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à Orleans, & c'eft de là qu'elles font diftribuées selon l'exigence. Entre toutes ces marchandifes, celles dont le commerce eft le plus confidérable font les vins, les eaux de vie, les bleds, & les épiceries.

Le vignoble d'Orleans eft un des plus confidérables du Royaume, & on compte qu'il produit année commune plus de cent mille tonneaux de vin; mais par rapport au commerce, il y faut comprendre tous les vins qu'on tire du Languedoc, ou de la Guyenne.

Les Bleds viennent de Bretagne, de Poitou, d'Auvergne, & de la haute Beauffe. Ils font amaffez en magafin par les Marchands, qui les débitent à leur plus grand avantage.

Les épiceries viennent de Provence par Lyon, ou des Ifles de l'Amérique par Nantes. Ce négoce s'eft trouvé affez fort pour donner lieu à l'établiffement de trois fucreries dans la Ville d'Orleans, qui confomment par an environ quinze cens milliers de mocades. Le fucre qui s'y fabrique eft blanc, bien travaillé, & très-eftimé par les Marchands de Paris.

Il s'eft fait de tout tems à Orleans un grand commerce de bas au tricot, & à l'aiguille. La plus grande partie de ces bas vient de Beauffe; mais il s'eft formé à Orleans deux manufactures des mêmes ouvrages, l'une de bas tricotez, & l'autre de bas au métier. Quoique les bas au métier ne foient pas d'un auffi bon ufage que les tricotez, néanmoins comme i's fe font plus vite, on s'apperçoit que cette derniere manufacture détruit infenfiblement celle du tricot.

Il fe fait encore à Orleans un grand négoce de peaux de mouton paffées en chamois, & il s'en dé. bite par an environ douze mille douzaines. Paris & tout le Royaume les enleve avec empreffement, foit qu'elles foient en huile, en blanc, ou en chamois.

Le débit des arbres fruitiers par les Jardiniers d'Or

leans

leans & des environs, eft encore très-confidérable, non feulement pour le dedans du Royaume, mais auffi pour les païs étrangers. Le Roi d'Angleterre Guillaume III. en fit enlever une grande quantité après la paix de Ryfwick.

Quoique Gien foit fur la riviere de Loire auffibien qu'Orleans, cette petite Ville n'en retire pas le même avantage. Le commerce de bled, qui s'y faifoit autrefois eft tout-à-fait tombé depuis la révocation de l'Edit de Nantes; les Marchands qui le faifoient, s'étant retirez dans les païs étrangers, ou à Paris.

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Le commerce des Villes de Blois & de Beaugency confifte prefque tout dans les eaux de vie, & les vins. Ces deux Elections jointes enfemble, produisent à peu près la même quantité de vin, que celle d'Orleans. On les enleve fur la Loire pour Orleans, Paris, Tours, Angers, Laval, la Hollande, & quelquefois par terre pour la Normandie. Il y avoit autrefois à Blois & à Beaugency un commerce de tannerie affez confidérable; mais les grands droits que payent les cuirs, l'ont fait tomber. On fait auffi à Blois des ferges & des étamines qui font très-bonnes; cependant ce commerce n'eft pas bien confidérable. Celui des ferges & des draps de Romorantin l'eft beaucoup plus. On s'en fert pour l'habillement des troupes, & le débit s'en fait à Orleans & à Paris.

La draperie, la tannerie & la ganterie, font pref que tout le commerce de Vendôme, mais la ganterie eft le plus confidérable. Les peaux qu'on y employe viennent de Poitou & de Saintonge, & les gands font envoyez à Paris. Dans les années abondantes en vin & en bled, ce qui ne peut pas être confommé dans le païs eft porté dans la Touraine, le Maine, le Perche & la Normandie.

L'Election de Châteaudun produit du vin, du bled, & des fruits. On fait du cidre de ces dermiers qui eft confommé dans le païs. Dans les Pa

roiffes

roiffes de Brou & d'Authon, il y a une manufacture d'étamines, lefquelles fe débitent à Tours, à Orleans, & à Paris. Dans la Paroifle de Champrond il y a une forge, dont le bois & la mine fe prennent dans la forêt de Vibraye. Elle rend environ cinq cens milliers de fer commun, qu'on tranfporte à Châteaudun, à Brou, à Montmirail, à Vendôme.

Le principal commerce du païs Chartrain eft celui des bleds. Il eft fi fertile, & en produit une fi grande quantité, qu'il peut en fournir à plufieurs Provinces. Il y a quelques Paroiffes où il y a des vignes, & le vin de Saint-Piat eft celui qui a le plus de réputation.

Les Elections de Dourdans & de Pluviers produifent auffi beaucoup de bled. Il y a à Dourdans une manufacture de bas de foye & de laine à l'aiguille.

