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qu'il veut que la Ville de Lyon & tout l'Evêché foient francs & exempts de toute puiffance & domination étrangere, finon de l'imperiale pour la Juftice.

Cette Bulle déplut fort à Guy Comte de Forez, qui prenoit la qualité de Comte de Lyon. It entra dans cette Ville à main armée, & obligea l'Archevêque Heraclius de fe retirer pour éviter fes emportemens. Le Pape Alexandre III. inftruit des prétentions de l'un & de l'autre, crut entierement affoupir ce differend, en ordonnant que l'Archevêque & le Comte de Forez jouïroient également de tous droits, tant utiles qu'honorables, dans Lyon. Mais cet accommodement n'eut pas tout l'effet que le faint Pere avoit crû, & il y eut toujours des conteftations, jufqu'à ce qu'en 1173. Gui II. Comte de Forez, fit un échange avec l'Archevêque Guichard, qui fut approuvé & ratifié par le même Pape. Par cette tranfaction le Comte de Forez ceda à l'Eglife de Lyon tout ce qui lui appartenoit dans cette Ville & dans le Lyonnois, & l'Eglife de Lyon lui ceda plufieurs Terres qu'elle poffedoit en Forez & en Beaujolois, & onze cens marcs d'argent pour la plus value des chofes cedées par le Comte. C'estlà cette tranfaction que chaque Archevêque à la preftation du ferment qu'il fait publiquement dans l'Eglife lors de fa prife de poffeffion, jure expreffément d'observer. Les Chanoines font le même ferment dans le Chapitre, où ils font reçûs.

Le Forez a eu fes Comtes particuliers, dont il feroit trop long de rapporter la defcendance. Je remarquerai feulement qu'après la révolte du Connêtable de Bourbon, Louïfe de Savoye mere de François I. fe fit adjuger le Comté de Forez, qu'elle ceda enfuite au Roi fon fils fous certaines conditions; ainfi le Forez fut réuni à la Couron

ne.

Le Beaujolois a eu fes Barons jufqu'à Edouard fecond du nom, Baron de Beaujeu & de Beaujolois, lequel ayant enlevé une fille à Villefranche.

& fait jetter par les fenêtres un Huiffier qui lui avoit fignifié un ajournement pour répondre du rapt dont il étoit accufé, fut arrêté & mené prifonnier à Paris, où ennuyé d'une longue prifon, il fit don du Beaujolois & de la Seigneurie de Dombes à Louis II. Duc de Bourbon, qui le tira d'affaires. Cette donation eft datée du vingt-trois Juin de l'an 1400. Ce Louis de Bourbon fut pere de François, qui le fut d'Henri. Ce dernier n'eut qu'une fille appellée Marie, qui époufa Gafton-JeanBaptifte frere de Louis XIII. & de ce mariage naquit Anne-Marie - Louïfe d'Orleans morte en 1693. Par fon teftament olographe du 27. Février 1685. elle fit feu Monfieur fon légataire univerfel, & en cette qualité il eut le Beaujolois qu'il a laiffé à Monfeigneur le Duc d'Orleans fon fils, à qui cette Province raporte vingt-quatre mille fix cens livres, fur quoi il y a des charges à payer.

ARTICLE

I.

Le Gouvernement Ecclefiaftique du Lyon

nois.

QPhotin, Difciple de faint Jean l'Evangelifte, qui

Uoiqu'on croye communément que c'eft faint

porta l'Evangile à Lyon, & qui en fut le premier Evêque, cependant faint Irenée eft réputé pour le premier, & M. de Villeroi qui l'eft aujourd'hui, eft le cent vingt-cinquième.

Pour avoir une idée jufte du Gouvernement Ecclefiaftique de ces trois petites Provinces, il faut diftinguer trois chofes dans l'Archevêché de Lyon, favoir la Primatie, l'Archevêché, & le Diocese.

La Primatie s'étend fur cinq Archevêchez, ou Provinces Ecclefiaftiques. 10. Sur l'Archevêché de Lyon, ou premiere Lyonnoife; 20. Sur celui de Rouen, eu feconde Lyonnoife; 30. Sur celui de Tours

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ou troifième Lyonnoife; 40. Sur l'Archevêché de Sens, ou quatrième Lyonnoife; & enfin fur l'Archevêché de Paris, qui depuis fon érection fait la cinquième Lyonnoife. Le droit de cette Primatie confifte dans le pouvoir de juger des caufes, pour lefquelles on appelle des Sentences de ces Métropolitains & de leurs fuffragans. La Primatie de Lyon eft la feule dans le Royaume qui foit aujourd'hui en poffeffion de cet ancien droit. Les autres, comme celles de Bourges, Bordeaux, &c. ne font prefque plus que des titres.

La Jurifdiction Archiepifcopale & Métropolitai ne s'exerce fur les Evêques fuffragans, qui font ceux d'Autun, de Langres, de Châlon fur Saône, & de Mâcon.

Le Diocese comprend un grand nombre de Paroiffes, d'Abbayes, & de Chapitres.

Voici les Abbayes de ce Diocese.

