étoit enfermé, celle du Turc & celle du Perfan que l'envie quelles avoient toutes deux de le perdre aydoit à fa conservation, quand le Turc fe vouloit ruer fur luy, il offroit au Perfan de le reconnoistre, & le Turc qui ne vouloit pas que le Perfan só ennemy devinst Maître de ces Terres-là, & qui aimoit mieux qu'elles demeuraffent entre les mains de ce Prince, le laiffoit en repos lors que le Perfan le fommoit de fes promeffes, il menaçoit avec adreffe de fe rendre au Turc. Le Perfan qui apprehendoit de fon cofté que le Turc déja trop puiffant n'agrandist son Empire de ce nouvel Estat ne portoit point les choses à la derniere extremité durant la vie d'Habas fecond, ce Pacha fit fouvent de ces tours. , Aprés fa mort le Turc voulut fe fervir de cette conjoncture du nouveau Regne de Sefie fecond pour former une entreprife fur Bas-ra Bas-ra, de mefme que trente ans auparavant. Sultan Mourad que nous disons Murat profita de l'occafion que Sefie premier vint à la Couronne pour affieger Ba bylone, fi bien qu'encores qu'il fuft occupé à la guerre de Candie, il entreprit cette conquefte; & pour cet effet, ordonna aux Pachas de Diarbekre, Mouffol, Alep, Merdin, & aux autres Gouverneurs de ce costé-là, d'aller contre Bas-ra, chacun avec un corps d'armée, defquels celuy de Bang-dad ou Babylone fut Ge neral. Hoffein-Pacha ( c'est le nom de ce petit Souverain de Bas-ra) envoye là-deffus en Perfe faire les mefmes offres qu'il avoit déja faites tant de fois à Habas fecond. Mais les Ambaffadeurs ne le trouvèrent plus; Celuy qui avoit fuccedé n'avoit de l'inclination que pour les divertiffemens, & n'aimoit nullement la guerre. Les Kk Miniftres ne voulans pas avoüer la foibleffe de l'Estat, répondent à cét Ambaffadeur qu'il n'y avoit pas moyen d'écouter leurs propofitions aprés que le Pacha leur Maiftre s'eftoit joué tant de fois, & fi infolamment de la Perse, qu'il s'eftoit luy-mefme attiré cette infortune, & qu'il ne fouffroit rien qu'il n'euft merité. Le Pacha ne perdit pas l'efprit pour avoir perdu le fecours qu'il attendoit de ce cofté-là, Il ufa d'un autre artifice, comme il avoit amaffé de grands trefors par le trafic, il s'en fervit pour corrompre le Pacha de Bag-dad General de l'armée Turquefque & les autres; il traite avec eux fous condition d'eftre à l'avenir tributaire du Grand Seigneur, de luy payer tous les ans cent mille efcus de tribut, & de luy en donner comptant deux cens mille. On ajoûta quelques autres conditions qui ne font pas importantes. Ainfi le fiege fut levé, & le Pacha envoya fon Gendre à Conftantinople pour faire ratifier le traité. C'eft tout ce qui se passa en cette guerre l'année 1667. Sur la fin de cette mefme année vinrent de triftes nouvelles à Ipahan des Provinces voifines de la mer Caspie, fçavoir qu'à Chirvon la principalle Ville d'une Province appellée du mefme nom, & qui fait une partie de l'Armenie Majeure proche de Tefflis capitale de Georgie, un tremblement de terre avoit ébranlé la plus grande partie de cette Ville, & avoit renverfé quatre Villages voifins; que dans ces ruines plus de trente mille perfonnes eftoient peries; Qu'en une autre Ville pellée Chamaky, dans la Province du mefme nom, qui eft la Medie Auftrale,un autre tremblemet également épouvantable avoit caufé la perte de vingt mille perfonnes, & abifmé les trois quarts ap de la Ville, que ces terribles accidens avoient mis ces deux Provinces dans la derniere defolation. Il n'y avoit qu'un homme au monde, je croy, qui se pust réjoüir de ces funeftes nouvelles & cefut Mir-za-Ibrahim dont il a efté parlé cy-deffus, encore que comme Fermier Royal de cette derniere Province, il deust raifonnablement estre affligé de sa perte; il regarda neanmoins cét évenement avec plaisir, parce que c'eftoit une occafion que la bonne fortune luy presentoit pour fe délivrer des perfecutions qu'il fouffroit à la Cour de Perfe, & pour fe retirer d'Ipahan qu'il regardoit comme fa prifon, ou pour mieux dire come fon enfer; Il ne la negligea point, il prefenta une Requefte au Roy, & aux Miniftres, où il remontroit que Chamaky dépendoit de fon admini ftration,& qu'il pleuft à fa Ma |