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Une vertu chère à mon cœur.
Mais quoi! je le sens qui soupire...
Vou téméraire ! vains sermens!
Non, non, beaux myrtes que j'admire,
Vous êtes l'arbre des amans;

Ma main ne saurait vous détruire.

Pourquoi, de votre aspect craindrais-je les douceurs?
Dans ces solitaires asiles

J'ai le cœur et l'esprit également tranquilles;
Je dors paisiblement à l'ombre de vos fleurs.
Demeurez, et croissez à l'abri des orages,
Toujours fleuris et toujours verts;
Unis à ces jasmins soutenez leurs feuillages;
Et moi, fuyant l'Amour, craignant ses faux hommages,
Je viendrai, sous vos doux ombrages,
Cacher ma rêverie et soupirer mes vers.

M.lle M.***

LE SORT DES FLEURS.

LA fleur printanière

Qui naît la première,

Au premier beau jour,
Tant qu'elle est nouvelle,

Voit Zéphir près d'elle
Soupirer l'amour.
Mais par la rosée
Qu'une autre arrosée
Vienne à s'entr'ouvrir,
Dès que sur sa tige
Ce dieu qui voltige
L'aperçoit fleurir,
La fleur printanière
Qui fut la première
Éclose en ce jour,
A la plus nouvelle
Voit Zéphir loin d'elle

Porter son amour.

PEZAI.

LE PAPILLON.

VOLAGE amant des fleurs, papillon fortuné,
Que ton sort a d'attraits, et qu'il me fait envie
Nulle chaîne, hélas! ne te lie.

Par ton penchant seul entraîné,

De plaisirs en plaisirs tu promènes ta vie ;
Tu cours de fleurs en fleurs recueillir l'ambroisie ;

Tantôt du lis náissant tu dérobes l'émail;
Tantôt, malgré son épine cruelle,
Vainqueur de la rose nouvelle,
Tu ravis son brillant corail;

Toutes les fleurs reçoivent tes caresses;
Toutes les fleurs te cèdent leurs richesses,
Bien différent des mortels malheureux,
Qui souvent ferment la paupière

Sans avoir pu goûter dans leur longue carrière
Le moindre des plaisirs, objet de tous leurs vœux.
Il est vrai qu'abusé par la flamme infidèle,
Tu vas lui confier ton aile,

Et te livrer toi-même à son éclat trompeur :
Mais si la mort interrompt ton bonheur,
Ton dernier vol au moins t'emporte au-devant d'elle;
Tu meurs l'heureux jouet d'une agréable erreur;
Et l'être infortuné que la raison éclaire,
Qui de cet avantage ose tant se flatter,
Ne tire d'autre fruit de sa triste lumière
Que de prévoir sa fin, qu'il ne peut éviter.

D'ARNAUD.

LA VIOLETTE.

AIMABLE fille du Printemps,

Timide amante des bocages,
Ton doux parfum flatte mes sens,
Et tu sembles fuir nos hommages.

Semblable au bienfaiteur discret
Dont la main secourt l'indigence,
Tu me présentes le bienfait,
Et tu crains la reconnaissance.

Sans faste, sans admirateur
Tu vis à l'oubli condamnée,
Et l'oeil cherche encore ta fleur
Quand l'odorat l'a devinée.

Pourquoi tes modestes couleurs
Au jour n'osent-elles paraître ?
Auprès de la reine des fleurs
Tu crains de t'éclipser peut-être?

Rassure-toi; près de Vénus

Les Grâces nous plaisent encore:
On aime l'éclat de Phébus

Et les doux rayons de l'Aurore.

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pousse un tendre soupir,

Et sur Iris il se pâme

De douleur et de plaisir.

Ensuite essuyant ses larmes
Avec son bandeau léger :
Cesse, dit-il, tes alarmes,
Je vais bientôt te venger.

Ouvrant ses ailes brillantes,
Le dieu la laisse un moment,
Pour attraper les méchantes,
Qu'il ramène promptement.
Nymphe aimable, dirent-elles,
Disposez de notre sort :

Nos erreurs vous sont cruelles,
Et nous méritons la mort.

Sachez-en l'unique cause :
J'ai cru, lui dit l'une, Iris,
Sucer un bouton de rose;

Moi, reprit l'autre, des lis.

M.LLE MALCRAIS DE LA VIGNE.

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