Images de page
PDF
ePub

Chapitres du Diocefe de Nevers font ceux de Franai les Chanoines, de Premery, de Tannay, de Notre-Dame, de Saint-Pierre le Mouftier, de Dorne, & de Molins.

L'Abbaye de Saint-Martin de Nevers eft de l'Ordre de faint Auguftin, & occupée par des Chanoines Réguliers de la Congrégation de fainte Genevieve. Cette Abbaye fut fondée par Hervé Baron de Donzy, & Mathilde de Courtenay fa femme. Le revenu de l'Abbé eft d'environ trois mille livres, & celui des Moines de deux mille livres.

Bellevaux eft de l'Ordre de Prémontré, & raporte à l'Abbé environ huit cens livres de revenu, & aux Moines environ mille livres.

Notre-Dame de Nevers eft une Abbaye de filles de l'Ordre de faint Benoît, qui jouït d'environ dix mille livres de rente.

L'Evêché de BETHLE'EM a été établi à Clamecy de la maniere qui fuit. Les Chrétiens ayant été chaffez de la Terre-fainte, Rainier Evêque de Bethleem fuivit Guy Comte de Nevers en France. Celui-ci lui donna le Bourg de Pantenor lez Clamecy outre la riviere d'Yonne, avec le Gaignage & Domaine de Cembeuf, ou Sambert, & la Ville Sous-faify, appellée la Maison-Dieu de Bethléem, & le Bourg qui eft outre les ponts de Montruillon: ce qui eft prouvé par une charte de l'an 1223. L'Evêque de Bethléem lez Clamecy tranfporta dans la fuite à Robert Comte de Nevers la Jurifdiction, Feftaige, Foires, qu'il avoit audit Bourg les Clamecy, & au Bourg de Montruillon, & ne retint à fon Eglife que le domaine & la jurifdiction fur fes Freres & Convers de fa maifon, & fur ceux qui fe donnent à l'Hôpital de Bethléem, moyennant la récompenfe de certaine rente. La charte eft de Fan 1291. Le Roi Charles VI. par une Charte de Pan 1412. au mois de Février, confirma tous les dons faits à l'Eglife de Bethleem, & ordonna que fes Evêques, s'ils font originaires du Royaume, ou

y

y ont demeuré longtems, après ferment prêté, jouïront des mêmes privileges que les autres Evêques de France. En ce lieu de Bethléem près Clamecy ledit Evêque a territoire Epifcopal, & s'il eft confacré, il exerce audit lieu tous actes appartenans à l'Ordre Epifcopal. La nomination à cet Evêché appartient au Comte de Nevers. Ce Prélat foulage ordinairement quelques Evêques du Royaume dans les pénibles fonctions de l'Epifcopat. Il fait pour eux les ordinations, & la plupart des autres fonctions de l'Ordre Epifcopal; ainfi c'eft le véritable Servus fervorum Dei.

ARTICLE II.

Le Gouvernement Civil du Nivernois.

§. I. LE Nivernois eft du reffort du Parlement

de Paris, & a fa Coûtume particuliere, qui fut redigée par écrit, mais non entierement accordée par les Etats du païs affemblez par le commandement de Jean de Bourgogne, Comte de Nevers, l'an 1490. En l'année 1534. les Etats de la Province furent encore affemblez par commiffion du Roi adreffée à Marie d'Albret Comteffe de Nevers, & la Coûtume du Nivernois fut arrêté, accordée, & mife par écrit par devant Louis Roillard & Guillaume Bourgoing Confeillers au Parlement de Paris, & Commiflaires en cette partie.

Le Bailliage & Sénéchauffée de Saint-Pierre le Moustier paffe pour un des plus anciens du Royaume. Il renferme dans fon reffort Cencoins en Berry, le Comté de Châtelchinon, le Bailliage de la Charité fur Loire, les Juftices de Pouilly & le Ray en Berry, la Justice de l'Evêque & du Chapitre de Nevers, le Bourg de Saint-Etienne de Nevers qui a été aliené en faveur de Ludovic de Gonzague, mais à la charge d'indemnifer le Roi en reffort; ce

qui

qui n'ayant pas été executé, le Bourg eft du reffort du Bailliage de Saint-Pierre le Mouftier; la Juftice Royale de Cuffet, mais feulement pour les cas au premier & fecond chef de l'Edit des Préfidiaux. Outre ce reffort ordinaire, la Jurifdiction du Bailliage de Saint-Pierre le Mouftier s'étend pour tous les cas royaux, tant civils que criminels, & pour les Ecclefiaftiques, dans tout le Nivernois, à l'exception néanmoins du Donziois, dont le Préfidial d'Auxerre eft en poffeffion de prendre connoiffance, Le Bailli de Saint-Pierre le Mouftier eft d'épée, & fa Charge périt par fa mort. La Justice fe rend en fon nom au Bailliage; il convoque & commande l'Arriereban, & on trouve dans les anciens Mémoires que fes appointemens étoient de dix-huit cens livres par an; mais on ne voit point fur quel fonds ils étoient payez. Le Bailli de Cuffet eft auffi d'épée, mais fa Charge eft hereditaire. Il a d'ailleurs les mêmes fonctions que celui de Saint-Pierre le Moustier, & quatre cens cinquante livres d'appointemens payez fur les fonds du Domaine.

