de Brou, a dû faire des emprunts de toutes parts, & ce Corps eftimable, qui avoit toujours joui dans la Flandre du crédit le plus brillant, a vu ce crédit balancer & prêt à s'évanouir devant les funeftes opérations, dont on le rendoit victime. Il a eu le défagrement de fe voir engagé dans différentes pourfuites forcées & peu honorables pour fon Adminiftration lefquelles étoient toutes le réfultat des ouvrages dirigés par ces Etrangers.

Pendant, qu'en délapidant d'une façon' auffi odicufe les deniers publics, le Colonel de Brou & fes Suppôts excitoient la défiance & l'indignation des habitans du Pays, il vint à émaner une interdiction, follicitée vraisemblablement par eux, qui portoit défense aux différens Corps d'Adminiftration de faire aucune dépenfe aux ouvrages publics, qui pût excéder la fomme de f. 200.

Cette interdiction favorifa de plus en plus leurs manœuvres, en leur facilitant les moyens de multiplier à leur gré leurs vacations.

Mais elle affecta vivement toutes les Administrations, dont on fembloit méprifer les capacités & les lumieres tandis qu'elles avoient toujours joui de toute la confiance du Public, & que dans le tems qu'elles avoient la furveillance de leurs ouvrages, elles les avoient conftamment dirigés avec une intelligence & une économie, à laquelle le Colonel de Brou & Confors n'ont jamais pu atteindre.

Les Adminiftrations firent entendre leurs plaintes, mais fans fuccès, les Décrets qu'elles recevoient en réponse, paroiffoient rédigés par les gens mêmes dont elles avoient à fe plaindre.

Quoiqu'il foit notoire que la furveillance & la direction des ouvrages publics foient comprifes entre autres parmi les fonctions des Membres d'une Adminiftration, & que par conféquent, un pareil Membre par état peut non-feulement, mais doit même fe connoître en ces fortes d'ouvtages, on fe plaifoit à répéter dans ce Décret, que par état les Membres

il eft connu que dans ce Pays les chauffées fe détériorent principalement en hiver. Ileft donc évident que la durée de cette faifon ni la fréquence des dégels ne pouvant fe prévoir au mois de Septembre, il foit d'une abfurdité manifefte d'exiger alors des états eftimatifs des réparations, qui fe trouveront à faire au printems fuivant.

Nous ne finirions pas, fi nous nous attachions à énumérer toutes leurs bevues, toutes leurs déprédations. Nous n'en avons peut-être pas rapporté la dixieme partie. Leur total feroit un objet de plufieurs millions. Et voilà l'efpece de gens, qui s'eft fait fubftituer aux Adminiftrateurs d'autrefois, auffi fages qu'économes, qui s'eft arbitrairement emparée de toutes leurs fonctions, qui eft parvenue non-feulement à leur faire défendre toute dépenfe concernant les ouvrages publics, qui excéderoient f. 200, mais même toute dépenfe quelconque concernant les Eclufes & autres ouvrages hydrauliques: ce font eux encore qui depuis quatre ans, au mépris de nos Loix, de nos Ufages & de nos Conftitutions, ont exercé chez nous un pouvoir inconnu jufqu'alors. Le Colonel de Brou a même de fon autorité privée, fait traîner des Citoyens en prison.

No.

4.

TABLEAU des Paiemens faits à Sa Majefté, par le Tréforier-Général, C. CARPENTIER, fuivant les ordonnances de Meffieurs les Députés des Etats de la Province de Flandre, depuis le premier de Novembre 1755, jufqu'au dernier du Mois d'Octobre 1786, favoir:

Majesté.

1

les

* Le tout fans compter une garantie qui a été donnée par Etats d'après un résultat Provincial pour une fomme de deux Millions de Florins, levée par Sa Majesté feue l'Impératrice Reine en 1758, par, forme de Loterie à Rentes.

REMERCIMENT du Corps Noble de Gand, aux Etats de Flandre.

MESSEIGNEURS,

Si le fpectacle d'un grand homme aux prises avec

I

F'infortune eft digne d'un Dieu, que dirons-nous de celui d'une Nation courageufe & fiere, qui avec les feules armes de la juftice & de la raifon triomphe des efforts du pouvoir arbitraire? Ce fpectacle augufte nous étoit réservé; nous en jouiffons en ce jour, & c'est à votre vertu, Messeigneurs, que nous le devons; heureux de vivre, puifque nous vivons avec vous; déja la Patrie renaiffante ofe lever un front radieux; les mânes de ces héros qui cimenterent de leur fang la liberté publique, attachent fur nous des regards approbateurs, & femblent fe dire: Nous ne fommes pas morts tout entier ! Oui, Melfeigneurs, il eft encore une Patrie pour nous, ce nom fi doux, il eft encore permis de le prononcer; efclaves, il y a peu de jours, votre zele immortel a brifé nos fers, & nous a rendu tous les Droits de l'homme & du citoyen.

Nous ne retraçons pas à vos yeux le déplorable tableau de la Conftitution arrachée de fes fondemens antiques, de nos Loix fondamentales détruites & foulées aux pieds; nous ne vous parlons pas de cette exécrable Magiftrature qui, reftreinte en apparence aux feules affaires d'Administration connoiffoit d'autres bornes que l'autorité fuprême ; pouvoir d'autant plus terrible, qu'il lui falloit obéir

ne