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IRIS.

Tu me diras donc tout? Que tu deviens pressante!
Allons, embrassons-nous. Du coteau que tu vois,
Hier au soir, Eglé, je gravissais la pente:
J'entends mon nom chanté par une douce voix,
Et la chanson était charmante.

Confuse, je m'arrête, et, non pas sans rougir,
Je parcours d'un regard tout ce qui m'environne:
Mais j'ai beau regarder, je n'aperçois personne.
J'avance... vers mes pas la voix semble venir;
J'avance encor;
la voix vient du côté contraire.

C'était du cerisier, Églé, qu'elle partait,
Et je l'avais passé. La chanson me nommait :
Mais Iris est le nom de mainte autre bergère;
Si ce n'était pas moi !... Dis, que devais-je faire ?
Les yeux baissés, et l'esprit inquiet,
Je gagne à pas lents ma chaumière.

Sur l'arbre, cependant, tu crois bien que parfois,
Je portai l'œil à la volée;

Mais c'était de si loin, et j'étais si troublée,
Que je ne pus y voir personne. Enfin la voix
Se tut; et, l'avoûrai-je ?... ah! j'en fus désolée.

ÉG LÉ.

Oui; mais le lendemain.....

IRIS.

Dis la nuit même.

ÉG LÉ.

Bon!

IRIS.

Ecoute. Dans ma couche, à peine suis-je entrée,
J'entends la même voix et la même chanson,
Les mêmes que dans la soirée.

Tu ris! Ce n'est pas tout. Le flambeau de la nuit
Versait sur notre toit sa paisible lumière :

Je vois (l'ombre en venait jusqu'auprès de mon lit),
Je vois à ma fenêtre un berger, qui, sans bruit,
Y suspend en festons sa guirlande légère.
Je crus que mon esprit, par un rêve égaré,
Se formait à plaisir ce gracieux mensonge.
Aussi, quand le berger dut s'être retiré,
Ne fallait-il pas voir si ce n'était qu'un songe ?
Je me lève, je vais, j'ouvre...Dieux ! sous ma main
Je rencontre... Peins-toi la plus gente corbeille;
Des cerises, Églé, d'un goût, d'un goût si fin!
Puis une rose si vermeille!

ÉG LÉ.

Et sais-tu quel berger?...

IRIS.

Oh oui; car, cette fois,

Je ne me trompe point, j'ai reconnu sa voix :

Mais son nom, n'attends pas que j'aille te le dire.

ÉG LÉ.

Non, non, ne me dis point que c'était Sylvanire.

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Oui, lui-même. Ah! je vois maintenant Pourquoi de sa corbeille il soignait tant l'ouvrage ! Moi qui me promettais un si joli présent!

Il en a fait sans doute un bien meilleur usage.

Qui te dit que c'est lui?

IRIS.

ÉGLÉ.

Qui? ta vive rougeur,

Et tes regards baissés: tout trahit le mystère.
Tu te caches, Iris? Est-ce un si grand malheur?
Mon frère t'aime... eh bien aime mon frère;
Je te chéris déjà comme ma sœur !

IRIS.

Qui; mais il ne faut point lui dire que je l'aime ;
Un berger, à notre air, assez tôt le connaît.

ÉG LÉ.

J'ai peur de garder ton secret

Bien mieux encore que toi-même.

Mais puisque c'est à moi de parler à mon tour,
Tu sais qu'à la moisson, Lycas, de sa naissance,
Par un festin joyeux, solennisa le jour;

Myrtil y vint, Myrtil tel qu'on nous peint l'Amour,

Tous les deux, par hasard, nous ouvrîmes la danse. Dieu! de quel pied léger... Mais écoutons... J'entends... Un grand bruit....

IRIS.

Que serait-ce?

ÉGLÉ.

Il redouble, il approche.

IRIS.

O Nymphes! sauvez-nous!

ÉGLÉ.

Prenons nos vêtemens;

Enfuyons-nous vers cette roche.

L'une et l'autre soudain fuit comine un passereau
Qu'un vorace épervier poursuit à tire d'ailes:
Et ce n'était qu'un faon, aussi timide qu'elles,
Qui venait se baigner dans le même ruisseau.

BERQUIN.

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Oui, lui-même. Ah! je vois maintenant Pourquoi de sa corbeille il soignait tant l'ouvrage ! Moi qui me promettais un si joli présent! Il en a fait sans doute un bien meilleur usage.

Qui te dit que c'est lui?

IRIS.

ÉGLÉ.

Qui? ta vive rougeur,

Et tes regards baissés: tout trahit le mystère.
Tu te caches, Iris? Est-ce un si grand malheur?
Mon frère t'aime... eh bien aime mon frère;
Je te chéris déjà comme ma sœur !

IRIS.

Qui; mais il ne faut point lui dire que je l'aime ;
Un berger, à notre air, assez tôt le connaît.

ÉG LÉ.

J'ai peur de garder ton secret

Bien mieux encore que toi-même.

Mais puisque c'est à moi de parler à mon tour,
Tu sais qu'à la moisson, Lycas, de sa naissance,
Par un festin joyeux, solennisa le jour;

Myrtil y vint, Myrtil tel qu'on nous peint l'Amour,

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