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ces fentimens que fe font nourris, dès leur tendre jeuneffe, comme ils peuvent fe rappeller, tous ceux qui fe laiffent aujourd'hui tourner à tout vent. On a conftamment dit, d'après l'Evangile, que les brebis ont été confiées à Pierre, & non pas Pierre à fos brebis. «<

» La doctrine des Conciles écuméniques a toujours été la même que celle des faints Peres. Les Peres de Chalcédoine écouterent docilement la voix de Pierre parlant par la bouche du Pape Léon, & furent perfuadés que ce n'étoit point d'un Evêque quelconque, mais de Léon, que leurs actes devoient recevoir la fanction. Au huitieme concile général, dans la premiere feffion ont lu & approuva un écrit ou formule, où, après l'expofition des prérogatives de l'autorité pontificale, il étoit prefcrit de ne point faire mention pendant les faints myfleres, des noms de ceux qui feroient détachés de la Communion de l'Eglife Catholique, c'est-àdire, de ceux qui s'éloigneroient du Siége Apoftolique. De plus, comme il s'agiffoit encore de porter des décifions fur certaines difpenfes, qui paroiffoient néceffaires au bien-être de l'Eglife, les Peres n'ont pas cru pouvoir de leur chef accorder ces difpenfes, mais ils ont trouvé à propos d'avoir à ce fujet recours à l'autorité pontificale, par la médiation du Patriarche Ignace: ce qui fait voir qu'ils ont reconnu que le pouvoir de modifier les Décrets, réfidoit auprès du faintSiege, & non pas chez les Patriarches. «<

» Le grand Concile de Latran, le quatrieme de ce nom, C. 5, enfeigne que c'eft de Dieu même que l'Eglife Romaine tient la principauté entre toutes les autres, auxquelles il ne compete qu'une puiffance ordinaire, puifqu'elle eft la mere & la maîtreffe de tous les Fideles Chrétiens. «

» Le deuxieme Concile de Lyon a publié la profeffion de foi des Grecs, où ils déclarent reconnoître que l'Eglife Romaine a reçu de Dieu même dans la perfonne de St. Pierre, Prince ou Chef des Apôtres,

Primauté & Principauté fur toute l'Eglife Catholique, avec la plénitude de la puiffance. Le Concile de Florence, poftérieur au Concile ci-deffus nommé, établit folemnellement cette Primauté comme un dogme de la Foi Catholique. «<<

Les Peres du Concile de Trente, infpirés par le même efprit divin, ont défini que le Souverain Pontife, en vertu du pouvoir fuprême, qu'il eft en droit d'exercer dans l'Eglife univerfelle, pouvoit réferver à fon jugement particulier la connoiffance de certains crimes graves. Et perfonne ne pourra contefter (à moins qu'on ne veuille impudemment mettre les fupercheries de l'ignorance humaine au-deffus de la Sageffe célefte qui a préfidé aux Conciles) que ce pouvoir, qui s'étend fur toutes les autres Eglifes, & à qui appartiennent d'autres droits femblables, que l'Auteur du Libelle s'efforce en vain de leur difputer, ne vient point de dehors, & n'eft point transféré des Pasteurs inférieurs aux Souverains Pontifes, mais eft inaliénable & inféparable de la Primauté. «

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» Eybel réclame le Concile de Conftance; mais il devoit fe rappeller que ce même Concile a condamné les erreurs de Wiclef & de Jean Hus, dont le premier avoit ofé avancer qu'il n'étoit point néceffaire au falut de croire que l'Eglife Romaine fut fupérieure à toutes les autres Eglifes, ni que Pape fut le premier & immédiat Vicaire de J. C.; & le fecond avoit prétendu que Pierre n'efi, ni n'a été le Chef de l'Eglife Catholique. C'eft pour oppofer la vraie croyance à ces erreurs, que Martin V prefcrivit qu'on interrogeât ceux qui feroient fufpects dans cette matiere, s'ils croient que Saint Pierre a été le Vicaire de J. C., ayant la puiffance de lier & de délier fur la terre; item, que le Pape canoniquement élu eft le Succeffeur de S. Pierre avec l'autorité fuprême dans l'Eglife de Dieu; item, que le Pape, peut accorder des indulgences à tous les Chrétiens & que les Evêques n'ont ce pou→

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voir qu'autant que les faints Canons leur permettent de l'exercer à l'égard de leurs Sujets. Ceci confond pleinement l'erreur du Libellifte, qui a audacieusement avancé que chaque Evêque avoit le même pouvoir que le Pape d'accorder des indulgences. Pour tous ceux qui examineront attentivement & avec un efprit calme & jufte les témoignages des Peres & des. Conciles que nous venons de rapporter, c'est une chofe évidente que ces témoignages déterminent une autorité bien fupérieure à celle qu'on fe plaît à définir un droit de fimple direction, ou un droit d'exhorter, de remontrer & de fuppléer. «<

