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faisant sentir les absurdités de tout ce qu'y opposent les libertins, les impies, les mé

créants.

ARTICLE SECOND.

Absurdité qu'opposent les libertins à l'Histoire, et sur le dogme de la Création.

I.

« Au commencement Dieu créa le Ciel et » la Terre. C'est ainsi qu'on a traduit. Mais » la traduction n'est pas exacte1. Il n'y a » point d'homme un peu instruit qui ne " sache que le texte porte: Au commence"ment les Dieux firent, ou les Dieux fit, le ciel et la terre. Cette leçon d'ailleurs " est conforme à l'ancienne idée des Phéni»ciens, qui avoient imaginé que Dieu employa les dieux inférieurs, pour débrouiller "le chaos, le Chaut Ereb. Les Phéniciens » étoient depuis long-temps un peuple puis"sant, qui avoit sa théogonie, avant que » les Hébreux se fussent emparés de quel"ques villages vers son pays. Il est naturel "de penser que, quand les Hébreux eurent » enfin un petit établissement vers la Phé

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Dict. Philos.

"

"nicie, ils commencèrent à apprendre la » langue, sur-tout lorsqu'ils y furent es» claves; alors ceux qui se mêlèrent d'écrire, » copièrent quelque chose de l'ancienne théo»logie de leurs maîtres. C'est la marche » de l'esprit humain. »

Ne diroit-on pas que cet homme-ci possède toutes les histoires, et qu'il est versé dans toutes les langues anciennes? Cependant il s'en faut beaucoup, comme nous allons le démontrer.

Il trouve d'abord que la traduction du premier verset de la Genèse, n'est pas exacte. Qui le croiroit, que ce texte ayant toujours été ainsi traduit depuis dix-sept siècles, par tous les savants de toutes les Communions chrétiennes, par les Grecs, les Latins, les Syriens, les Arabès, les Egyptiens, il se trouve aujourd'hui un homme, qui, sans rien savoir des langues anciennes orientales vous dit hardiment qu'aucun de ces traducteurs n'a été exact! S'il avoit su la signification du mot Elohim, il n'auroit pas fait cette bévue. Ce mot, qui est pluriel, signifié la force, la puissance, l'autorité absolue. II est traduit par le mot Dieu, parce qu'il n'y a que lui à qui ces perfections conviennent véritablement, et qui les ait par lui-même. On ajoute le mot créa, en Hébreu Bara, au singulier, pour faire connoître qu'il n'y

a qu'une seule nature, un seul créant ou Créateur. Cet usage de joindre un verbe singulier avec un nominatif pluriel, se trouve souvent dans l'Hébreu. On pourroit en citer plusieurs exemples. Voilà donc déjà notre réformateur pris en défaut.

Il prétend que les Hébreux copièrent l'ancienne théologie des Phéniciens. Mais par où a-t-il connu cette ancienne théologie phénicienne? Ce ne peut être que par les Grecs, qui n'ont guère écrit que mille ans après Moïse, ou par Sanchoniaton ( si jamais cet auteur a existé), qui vivoit trois cents ans après le Législateur des Hébreux. Je dis, si Sanchoniaton a jamais existé; car un savant Anglois1 a démontré qu'il n'y a jamais eu de Sanchoniaton, et que la prétendue traduction de cet auteur en langue grecque, est un roman de Philon de Biblos.

Il ajoute que les Phéniciens étoient depuis long-temps un peuple puissant, avant que les Hébreux se fussent emparés de quelques villages vers leur pays, et qu'ils appri¬ rent leur langue lorsqu'ils furent leurs esclaves.

Il est bon de remarquer ici que la Phé¬ nicie est une petite langue de terre qui est au fond de la Méditerranée, qui n'est nul

* Dodwel

lement comparable, pour l'étendue, avec le pays qu'occupèrent les Hébreux, et qui étoit généralement aride et sablonneuse, sur-tout entre Tyr et Sidon. Les Phéniciens se rendirent fameux par leur commerce et par les colonies qu'ils conduisirent en différents pays1. Mais ils ne furent jamais un peuple puissant. La ville de Tyr est celle qui a le plus contribué à faire connoître les Phéniciens. Or, Tyr ne fut fondée qu'environ deux cent vingt ans après la mort de Moïse, auteur du livre de la Genèse. D'ailleurs ce livre fut écrit avant que les Hébreux fussent établis dans le pays de Chanaan, et avant qu'ils pussent avoir aucune communication avec les Phéniciens; comment donc les Hébreux auroient-ils puisé chez eux les idées de leur cosmogonie? On demandera encore à cet homme aux recherches, où il a appris que les Hébreux aient jamais été esclaves des Phéniciens. Depuis trois mille ans aucun auteur n'en avoit dit mot. Mais on voit aisément que notre écrivain en est pour l'histoire, ce que les faux monnoyeurs sont pour la monnoie; tout ce qui vient d'eux est faux.

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Strab. lib. 16.

II.

« La Terre étoit tohu, bohu, et vuide; » les ténèbres étoient sur la surface de » l'abîme, et l'esprit de Dieu étoit porté » sur les eaux. Tohu, bohu, signifie préci» sément cahos, désordre. C'est un de ces » mots imitatifs qu'on trouve dans toutes les

langues, comme sens dessus dessous. L'es» prit de Dieu signifie le vent qui agitoit les » eaux. Cette idée est exprimée dans les » fragments de l'auteur Phénicien Sancho» niaton. Les Phéniciens croyoient, comme "tous les autres peuples, la matière éter» nelle. On ne trouve même, dans toute la » Bible, aucun passage où il soit dit que la » matière ait été faite de rien. „

C'est encore ici même ignorance et même hardiesse. Tohu, bohu, ne signifie pas cahos, mais désert, solitude ; ce qui convenoit bien à l'état ou se trouvoit la terre, telle que nous la représente Moïse dans sa narration du premier jour du monde.

Cet homme ose encore affirmer qu'il n'y a, dans toute la Bible, aucun passage où il soit dit que la matière ait été faite de rien. Et que signifie donc celui-ci : Je vous prie, ô mon fils, de porter vos regards vers le Ciel, sur la terre,.et sur tout ce qu'ils ren

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