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Lyon les mêmes marchandifes que les Suiffes, fans compter les étoffes d'or & d'argent, & beaucoup de dorures dont les Allemans ont befoin, & dont les Suiffes favent fe paffer. Ce que les Allemans prennent à Lyon, monte à plus de quinze cens mille livres par an, & nous en retirons le quart ou environ, en étain, en cuivre, en fer blanc, & le refte en argent. Ce qu'il y a de fâcheux dans ce commerce, c'est que les François vendent prefque toujours à credit, & les Allemans toujours.comptant; ce qui fait qu'au coinmencement des guerres que ces deux Nations fe font, les François fe trouvent dans de très-grandes avances, & ont beaucoup à perdre.

Lyon a peu de commerce avec la Hollande; cependant les Marchands y envoyent pour environ cinq cens mille livres par an, en taffetas noir, en étoffes de foyes d'or & d'argent. On tire de la Hollande deux fois plus de marchandifes qu'on n'y en envoye; ce font des draps noirs & d'écarlate, du fil, des toiles fines & des Indes, & des épiceries. Lyon retire de tout cela un très petit avantage; le feul que cette Ville y trouve, eft la négociation des Lettres de change à Amfterdam; car les Lyonnois reçoivent fouvent des païs étrangers, & même des Provinces de ce Royaume, des Lettres de change en payement fur Amfterdam.

Les Marchands de Lyon envoyent en Angleterre pour deux ou trois millions de marchan difes, & ils n'en retirent pas pour le quart, par conféquent les retours fe font en argent pour le furplus. Les marchandifes qui viennent d'Angleterre font des draps fins, des ferges, des bas, du plomb, de l'étain, de la mercerie, des épiceries, des drogues pour la teinture, comme noix de galle, bois de campêche, & quelquefois des foyes du Levant; mais ce n'eft que quand elles ont manqué à Marseille, & qu'on a une permiffion pour cela, à caufe du droit de vingt pour cent accordé à cette Ville.

Les

Les Marchands de Lyon font encore un commerce fort confiderable avec les autres Provinces du Royaume. Ils reçoivent par exemple une bonne partie des huiles, & des fruits fecs de Provence, des draps, des vins, & des eaux de vie de Languedoc, des faffrans de Guyenne, de petites étoffes de Champagne, des toiles de Picardie, du Maine, de Normandie, & de Bretagne des bleds de Bourgogne, &c.

Il n'y a point d'Univerfité dans les trois Provinces que je décris ici; il n'y a que quelques Colléges, où les Jefuites & les Peres de l'Oratoire enfeignent. L'amour des Lettres a donné lieu à l'établissement d'une Academie de beaux efprits à Villefranche en Beaujolois, établie en 1679. Depuis quelques années on en a établi une à Lyon.

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Le Gouvernement Militaire du Lyonnois.

Pour les trois petites Provinces, dont je donne ici

l'état, il n'y a qu'un Gouverneur général, un Lieutenant général, & deux Lieutenans de Roi. Les Charges de ces deux derniers ont été créées en 1692. & ont chacune leur département. Un de ceux qui en font revêtus, eft Lieutenant de Roi du Lyonnois & du Beaujolois, & l'autre l'eft du Forez.

Lyon eft à proprement parler, la feule Place fortifiée qu'il y ait dans ce Gouvernement. Cette Ville étant frontiere avant l'acquifition de la Breffe, on y éleva une Citadelle fous le regne de Charles IX. laquelle fut détruite fous celui d'Henri III. On voit aujourd'hui à Lyon trois Forts, qui font le Château de Pierre en Scize; le Boulevard de Saint-Jean, & le Fort de Saint Clair.

Le Château de Pierre en Scize étoit autrefois la demeure des Archevêques de Lyon; mais comme il étoit un peu trop éloigné de la Cathédrale, ils en N 2

firent

firent bâtir, un autre auprès de cette Eglife & celui de Pierre en Scize fut fort negligé Louis XIII. ayant trouvé à propos d'y mettre Garnison, Dom Alphonfe du Pleffis Richelieu, Archevêque de Lyon & Cardinal, en ceda la propriété au Roi, moyennant la fomme de cent mille livres, qui fut employée à l'embelliffement du nouveau Palais Archiepifcopal. Il y a un Capitaine entretenu dans ce . Château, une Compagnie de trente hommes d'Infanterie, un Lieutenant, & un Sergent.

Le Roi a un Arfenal dans Lyon, qui eft commode pour l'embarquement des munitions fur le Rhône & fur la Saône; mais d'ailleurs les magafins n'en font pas affez grands, & font trop expofez aux accidens des maifons voifines.

