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telligens jugerent bien que le Roy ne s'eftoit point porté à cette extremité, parce qu'on n'eust pas pris tant de foin d'empefcher la fortie d'un aveugle, que fon feul malheur rendoit incapable d'une entreprise de cette nature. Mais quand le Roy partit pour le voyage de Mazenderan en l'am 1665. felon noftre fupputation, if agit d'une certaine maniere, qui fit foupçonner mefme aux plusgrands & aux plus habiles, que c'eftoit à cette fois qu'il s'eftoit déterminé à cette horrible execution Car fur le chemin n'étant encore qu'à huit lieuës d'Ifpaham il rebrouffa vers cette ville peu accompagné, fans avoir parlé de fon deffein à perfonne : Et quand il y fut arrivé, il n'y fit autre chofe que d'entrer à l'impourveu dans l'appartement de ·fes femmes, où n'ayant demeuré que deux heures il en fortit tout penfif.

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Et comme l'on n'en voyoit pas d'autre cause apparente,les Courtifans l'attribuerent à quelque chose de funefte à quoy ce Monarque fe feroit porté contre le Prince fon fils; Toutesfois comme il a affez parû depuis, ils fe tromperent tous dans leur jugement, & ce promt retour fut pour un autre fujet.

A l'égard de ce jeune Prince, fon Pere s'eftoit contenté de le refferrer encore plus étroitte ment qu'auparavant dans un quartier de ce Palais fort éloigné des autres avec fa Mere, & les femmes qu'on luy avoit données en auffi grand nombre qu'il avoit fouhaitté: Eten mefme temps fe Roy commit pour veiller für fes actions, & prendre garde qu'il n'entreprit rien de dangereux, un grand Eunuque nommé AgaNazir, c'est à dire, Seigneur voyant.

Ce mot Nazir fignifie d'ordi

naire quelque Sur-intendant, ou Voyant General: auffi le perfonnage, dont nous parlons, outre le gouvernement qu'il avoit du Prince, avoit encore la direction du Palais des femmes, & la conduite de toutes les affaires qui regardoient la Maison Royale d'Ifpahan, employ qui luy donnoit beaucoup de credit, & qui le faifoit refpecter dans la Cour & dans la Ville: on l'a vu dans l'une & dans l'autre tres-confideré juf ques à la mort de fon Maiftre, parce qu'il eftoit comme Lieutenant, & tenoit le fecond lieu aprés le grand Sur-intendant du Royaume appellé pareillement Nazir.

Je parleray maintenant du Cadet. A la mort du Roy fon Pere il se trouvoit âgé d'environ huit car il eftoit né dans l'année de l'Egeré 1069. d'une Mere Iberienne ou Gurgi, comme les Perfes les appellent. On nommoit

ans;

cette Princesse Nour-niffa - Ka num, qui veut dire mot à mot Duxcheffe la lumiere des femmes pour luy il portoit le nom de Hamzeh Mirza. Je ne trouve point, & n'ay jamais pû l'apprendre de per fonne ce que fignifioit cette diction Hamzeb. Ileft bien vray que ce que l'on dit,apostrophe en nostre langue, s'exprime bien en langue Perfienne par ce nom, Hamzeb, mais en ce fens il ne pourroit pas fervir de nom propre. Il faut dans cet ufage, ou qu'il ne fignifie rien, ou qu'il fignifie toute autre chose.

il

Quant au titre de Mir-za, s'explique fils de Prince, comme ailleurs nous l'avons marqué plus au long en parlant de ces fortes de noms, & des titres ufitez parmy les Perfes.

Cet illuftre Enfant, comme je l'entendois dire à quelques grands Eunuques, qui le voyoient quel quesfois auprés du Roy en la Pro

vince de Mazenderan, où j'eftois auffi peu avant la mort de fa Majefté, promettoit quelque chofe d'extraordinaire; car à leur dire malgré la foibleffe de fes orga. nes, la force d'une grande ame fe montroit en toute fa perfonne; & l'on remarquoit en toutes fes actions un certain caractere de nobleffe & de generofité, qui fai foit prefager qu'il feroit quelque jour un grand Prince.

Or foit que ces rares qualitez euffent donné à Habas plus d'inclination pour luy que pour l'autre; foit que ce Monarque fuivist le panchant ordinaire de la nature, qui infpire aux peres un amour plus tendre pour leurs plus jeunes enfans, il voulut que ce Cadet le fuivift en fon voyage. D'autres croyoient que c'eftoit pour donner plus de fatisfaction. à la Mere de cet enfant. Comme elle eftoit trés belle, le Roy en eftoit extrémement amoureux :

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