Ainai eft uue ancienne Abbaye au confluent du Rhône & de la Saône, dans l'endroit où étoit autrefois l'autel de Minerve. Sa fondation eft plus ancienue que Brunehaut; mais comme elle avoit été détruite, cette Princeffe la fit rétablir vers l'an 612. elle en eft regardée comme la fondatrice. Cette Abbaye qui eft de la Congrégation de Clugny, fut fecularifée en 1684. & raporte à l'Abbé environ seize mille livres de revenu.

L'Ifle-Barbe est une Abbaye du même Ordre que la précédente, qui a pris fon nom de fa fituation dans une petite Ifle de la Saône, à demi-lieue de Lyon. Elle fut d'abord une retraite pour les Chrétiens, qui fuyoient la perfécution de l'Empereur Severe. Longin Gentilhomme du païs bâtit un Monaftere à la pointe feptentrionale de cette lfle, vers l'an deux cens quarante. Ce Monaftere fubfifta jufqu'à ce qu'il fut entierement ruïné par les Wifigoths. L'Empereur Charlemagne en fit bâtir un nouveau, & y affembla quatre-vingt-dix Religieux, qu'il avoit fait venir du Montcaffin, & des plus fameux MoM 7 nafte

nafteres de fon Royaume. Cette Abbaye fut fecu larifée en 1549. Elle vaut à fon Abbé environ quatre ou cinq mille livres.

Savigny eft du même Ordre; l'on croit qu'el'e fut fondée vers l'an 817. Elle vaut à l'Abbé environ quatre ou cinq mille livres par an.

Joug-Dieu eft du même Ordre & en Beaujolois, près de Villefranche. Elle a été fondée l'an 1137. par Guichard, de Beaujeu, & vaut environ mille cinq cens livres.

Ambronai en Bugey fut fondée par Bernard Archevêque de Vienne l'an 800. Elle dépend immédiatement du faint Siege, & vaut à l'Abbé huit mille livres.

Saint-Rambert de Joux eft dans le Bugey, & vaut par an à l'Abbé environ deux mille livres de

revenu.

Saint-Oyan de Joux, aujourd'hui Saint-Claude, eft en Franche-Comté, & une des plus illuftres Abbayes de France. Elle a été bâtie par faint Oyan qui mourut l'an 521. & porta le nom de ce Saint jufqu'après la mort de S. Claude, fon douzième Abbé, arrivée l'an 690. qu'elle prit enfin le nom de S. Claude, Cette Abbaye eft Chef-d'Ordre, & releve immédiatement du faint Siege. Les Religieux vivent chacun en leur particulier, & ont leur revenu feparé. Ils font au nombre de vingt-quatre & ils font obligez de prouver leur nobleffe jufqu'au trifayeul inclufivement, tant du côté paternel que maternel. Leur habit eft celui d'un Prêtre, hormis une espece de cordon où pend devant eux une Croix d'or de la longueur du doigt, fur laquelle eft l'effigie de faint Claude. L'Abbé a le droit d'annoblir fes vaffaux & habitans de fes terres, de leur accorder des Lettres de légitimation, de grace, de remiffion &c. à la charge du reffort & fouveraineté envers le Roi, & fon Parlement de Bezançon. Cette illuftre Abbaye vaut par an à l'Abbé environ trente mille livres de revenu.

Saint-Pierre de Lyon eft une Abbaye de filles, qui eft auffi de l'Ordre de faint Benoît. Elle fut fondée dans le cinquième fiecle, & rétablie du tems de Charlemagne par Leidrade Archevêque de Lyon. La Chaffaigne eft de l'Ordre de Câteaux, & dans la Breffe. Elle fut fondée par Eftienne, Seigneur de Villars, l'an 1170.

Val-Benoiste eft dans le Forez auprès de SaintEftienne, & a été fondée le fept des Ides de Septembre de l'an 1184. Elle eft de l'Ordre de Cîteaux, & de la filiation de Bonnevaux.

La Beniffon-Dieu eft auffi de l'Ordre de Cîteaux, fondée en 1138. Autrefois elle étoit occupée par des Religieux, mais elle l'eft aujourd'hui par des Religieufes.

Bonlieu en Forez eft du même Ordre, & occupée par des filles.

Lieu-notre-Dame eft une Abbaye de filles, qui eft auffi du même Ordre.

Belleville fur Saône, & non pas fur l'Ardiere, comme le dit Corneille, eft une Abbaye de Chanoines réguliers de l'Ordre de S. Auguftin, qui fut fondée par Humbert, Seigneur de Beaujeu, l'an 1160.

Les Chapitres de ces Provinces font celui de SaintJean de Lyon. Anciennement il étoit compofé de foixante & douze Chanoines, mais en 1321. il fut réduit à trente-deux, favoir huit Dignitez, un premier Chanoine, Maître du Choeur, & vingttrois autres Chanoines. Les Dignitez font celles de Doyen, d'Archidiacre, de Précenteur, de Chantre, de Camerier, de Sacriftain, de grand Cuftode, & de Prévôt. Les Dignitez de Cuftode & de Sacriftain font à la collation de l'Archevêque, & toutes les autres font à celle du Chapitre. Outre ces trente-deux Comtes, il y a encore quatre Cuftodes, fept Chevaliers, un Théologal, vingt Perpetuels, plus de trente Habituez, & vingt-quatre Enfans de Chœur.

Les

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