau charmant! On voit jusqu'au fond de son onde. Ecoute, Iris: l'air est brûlant, La source n'est pas bien profonde; Plongeons-nous dans ses flots jusqu'au sein seulement. IRIS. Et si l'on vient? tu sais que je suis si craintive! ÉG LÉ. Aucun berger ne sait notre dessein; IRIS. Ta confiance me rassure; Si tu l'oses, Eglé, je l'ose aussi vraiment. Les flots, déjà d'une fraîche ceinture, Id. et Egl. 6 Qu'allons-nous faire, Iris? ça; lui dit-elle ! Pour passer le temps jusqu'au soir, Répétons, si tu veux, quelque chanson nouvelle. IRIS. Y penses-tu? chanter! le beau projet! Dans le bosquet voisin, veux-tu te faire entendre? Eh bien, parlons tout bas. Sais-tu ce qu'il faut faire?... Conte-moi quelque histoire, une histoire d'amour : Tu raconteras la première ; J'en dirai quelqu'autre à mon tour. Mais... Oh! IRIS. J'en sais une assez jolie, ÉG LÉ. Crois que ce feuillage est moins discret que moi. IRIS. pour celle-ci, non. C'en est une autre. Te cacher de ta bonne amie! Ai-je un penser qui ne soit pas à toi ? IRIS. Tiens donc!... Ecarte un peu les branches de ce saule: Que crains-tu? É GLÉ. IRIS. Je ne sais; et cependant je n'ose. Les jeunes filles, dans le bain, Il est vrai, mais.... IRIS. ÉGLÉ. L'histoire était en si bon train! IRIS. Une autre fois peut-être. . . . ÉG LÉ. Eh, bon dieu! quel mystère ! Veux-tu la dire ou non?... Tu ne veux pas?... Eh bien! Va, garde ton secret, je garderai le mien; J'avais aussi des aveux à te faire ; Mais tu n'en sauras jamais rien. |