Le Préfidial de Saint-Pierre le Mouftier eft de la premiere création, & par conféquent de l'an 1551. Le Prieur de Saint-Pierre le Mouftier en eft de droit le premier Confeiller à caufe de l'affociation de la ́ Juftice faite avec le Roi en * 1165. Les Officiers ont fait trois tentatives pour être transferez à Nevers; mais Louis XIV. ne voulut jamais le permettre, foit par confidération pour l'ancienneté de cet-" établissement, ou par pitié pour les habitans de SaintPierre le Mouftier, qui auroient été ruïnez fans reffource, fi leur petite Ville avoit été dépouillée de. fon Bailliage & de fon Préfidial.

Le Bailliage de Nevers a un reffort d'une grande étendue, & les appellations font portées immediatement au Parlement de Paris. Il y a vingt-quatre Châtellenies qui dépendent du Comté de Nevers, & qui reffor

V. Coquille Hift. du Niv. p. 3624

reffortiffent à ce Bailliage. Ces Châtellenies font Cufy, Châtelneuf fur Allier, Pougues, Garchefy, Chaugne, la Marche, Saint-Saulge, Décife, Gannat, Charrain, Champuer, Cercy la Tour, Lucy Moulins en Gilbert, Liernaix, Saint-Briffon, Montruillon, Chaftel-cenfoi, Clamecy, Mets- le Comte, Monceaux-le-Comte, Neusfontaines, Châteauneuf. au Val de Bargis, Champalemand, & Montenoifon. Outre ces Châtellenies, il y a deux cens cinquante autres Juftices fubalternes. Les Châtellenies du Donziois font Antrain, Eftaiz, Dreve, Billy, Coruol l'Orgueilleux, Saint-Sauveur en Puifaye, & le Châtel de Cofne, outre lefquelles Châtellenies il y a foixante Juftices fubalternes.

Le Nivernois eft pour la plus grande partie de la Généralité de Moulins. Il a deux Elections qui en dépendent, favoir celle de Nevers, & celle de Châteauchinon. L'Election de Clamecy eft de la Généralité d'Orleans, & celle qui fut établie à la Charité l'an 1696. est de la Généralité de Bourges. Les Elections de Nevers & de Châteauchinon reffortif fent à la Cour des Aides de Paris, & font compofées, la premiere, de fept Villes, & de deux cens trente-trois Paroiffes, & celle de Châteauchinon de deux Villes, & de quarante Paroiffes.

Le Comte de Nevers a une Chambre des Comp tes pour la conservation de fon Domaine & de fes revenus, qui eft compofée d'un Préfident, de quatre Maîtres des Comptes, d'un Procureur Général, de deux Secretaires, d'un Greffier, & d'un Huiffier.

Il y a encore à Nevers une Maîtrise particuliere des eaux & forêts, & une Maîtrife Comtale. La premiere eft pour les forêts du Roi, & l'autre pour celles du Comte de Nevers.

§. 2. Les revenus du Roi confiftent dans les Tailles, les Gabelles, & cinq groffes Fermes, les Aides, le Domaine, la Ferme du Tabac, Ferme des Bureaux des Poftes, la vente & coupe des bois,

la

la Capitation, le Dixième, &c. Quant aux Gabelles, je remarquerai ici que les Greniers à fel de Saint-Pierre le Mouftier, de Décise, de Moulins en Gilbert, de Saint-Saulge, de Châteauchinon, de Nevers, de Luzy & de Cencoings, font tous de vente volontaire. Remarquons encore ici que le Roi n'a d'autre Domaine dans cette Province que la Tour quarrée de Saint-Pierre le Mouftier, & fes dépendances, & le droit du Controlle des Exploits. Les Fermiers du Domaine ont autrefois prétendu que le Comté de Châtelchinon a été engagé, & ils intenterent procès à ce fujet à Mefdames de Carignan & de Nemours; mais l'Inftance eft demeurée indécise.

§. 3. Le commerce du Nivernois confifte principalement dans la vente des bleds, des chanvres, des bois, & fur tout du Morvant, du charbon de pierre que l'on tire du côté de Décife, & qui ra porte à la Province environ cent vingt mille livres par an, du poiffon, des cochons, du fer, qui an née commune produit à la Province trois cens mille livres, du fer blanc, qui raporte par an environ cinquante mille livres; de la fayencerie, & verrerie de Nevers, qui produifent environ deux cens mille livres; des draps de Châteauchinon, où il y a une manufacture peu confidérable. Quant au commerce de fer, il eft aifé de l'augmenter en y continuant les manufactures des boulets, ancres, & même.des canons que le Roi y a fait faire pour la Marine. Il faudroit encore par des franchifes & par des privileges y attirer des ouvriers pour la manufacture du fer blanc, qui feroit auffi confidérable que celle d'Allemagne, fi elle étoit foutenue. La manufacture de draps de Châteauchinon feroit trèsconfidérable, fi la pauvreté des ouvriers n'étoit fi grande, qu'ils n'ont pas dequoi acheter des laines, ni faire dégraiffer leurs étoffes au foulon; ce qui rend leurs draps durs & de mauvaife odeur,'quoique d'ailleurs d'une très-bonne qualité.

§. 4. Il

« PrécédentContinuer »