Morte est l'autorité; chacun vit à sa guise : On trouve dans Ronsard beaucoup de morceaux de cette force d'idées ou d'images : il avait le génie poétique; mais Boileau l'a trèsbien jugé quand il a dit, après avoir parlé de Marot: Ronsard, qui le suivit, par une autre méthode Remi Belleau, dont le nom se trouve inscrit dans la Pléïade Française, c'est-à-dire au nombre des sept meilleurs poëtes de son temps, fut un des plus dignes imitateurs de Ronsard, qui le nommait le peintre de la na ture (i). I jeta quelquefois de l'obscurité dans son style, soit en créant de nouveaux mots, soit en détournant le sens de ceux qui existaient déjà ; mais il a souvent l'expression libre et hardie, de l'élégance et de la grâce. Il a rimé quelquefois négligemment; mais il s'est régulièrement asservi au mélange alternatif des rimes masculines et féminines. L'églogue suivante, adressée au Printemps sous le nom du mois d'Avril, est un petit chef-d'œuvre pour le temps où il vivait, tant par la finesse des expressions, que par la coupe et la contexture des vers: AVRIL, l'honneur et des bois Avril', la douce espérance (1) Il naquit à Nogent-le-Rotrou au commencement de 1528, et mourut à Paris le 6 mars 1577. Il parut sur sa mort des vers dans toutes les langues mortes ou vivantes, et ses amis portèrent son corps sur leurs épaules jusqu'à l'église des Grands-Augustins, où il fut inhumé. Morte est l'autorité; chacun vit à sa guise On trouve dans Ronsard beaucoup de morceaux de cette force d'idées ou d'images : il avait le génie poétique; mais Boileau l'a trèsbien jugé quand il a dit, après avoir parlé de Marot: Ronsard, qui le suivit, par une autre méthode Remi Belleau, dont le nom 'se trouve inscrit dans la Pléïade Française, c'est-à-dirè au nombre des sept meilleurs poëtes de son temps, fut un des plus dignes imitateurs de Ronsard, qui le nommait le peintre de la na ture (i). Í jeta quelquefois de l'obscurité dans son style, soit en créant de nouveaux mots, soit en détournant le sens de ceux qui existaient déjà; mais il a souvent l'expression libre et hardie, de l'élégance et de la grâce. Il a rimé quelquefois négligemment ; mais il s'est régulièrement asservi au mélange alternatif des rimes masculines et féminines. L'églogue suivante, adressée au Printemps sous le nom du mois d'Avril, est un petit chef-d'œuvre pour le temps où il vivait, tant par la finesse des expressions, que par la coupe et la contexture des vers : AVRIL, l'honneur et des bois Avril', la douce espérance (1) Il naquit à Nogent-le-Rotrou au commencement de 1528, et mourut à Paris le 6 mars 1577. Il parut sur sa mort des vers dans toutes les langues mortes ou vivantes, et ses amis portèrent son corps sur leurs épaules jusqu'à l'église des Grands- Augustins, où il fut inhumé. Du bouton, Nourrissent leur jeune enfance; Avril, l'honneur des prés verts, Qui, d'une humeur bigarrée, Leur parure diaprée; Avril, l'honneur des soupirs Qui, sous le vent de leur aile, De doux rêts, Pour ravir Flore la belle; Avril, c'est ta douce main De la nature, desserre Une moisson de senteurs Et de fleurs, Embaumant l'air et la terre; Avril, l'honneur verdissant " Sur les tresses blondelettes (1) Pers, bleus. |