Cela fe paffoit dans le Conseil lors qu'à la Cour fe negocioit la retraitte de Boudak Sultaan General des Moufquetaires. Ce Seigneur avoit auffi bien que les autres dont nous avons parlé dans le temps de fa faveur abusé de fon pouvoir par où il s'eftoit acquis beaucoup d'ennemis dont le nom. bre augmentoit tous les jours. On commençoit à former des plaintes contre luy, fon authorité diminuoit peu à peu, peu à peu, & l'affection du Prince envers luy fe refroidiffoit. Cela luy fit aprehender un pareil traittement qu'avoit receu Gemchid-kaan Gouverneur de Kand-dar, il ne voulut point pouf fer les chofes à l'extremité cốme avoit fait ce Seigneur; mais avant que le mal fuft plus grand il songea à fe retirer doucement & fans tumulte pour fe descharger de l'envie que l'éclat de fa fortune attiroit fur luy.

Le principal fujet qui luy fit

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perdre les bonnes graces de fon Maistre fut celuy-cy. A l'Orient d1fpaham, & affez proche de fon territoire eft la Province de Loureftoon que l'on tient eftre une partie de l'ancienne Parthe, elle s'étend du cofté de l'Arabie tirant vers Bas-ra. Les peuples qui l'habitent negligent de bastir des villes & n'ont point de demeure arrestée, ils demeurent la pluspart fous des tentes nourriffans des troupeaux de bestes à laine & à corne dont ils ont une infinitė. Ces peuples font gouvernez par un Kaan qui eft mis de la part du Roy de Perse, mais qui eft pris d'entr'eux, & prefque toûjours d'une mefme race, le fils fuccedant au pere; fi bien qu'il leur refte encore quelque ombre de liberté, ils ne laiffent pas toutefois de payer les tributs & les decimes. Cette Province fournit de beftail à Ifpahan & fes environs; ce qui fait que le Gouver

neur de ces peuples y est en confideration. Soleimaan troifiéme à fon avenement à la Couronne, commanda au General des Moufquetaires d'envoyer des habits Royaux, & des Patentes à tous les Gouverneurs. Le General des Moufquetaires avoit eu quelque démeflé avec celuy-cy qui s'appelle Lour-Manoucher-kaan; c'est pourquoy il negligea de luy rendre cet honneur, & ne luy envoya le prefent du Roy que fix mois aprés. Ce Seigneur porta impatiemment ce mépris; & comme il fe douta bien d'où cela venoit, de dépit il mit en pieces l'habit qu'on luy prefenta, en difant, je n'ay que faire de cét habit, ny de ces Patentes que le General des Moufquetaires Roy de Perfe m'envoye.

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Sa Majefté n'en fçeut rien d'abord, on luy cacha la chofe de peur qu'en mefme temps elle n'en apprift le fujet; mais ce Prince

Gouverneur le fit fçavoir luymefme, car à quelque temps de la il demanda permiffion de venir la Cour, & de baiser les pieds du Roy, ce qui luy fut accordé : Il falua fa Majefté, luy fait fon prefent qui eftoit tres-magnifique, & fe plaint enfuite que le General des Moufquetaires ayant par fon ordre envoyé des habits royaux à tous les Grands de la Perse, jufqu'aux moindres Officiers, il l'avoit laiffé là fept ou huit mois, & qu'enfin à toute peine il luy avoit envoyé seulement par un de ces gens.

Le Roy le trouva fort mauvais & tefmoigna au General des Moufquetaires que fa maniere d'agir en cela ne luy plaifoit point. Sa Majesté neanmoins ne le voulut pas perdre tout à fait, elle le confideroit à caufe qu'il l'avoit mis fur le Throfne. Elle l'efpargnoit de mefme que ces predeceffeurs en avoiết toûjours

ufé en vers ceux qui leur avoient efté envoyez pour un mesme sujet, ils ne les ont jamais fait mourir quelque faute qu'ils ayent commife, ils fe font contentez de les difgracier feulement.

Celuy-cy fe trouvoit à la Cour prefque en cette posture; mais comme il apprehendoit de ne s'y pouvoir pas tenir long-temps de la forte. La mort d'un de fes parens, ou du moins qu'il difoit tel luy presenta une belle occafion de s'en retirer honneftement. Ce pretendu parent fe nommoit Abdul-Bek, grand Portier du Haram ou Palais des femmes. Le Ge. neral dés qu'il fçeut fa mort prefenta une Requeste au Roy, dans laquelle il remontroit que cét Aldul-Bek eftoit fon parent, que cét Office qu'il avoit exercé de grand Portier du Palais des femmes eftoit de tout temps en leur famille comme hereditaire Surquoy luy confiderant que le def