Images de page
PDF
ePub

Hollandois repartirent comme ils avoient déja fait, en baissant la tefte & le corps avec une profonde humilité, & remerciant sa Majefté de tout leur cœur, & la fuppliant de les vouloir toûjours confiderer auffi favorablement qu'il faifoit alors: mais que pour le prefent, la plus grande grace qu'ils pourroient recevoir d'elle, eftoit la permiffion de s'en retourner à leur comptoir principal, à caufe que des affaires de la derniere confequence pour eux les y appelloient. Le Roy par un figne de tefte leur accorda leur demande, & leur fit dire qu'il ne vouloit pas les arrefter davantage, qu'ils s'en pouvoient aller au nom de Dieu, qu'ils affeuraffent la Compagnie de fon affection, & que tout ce qu'ils auroient à l'avenir à demander, il fuffiroit feulement qu'ils le fiffent connoistre pour l'obtenir. Par ces dernieres paroles il leur donna congé qu'ils prirent par des

reverences à la façon Europeanne, les plus refpectueuses qu'il leur fut poffible. Ils fe retirerent de la forte aprés une audiance d'environ trois quarts d'heure. Sur les quatre heures aprés midy ils envoyerent leur Interprete chez le General des Moufquetaires, pour luy rendre de la part de l'Ambaffadeur tres-humbles graces de la peine qu'il s'estoit donnée de leur procurer une audiance fi favorable, & pour obtenir de luy la continuation de son affection, & d'accepter pour arrhes de leur gratitude une horloge d'argent &cinquante ducats d'or.

L'Agent des Anglois en Perse, nommé le Sieur Etienne Flour, ayant appris que les Hollandois avoient eu audience de fa Majef té, ne fut pas peu furpris & ne ref fentit pas peu de dépit qu'ils l'euffent prevenu, il fe preffa auffi de fon cofté d'avoir la fienne, & d'ef tre admis à luy baiser les pieds,

[ocr errors]

il fe fervit des mefmes voyes pour y parvenir qu'avoit tenues l'Ambaffadeur Hollandois ; comme en effet il n'y en avoit point d'autres: elles luy reüffirent de mef. me; fi bien que deux jours apres, accompagné de fon fecond dans les affaires, dés les neuf heures du matin, il fut introduit à faire la reverence au Roy par le General des Moufquetaires. Son Interprete & fon Collegue marchoient derriere luy. Apres avoir fait le falut accoustumé, il prefenta au Prince deux cens ducats d'or, fuivant la belle couftume des Orientaux, où les Roys fe difans les Lieutenans de Dieu, deffendent comme luy de se presen. ter devant leur face les mains vuides. Il s'affit apres, par le commandement du Prince, & commença à luy fouhaiter par la bouche de fon Interprete, de la part de la Nation & Compagnie Angloise, un regne floriflant & d'u

ne longue durée, & fit reprefenter enfuite le plus brièvement qu'il pût les grands fervices que la Nation Angloife avoit rendus aux Roys de Perse ses ayeuls de memoire immortelle : comme auffi pour cette confideration ces triomphans Monarques avoient toûjours favorisé la Nation Angloife plus que toutes les autres de l'Europe, dequoy il s'affeuroit que fa Majefté eftoit bien informée; c'est ce qui luy faifoit efperer qu'elle continueroit à la Compagnie les mefmes graces, & la confirmation de tous les Traittez & de tous les Privileges accordez cy-devant aux Anglois.

Le Roy répondit à ce discours de la mefme forte qu'il avoit fait à l'Ambaffadeur de la Compagnie Hollandoife: Monfieur Agent eft mon hofte, & toute la Nation Angloife m'eft tres-chere ; tout ce que mes Predeceffeurs de glorieufe memoire ont accordé à voftre Com

pagnie, je vous le confirme. Vos privileges vous feront continuez;& fi vous avez quelque chofe de nouveau à demander qui faffe à l'avantage de voftre Nation, vous n'avez qu'à le propofer avec affeurance, qu'il vous fera octroyé, s'il fe trouve raifonnable. L'Agent Anglois & fon fecond firent de tres-humbles remerciemens & pour leur Maiftre & pour eux, fupplians fa Majefté avec refpect d'agréer leurs fervices. Ce que le Roy accepta par un figne de tefte, qui fut celuy de leur congé : Ils le prirent avec des reverences à leur mode. Or comme ils eftoient redevables de cette favorable audience au General des Moufquetaires, parce que le Roy ne faifoit rien que par l'avis de ce Seigneur, ils envoyerent le foir leur Interprete chez luy, pour luy faire les remerciemens de la faveur qu'il leur avoit procurée, & pour luy prefenter en reconnoiffance un bi

« PrécédentContinuer »