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phetes, & à leur place par les Roys qu'il a eftablis leurs fucceffeurs. Que les Roys font Zel-Alla, l'ombre de Dieu, qui eft ce que nous difons l'image de Dieu; mais c'est une expreffion que celle d'image, dont ils ont horreur comme d'une idolatric &un terme dont ils n'oferoient ufer, parce qu'ils croyent que de fuppofer que Dieu a quelque image, c'est fuppofer à mefme temps qu'il foit cor porel, ils ajoutent que comme nous fommes obligez de fervir Dieu & de luy obeir, non feulement par les lumieres que le Ciel nous a données à noftre naiffance, mais encore par la revelation que nous en avons euë de fes Prophetes, qui nous ont declaré fa volonté, nous fommes de la mefme forte & par la mefme revelation obligede fervir les Roys comme ef tans Valié ou Lieutenans fouverains de Dieu, Gaanit-Chin, feans en fa place fur la terre, & que nous devons nous foumettre à leurs comman. demens fans nous informer s'ils font

juftes, où non ; par cela mefme que ce font leurs commandemens, ny plus ny moins que nous nous foumettons aux Livres divins en tout, jufques aux chofes qui femblent choquer noftre lumiere & noftre raison, par où nous témoignons une obeisance aveugle, telle que Dieu l'exige des hommes, laquelle il met à l'épreuve en ces rencontres par des commandemens qui paroiffent iniques; cela pour la rendre plus agreable & de plus grand prix.

Le quatriéme & dernier point est, Doubaa Beray pad-chaé, Priere pour le Roy, qui contient quantité de fupplications pour la longue vie du prefent Monarque des Perfes, pour fa fanté, pour l'affermiffement de fon trône & l'augmentation de fes conqueftes ; que puisque cet augufte rejetton de la facrée race Imaamique,eft felon la vraye Loy le Lieutenant du Monarque de toute la terre & le legitime Seigneur du monde ; que fa domination se puisse étendre

de l'un à l'autre Pole ; que fa Majefté paroiffe toûjours éclattante de gloire comme un Soleil ; que fa parole ait une force contraignante ; que fes ennemis foient faits poudre à fes pieds ; que tous fes vœux & fes deffeins ayent leur effet ; & que tout cela s'accompliffe d'une plus glorieufe maniere que jamais en faveur du Roy Sefié. L'Orateur prononça ce nom d'un ton plus haut qu'il n'avoit fait le refte, afin que tout le monde l'entendift clairement.

Et il faut remarquer qu'il l'a. voit relevé exprés à la fin de fon Difcours, & que jusques-là dans toute la ceremonie ce nom n'a

voit point efté prononcé.

Au moment qu'on entendit prononcer Sefié, tous ceux de l'af femblée à l'envi firent retentir leurs acclamations par ce cri de joye ordinaire, Intch-alla, ainsi foit-il, Dieu le faffe. Ce que chacun repeta par cinq ou fix fois. Aprés quoy le Cheik-el-Iflaam, ou

l'Ancien de la Loy alla le premier fe mettre à genoux devant le Roy, & baiffant le front par trois fois jufques aux pieds de fa Majefté, il prononça encore une seconde benediction en peu de paroles, qu'il finit par des vœux ardans de profperité, & que fa Ma jefté joüift d'un regne qui pûst rendre fes fujets heureux, & étendre bien loin les frontieres de l'Empire.

Il reïtera les trois inclinations qu'il avoit déja faites à ces dernieres paroles de fa harangue, qu'il prononça avec beaucoup d'éloquence, à ce qu'on affure, quoy qu'il n'euft point eu de temps pour s'y preparer & qu'on l'euft tiré pour affifter à cette ceremonie prefque endormy de fa maison.

Apres luy tous les Grands de l'affemblée, chacun en fon rang, & les autres auffi qui tenoient quelque pofte confiderable, vin

rent rendre leurs refpects au Monarque par les trois inclinations accouftumées.

Cela fait fa Majesté se leva de deffus le fiege d'or, & s'alla affeoir à fa place,comme firent tous les autres à celle où ils eftoient affis auparavant. Car comme il a efté dit, pendant la ceremonie du Couronnement tous s'eftoient tenus debout, & il n'y avoit eu que le Roy qui fuft affis.

Voilà de quelle forte fut cou ronné Sefié second. Son grandpere avoit porté le premier le mefme nom entre les Monarques des Perfes. Il eft vray que l'auteur de cette race l'avoit auffi porté, mais il n'entre point dans le nombre , parce qu'il n'a jamais efté mis au Catalogue des Rois. Sa modeftie luy fit refufer ce titre & à ce que les Historiens nous apprennent, il regarda toû jours le trône comme un illuftre tourment, qui fous les vaines ap

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