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ÉMILE MÂLE

50 fr.

L'ART RELIGIEUX DU XII SIÈCLE EN FRANCE. Étude sur les origines de l'iconographie du moyen áge.
Un vol. in-4° carré de IV-460 pages, 253 gravures (Librairie Armand Colin, 1922), broché
Relié demi-chagrin, tête dorée, 85 fr.

L'ART RELIGIEUX DU XIII SIÈCLE EN FRANCE. Étude sur l'iconographie du moyen âge et sur ses sources d'inspiration. -5° édition, revue et corrigée. - Un volume in-4° carré de x-424 pages, 190 gravures (Librairie Armand Colin, 1923), broché.

Relié demi-chagrin, tête dorée, 85 fr.

50 fr.

Ouvrage couronné par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, prix Fould, et par l'Académie française, grand prix Broquette-Gonin.

Le même ouvrage, traduit en allemand par L. ZUCKERMANDEL (Heitz et Mändel, Strasbourg, 1907). Le même ouvrage, traduit en anglais par DORA NUSSEY (Dent and Sons, Londres. et Dutton, New York, 1913).

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L'ART RELIGIEUX DE LA FIN DU MOYEN AGE EN FRANCE. Étude sur l'iconographie du moyen áge et sur ses sources d'inspiration. 2o édition, revue et augmentée. Un volume in-4° carré de XII512 pages, 265 gravures (Librairie Armand Colin, 1922), broché Relié demi-chagrin, tête dorée, 85 fr.

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50 fr.

Ouvrage couronné par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1 grand prix Gobert, et par l'Académie française, grand prix Broquette-Gonin. L'ART ALLEMAND ET L'ART FRANÇAIS DU MOYEN AGE. Nouvelle édition. Collection Ivoire (Librairie Armand Colin, 1922), broché ..

Un volume in-16, de la 15 fr.

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Published december 5th nineteen hundred and twenty-two.
Privilege of copyright in the United States reserved,
under the Act approved March 3, 1905,

by Max Leclerc and H. Bourrelier, proprietors of Librairie Armand Colin.

Champion 12-20-23

112827

PRÉFACE

C'est par ce volume que j'aurais dù commencer cette histoire de l'art religieux du moyen âge. Par bonheur, il y a trente ans, quand j'abordai ces études avec l'enthousiasme de la jeunesse, je n'eus pas l'idée de l'écrire. Un instinct m'entraîna vers le xш° siècle, où tout est ordre et lumière. Si j'avais voulu remonter plus haut, m'aventurer dans les ténèbres des origines, je me serais infailliblement égaré. On croyait alors que l'art chrétien était né à Rome, et à peine commençait-on à entrevoir le rôle de l'Orient. Mais, peu à peu, la connaissance plus approfondie de l'art byzantin, l'étude des plus anciens manuscrits illustrés, l'analyse des ivoires des premiers siècles, l'exploration de l'Égypte chrétienne, la découverte des fresques de la Cappadoce firent comprendre que l'art chrétien ne devait rien au génie romain, mais qu'il était la double création du génie grec et de l'imagination syrienne. Les fouilles que la France commence à entreprendre dans le Levant confirmeront bientôt, j'en suis convaincu, ces conclusions qui me semblent, dès maintenant, certaines.

Née en Orient, l'iconographie chrétienne nous est arrivée toute faite. Ce ne sont pas nos artistes qui, méditant sur le texte sacré, ont conçu les scènes de l'Évangile : ils les ont reçues d'un monde lointain. L'historien de l'art qui s'enfermerait dans la France du XII° siècle se condamnerait à ne rien comprendre aux œuvres qu'il voudrait expliquer. Il doit sans cesse remonter aux origines, chercher en Égypte, en Syrie, en Cappadoce, les modèles dont il n'a souvent dans nos églises que la copie. Voilà ce qu'on ne soupçonnait guère il y a trente ans.

C'est par les manuscrits enluminés que s'est perpétuée longtemps cette antique

iconographie; mais un jour vint où la sculpture s'en empara et y fit entrer une vie nouvelle. Ce livre commence précisément avec les débuts de notre sculpture.

La sculpture monumentale est née, suivant toutes les vraisemblances, vers la fin du xi siècle, dans le Sud-Ouest de la France. Les abbayes clunisiennes de ces régions en furent probablement le berceau Moissac et la Daurade de Toulouse, où nous croyons surprendre le grand art à ses origines, étaient deux prieurés de Cluny.

C'est, en tout cas, surtout par les prieurés clunisiens que se propagea la sculpture. Où retrouvons-nous, en effet, l'art de Moissac? A Beaulieu, à Carennac, à Souillac, trois prieurés de Cluny. Quelle est la plus magnifique façade sculptée du Midi? Celle de Saint-Gilles ; or, Saint-Gilles releva de Cluny dès le temps de l'abbé saint Hugues. Où est le plus ancien centre artistique du haut Languedoc ? A SaintPons-de-Thomières, un des premiers monastères méridionaux qui aient été affiliés à Cluny. Sans cesse le voyageur qui parcourt la France, à la recherche de l'art du x1° siècle, retrouve Cluny. En Auvergne, les plus beaux chapiteaux historiés sont ceux de Mozat; or Mozat fut rattaché à Cluny dès 1095. Dans l'Ouest, Saint-Eutrope de Saintes, dont la façade, aujourd'hui détruite, semble avoir été un des prototypes de l'art saintongeais, était une église clunisienne. En Bourgogne, et dans les provinces voisines, quelques-uns des plus remarquables monuments de la sculpture se voient ou se voyaient dans les prieurés clunisiens Vézelay, Charlieu, Nantua, Vizille, Souvigny, Saint-Sauveur de Nevers, Saint-Benoît-sur-Loire. L'église mère de Cluny, si nous en jugeons par les quelques chapiteaux qui subsistent, l'emportait par la beauté de la décoration sur presque toutes les églises du xn° siècle. Hsemble évident que les moines de Cluny ont été les vrais propagateurs de la sculpture, et nous sentons que les évêques n'ont fait que suivre leur exemple. Si les cathédrales d'Autun, d'Arles, de Cahors, d'Angoulême furent décorées aussi magnifiquement que des églises monastiques, c'est qu'elles s'élevaient dans des régions où les prieurés clunisiens avaient déjà fait pénétrer la sculp

ture.

Dans la France du Nord, c'est à l'abbaye de Saint-Denis qu'apparut pour la première fois, au temps de Suger, la sculpture monumentale; c'est de là qu'elle rayonna, Saint-Denis, il est vrai, ne relevait pas de Cluny, mais nous verrons justement l'abbé Suger appeler les sculpteurs méridionaux qui venaient de décorer les prieurés clunisiens de Moissac, Beaulieu, Souillac, Carennac. Partout nous retrouvons Cluny.

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