Melchior Mitte, Marquis de Saint-Chamond, Chevalier des Ordres du Roi &c. ayant obtenu de fa Majefté la permiffion de faire fortifier fon Château de Saint-Chamond, y fit faire cinq baftions, lefquels avec les courtines & les foffez font revêtus de pierres de taille.

De tout tems les Bourgeois de Lyon ont eu la garde de leur Ville, & l'ont encore pendant la nuit; mais durant le jour, pour n'être pas détournez de leur commerce & de leurs affaires, ils la font faire par une Compagnie franche de foixante hommes du Régiment Lyonnois.

Ceft en conféquence de ce droit de fe garder eux mêmes, que les Prévôt des Marchands & Echevins de Lyon gardoient les clefs de la Ville, même quoique le Gouverneur y fût; & lorfque pour le bien du Service, le Roi jugeoit à propos que les clefs fuffent entre les mains du Gouverneur, il en étoit expedié un Brevet pour un tems, & avec claufe fans tirer à confequence; mais depuis environ foixante & dix ans, c'eft chez le Gouverneur que les clefs font portées, & ce n'eft qu'en fon abfence que le Prévôt des Marchands & les Echevins en font les Maîtres.

Comme

Comme la Ville eft divifée en trente-cinq quartiers qu'on appelle Penonages, & les Officiers Penons, chaque quartier eft chargé de la garde pendant une nuit. Elle confifte à occuper deux corps de garde depuis neuf à dix heures du foir, jufqu'à deux heures après minuit. L'un de ces corps de garde eft en deçà de la Saône, & l'autre au-delà. Les Officiers y vont avec cinquante Bourgeois, & rarement font-ils la tonde dans quelques rues aux environs.

Outre cette Garde qui fut établie en 1507. il y a auffi à Lyon un Chevalier du Guet, qui commande une Compagnie de cinquante hommes, pris la plupart parmi les artifans, qui au moyen du Guet font exempts de la garde. Le Chevalier du Guet eft nommé par le Corps de Ville, & pourvû par

le Roi.

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Il y a auffi un Major ou Sergent Major, qui eft pourvû par le Roi; il a des appointemens de fa Majefté & de la Ville. Sa fonction eft de prendre tous les foirs le mot du Gouverneur, & de le donner à la Garde.

On compte dans ce Gouvernement quatre Prévôts des Maréchaux, dont celui de Lyon a le titre de Prévôt général. Les autres font ceux de Montbrison, de Saint- Eftienne, de Rouane. Le Lieutenant Criminel de robe courte de Lyon a auffi une Compagnie d'Archers.

Le Duché de Rouanez eft le feul qu'il y ait dans ce Gouvernement. Il fut érigé en faveur de Claude Gouffier, Marquis de Boiffy, par Lettres Patentes du mois de Novembre de l'an 1566. regiftrées au Parlement de Paris le quatorze de Janvier de l'année fuivante. François d'Aubuffon de la Feuillade ayant épousé l'heritiere de cette branche, obtint en 1666. de nouvelles Lettres du Roi pour conferver le Duché, lefquelles furent enregistrées au Parlement de Paris le trente d'Août de la même année. Il y a eu depuis des Lettres de Pairie pour

ce Duché, qui ont été verifiées & enregistrées au Parlement de Paris en 1716. en faveur de Louïs d'Aubuffon Duc de Rouanez, appellé le Duc de la Feuillade.

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Defcription des Villes && des Lieux les plus remarquables du Gauvernement Lyonnois,

J'Ai

'Ai averti au commencement de ce Chapitre, que le Gouvernement du Lyonnois étoit aujourd'hui compofé de trois petites Provinces, qui font le Lyonnois particulier, le Forez, & le Beaujolois.

§. I. Le Lyonnois, ainfi que je l'ai dit, a environ douze lieues de long fur fept de large, & on y remarque les Villes de Lyon, de Tarare, de la Breffe, de Saint-Chamond, de Condrieu, & d'Ance.

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L YO N.

Ette Ville eft appellée par les Latins Lugodu-num, Lugudunum, Lucdunum, Lygdunum, Lugdunum Segufianorum. Polybe & Tite-Live donnent le nom d'Ile au païs qui eft enfermé entre le Rhône, la Saône, & les Alpes, & dont la figure triangulaire le fait reffembler au Delta d'Egypte, avec néanmoins cette difference que là c'eft la mer qui fait la bafe du triangle, & qu'ici ce font les montagnes. C'eft dans ce païs, au confluent du Rhône & de la Saône, que Plancus établit une Colonie Romaine, & y batit la Ville appellée Lugdunum. Un autre Hiftorien* nous apprend les circonftances de cette fondation. Il dit que le Sénat donna ordre à Lepidus & à Plancus de fonder une Colonie des habitans de Vienne, Ville de la Gaule Narbonoise, qui avoient été chauffez par les

* Dion.

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