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vingt-fix ou vingt-fept pieds de hauteur. Le platfonds est travaillé de bois à pieces de rapport, qui forme des compartimens où For éclate auffi-bien qu'aux autres endroits.

Ainfi cet appartement est ouvert de tous coftez, excepté lors que l'on abat les rideaux qui font attachez au haut des colonnes, à l'égal du platfonds, en dehors. Ce que l'on fait d'un cofté & d'autre felon l'heure que l'on fçait que le Roy y doit venir, foit le matin, foit le foir; mais lors qu'ils les abattent, ils ne les laiffent pas pendre jufqu'en bas, comme on feroit parmy nous; mais ils les tirent avec leurs cordons vers les plus proches de ces grands arbres du jardin, au tronc defquels ils les attachent, en telle forte qu'à dix pieds haut de terre ils forment comme de larges parafols, qui empefchent les rayons du Soleil de donner dans

cet appartement, fans ofter à ceux qui s'y rencontrent ou affis ou debout, la veuë libre de tous coftez.

Les rideaux font de toile rou. ge en dehors, doublez par dedans de fines Indiennes peintes de couleurs tres-gayes. Les bandes dont les rideaux font renforcez, auffibien que tous les cordons, font de fleuret ou de groffe foye. Le corps de l'appartement eft divifé en trois parties, feparées feulement par de petits balluftres de menuiferie richement dorée. Les deux coftez font deux falles de

trente-fix pas de long, & feize de large chacune. Entre les deux falles fe voit un Talaar, comme nous dirions une grande eftrade relevée de quatre pieds plus haut que les falles, & qui a au milieu un baffin fort grand & fort profond de marbre blanc qui reçoit une eau tres-claire, & qui coule toûjours d'un tuyau de mefme

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marbre. Tout le lieu eft entiere-
ment doré, & l'or en eft fi épais,
qu'encore qu'il ait esté appliqué
il y a plus de cent ans,
il ne pa-

roift aujourd'huy rien de terni ni
d'écaillé en aucun endroit.

Il est appellé, comme nous avons déja dit, Talaar Tavieléh, qu'on peut traduire, le Sallon de Ecurie & on luy donne ce nom, à caufe qu'en de certains jours on tient là proche les chevaux de parade, comme nous venons de le dire; car Talaar fignifie proprement une Salle élevée en façon d'eftrade & Tavieléh fignifie écurie, ou tout autre lieu où l'on attache les chevaux.

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Voicy comment ce lieu fut or né pour le Couronnement du Roy; car le lendemain j'y entray. & j'eus le loifir de le confiderer tout à l'aife, & de remarquer la magnificence des meubles & de tout ce qui avoit fervi au Couronnement. Les deux Salles des K

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coftez eftoient couvertes de beaux tapis de foye, & tout le long de l'espace quantité de carreaux couverts de drap d'or & d'argent à fleurs. L'on voyoit parmy des crachoirs d'or maffif pofez deçà & delà. L'eftrade, ou le Talaar du milieu n'avoit que des tapis tres-riches tiffus d'or & de foye. Les carreaux d'alentour eftoient d'une certaine étoffe qui fe fait en Perfe, & qui s'appelle Machmeli-zer-baf, qui eft un velours d'or à fleurs & à feuillages; c'est à dire qu'avec la foye eft meflé l'or. Il y avoit de pareils crachoirs à ceux des autres falles, dont quelques-uns eftoient garnis de petits rubis & de petites turquoises.

En la place qui estoit destinée pour fa Majefté, fut posé un petit matelas de brocard d'argent rempli d'oüatte tres-fine, épais de quatre doigts, & long d'environ trois à quatre pieds. Sur ce

matelas on étendit une petite couverte auffi tres. fine & tres. mince, d'ouvrage des Indes piqué d'or, & d'un travail admirable. Cette petite couverture couvroit tout le matelas, & pendoit environ quatre doigts alentour empeschant ainsi qu'on ne le vift. Elle eftoit arreftée en bas aux par deux groffes pom

deux coins mes d'or maffif, couvertes de pierreries, qui eftoient accompagnées de deux crachoirs auffi richement travaillez. A l'autre extrémité on voyoit un carreau dont le deffous eftoit de drap d'or avec de petites fleurs rouges & des feuilles vertes: pour le deffus, je ne fçaurois dire quelle en eftoit l'étoffe, parce que je ne pûs en approcher affez pour le reconnoiftre, & qu'elle eftoit toute couverte de perles, de diamans, d'émeraudes, & d'autres pierreries qui rendoient un éclat merveilleux: ce qui empefchoit que

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