Le commerce de l'Election de Montargis eft peu de chofe. On fait des draps à Châteauregnard, propres pour habiller les troupes, lefquels fe débitent à Troyes. Il s'y fait encore un commerce de groffe toile que les Marchands achetent aux environs de Montargis, de Cofne, & de Saint-Fargeau. Avant la guerre, les Allemans venoient acheter des faffrans du côté de Boifcommun; mais ce commerce eft aujourd'hui fort diminué.

§. 4. L'Univerfité d'Orleans ne mérite pas ce nom, quoiqu'on le lui donne ordinairement, puifque ce n'eft qu'une Faculté de Droit Civil & Canonique. Cette Ecole eft certainement fort ancienne, & le Pape Clement V. lui accorda plufieurs privileges le 27. de Janvier de l'an 1305. Les Régens & les Ecoliers n'ayant pas penfé à les faire approuver par le Roi Philippe le Bel, & ayant voulu en 1309. dans une affemblée convoquée exprès, en faire lecture & publication pour les faire obferver, les habitans s'affemblerent, allerent tumu'tueufement au Couvent des Dominicains où fe tenoit l'affemblée, & menacerent les Régens & les Eco

liers qu'ils n'auroient jamais repos ni paix avec eux, s'ils ne renonçoient aux privileges qu'ils avoient obtenus du Pape. Les Profeffeurs eurent recours au Roi Philippe le Bel en 1312. qui confirma les privileges, & établit l'Univerfité de Droit Civil & Canon en la Ville d'Orleans. Les brouilleries des Régens & Ecoliers continuant toujours avec les habitans d'Orleans, les Régens ou Profeffeurs fe retirerent à Nevers, & firent un Traité avec les habitans le 27. Mai de l'an 1316. mais le Roi Philippe le Long, & le Pape Jean XXII. envoyerent à ces mutins des perfonnes propres à les adoucir & à leur faire entendre raifon, & l'Univerfité fut rétablie à Orleans. D'autres difent que les Ecoliers ne furent pas moins mutins à Nevers, qu'ils l'avoient été à Orleans, & eurent de fi fréquens démêlez avec les habitans, que quelques-uns de ces derniers prirent la chaire des Profeffeurs, & la jetterent dans la Loire en difant, Que de par le Diable elle retournât à Orleans dont elle étoit venue*. Ces particuliers féditieux furent condamnez de groffes amendes envers le Roi, à caufe que les Univerfitez font fous fa fauvegarde, qui en cette occafion avoit été violée. L'Arrêt du Parlement qui les condamne eft du 21. Juin de l'an 1320. Cette Univerfité, ou plûtôt Faculté eft aujourd'hui compofée d'un Chancelier, qui eft une des Dignitez de l'Eglife Cathédrale, de fix Profeffeurs qui font tous les jours des Leçons, & de douze Docteurs, dont la fonction eit d'affifter aux examens & actes de ceux qui veulent prendre des Grades. Le Recteur eft chef de la Faculté, & toujours l'un des fix Profeffeurs.

Les Jefuites ont auffi à Orleans un Collège pour l'inftruction de la jeuneffe; les Peres de l'Oratoire en ont un à Vendôme; les Barnabites un à Montar

Coquille Hift, de Nivern. p. 373,

Montargis; les Jefuites un à Blois; les Benedictins

un à Pontlevoi &c.

ARTICLE III.

Le Gouvernement Militaire de l'Orleanois.

LE Gouverneur d'Orleanois a fous lui trois Lieu

tenans generaux, trois Lieutenans de Roi, & plufieurs Gouverneurs particuliers.

La Lieutenance generale d'Orleanois comprend le Païs & Duché d'Orleanois, Dunois, & Vendômois. Outre le Lieutenant general il y a un Lieutenant de Roi, dont la Charge a été créée en 1692.

La Lieutenance Generale du Païs Chartrain comprend la plus grande partie du Gâtinois, & à laquelle on donne le nom de Gâtinois Orleanois, pour le diftinguer du Gâtinois François qui eft du Gouvernement general de l'Ile de France. Elle a fon Lieutenant general, & fon Lieutenant de Roi qui eft de la création de l'an 1692.

La Lieutenance generale du Blaifois a auffi un Lieutenant general & un Lieutenant de Roi de la création de 1692.

Les Villes qui ont des Gouverneurs particuliers, font Chartres,, Montargis, Gien, Jargeau, Pluviers & Beaugency.

Les Marêchaux de France ont des Lieutenans à Orleans, à Chartres, à Blois, à Montargis & à Yenville, qui connoiffent des differends de la Nobleffe. Ces Charges font de nouvelle création.

Dans plufieurs Villes de ce Gouvernement il y a des Maréchauffées, & des Lieutenans Criminels de robe courte.

A Orleans il y a deux compagnies de Maréchauffée, dont l'une eft celle du Prévôt general, & l'autre celle du Prévôt Provincial, & une Lieutenance

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