» Les Peres mêmes du Concile de Bafle, qu'on n'accufera pas d'avoir flatté les Papes, dans leurs réponfes à l'Evêque de Tarente, déclarent hautement » Qu'ils confeffent & croient que le Pontife Romain

eft le Chef & le Prince de l'Eglife, le Vicaire de » Jesus-Christ, établi par Jesus-Chrift lui-même, & » non par les hommes ni par les Conciles, Pasteur » des Chrétiens, à qui Dieu a confié les clefs, à » qui feul il a été dit: Tu es Pierre, & qui feul a » été appellé à la plénitude de la puiffance, les au»tres Pafteurs n'étant chargés que d'une partie du » foin de l'Eglife «. L'Auteur du Libelle devroit donc être pénétré de honte, vu l'audace impuiffante avec laquelle il entreprend de contefter cette plénitude de la puiffance que les Peres du Concile de Bafle mettent au nombre des 'points de doctrine, affez connus & manifeftes, pour qu'on puiffe fe difpenfer de les expofer. Et fi l'on veut une preuve de ce que nous avons avancé ci-deffus, d'après S. Augustin, favoir, que la primauté de la chaire apoftolique, a toujours réfidé dans le Siege de Rome, & que cette primauté de l'Apoftolat étoit fupérieure à l'Epifcopat il fuffira de faire entr'autres cette réflexion importante que le Succeffeur de Pierre, par-là même qu'il fuccede à Pierre, eft chargé de droit divin du foin de tout le troupeau de Jefus-Chrift, en forte que le gouvernement univerfel eft remis entre fes

mains avec l'Epifcopat: qu'au contraire les autres Evêques font mis à la tête chacun d'une portion particuliere du troupeau, qui leur eft affignée non de droit divin, mais de droit Eccléfiaftique, non par la bouche de Jefus-Chrift, mais par les Loix de la hiérarchie, pour qu'ils puiffent la gouverner par l'autorité ordinaire. Que fi l'on vouloit révoquer en doute que le droit d'affigner ces gouvernemens particuliers appartient au Pontife Romain, il faudra difputer à tous les Evêques du monde la légitimité de leur fucceffion, puifqu'ils gouvernent des Eglifes fondées par la feule autorité apoftolique, ou détachées l'une de l'autre, ou enfin réunies l'une à l'autre par cette même autorité, & que c'eft par la miffion du Pontife Romain qu'ils exercent ce gouvernement (1); de

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(1) Toutes les Eglifes de l'Europe & de tout l'univers (fi on excepte les Provinces affervies aujourd'hui par les Turcs, où il y a peu d'Evêques Catholiques) ne font que des fondations & des efpeces de colonies de l'Eglife Romaine; c'eft delà que font venus, foit immédiatement, foit médiatement, les Miniftres de la parole qui ont porté la lumiere de l'Evangile à nos aïeux, qui ont fondé nos Eglifes, qui ont été nos premiers Evêques. Et les Succeffeurs de ces mêmes Evêques veulent après 6, 10 ou 16 fiecles, affervir la MereEglife & le Pontife, à qui ils doivent leur foi & leur facerdoce, leur existence chrétienne & épifcopale ? C'est bien-là le monde renversé ; c'eft bien le cas de cette tendre plainte confignée dans les faintes Lettres: Filios enutrivi & exaltavi, ipfi autem fpreverunt me.... (Ifaï. 1. 2.) Un Auteur, qui dans fes embarras a toujours de fingulieres reffources, fuppofe que la ville de Rome peut être renversée par un tremblement de terre, & qu'alors l'Eglife fixera ailleurs le premier fiege; mais fa phyfique vaut ici mieux que fa logique. Car le cas fuppofé, la fucceffion des Evêques de Rome fub-fifteroit toujours, comme l'Eglife a confervé la fucceffion de plufieurs Evêques dont les fieges font tombés au pouvoir des Infideles ou des Hérétiques: comme les Papes ne perdoient rien de leurs prérogatives lorfqu'ils réfidoient à Avignon ; & quoique l'exercice de l'autorité épifcopale à Rome, fuppofe cette

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forte que ce feroit non-feulement porter le trouble dans toute l'Eglife mais encore donner atteinte à l'Epifcopat même, qne de toucher à l'ensemble admirable de la Puiffance Eccléfiaftique, dont Dieu a voulu que la chaire de Pierre fût le centre de façon que felon les fentimens de Léon-le-Grand » c'eft proprement Pierre, & principalement Jefus» Chrift, qui gouverne tous les membres de l'Eglife : » & fi Jefus-Chrift a voulu rendre certaines chofes » communes à Pierre & aux autres prépofés, il a » toujours accordé par Pierre tout ce qui a été donné » aux autres (1) «.

Ville réellement exiftente; la primatie du Pape, la dignité du Vicaire de Jefus-Chrift, & la fuprême autorité dans l'Eglife, ne font bornées à aucun lieu pour l'ufage de leurs droits, & ne font attachées à l'Evêché de Rome que par voie de fucceffion. Pierre-le-Vénérable applique ingénieufement à la réfidence papale, ce vers de Lucain.

Illic Roma fuit.

Vejos habitante Camillo,

On peut voir fur cette matiere une petite, mais favante & élégante differtation: Epiftola Sillafipi a Lapide, in caufâ, an fummus Pontificatus a Romana Ecclefiâ avelli & aliò transferri poffit? Auguftoduni 1782. L'Auteur réfute d'une maniere péremptoire, un petit brochuraire & un maffif compilateur qui rendoient le premier Siege de l'Eglife dépendant du caprice des hommes & du choc des événemens.... Du refte ce même compilateur toujours inconféquent & contradictoire à lui-même, oubliant ou rejettant ce qu'il a dit, d'un moment à l'autre, a établi l'immobilité du Siege de Rome fur une observation qui feule fuffit pour détruire toutes les erreurs du Liber fingularis.,, Quod autem is, qui Ecclefia ,, totius caput erat, in urbem totius orbis dominam perve,, nerit, ibique fedem fixerit fuam, fingulari divinæ providentiæ confilio factum videtur; ut fcilicet ipfe ejufque fucceffores inde quafi ex fublimi' loco excubias agere, & *muneris fui partes commodiùs implere poffent. J. Febronius, Lib. fing. tom. 1, p. 102.

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(1) Les mots bruyans de Succeffeur des

Apôtres, plénitude

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