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me place eftoit occupée par le Munebizim-Bachi, ou chef des Aftrologues, qui eft un Seigneur des plus confidérés en la Cour de Perfe, & bien au delà que les noftres d'abord ne se pourroient figurer. Enfin de cette part, mais à quelque distance au deffous, eftoient ces deux Eunuques, Aga Kafour & Aga Mubarik, que nous avons nommez cy-devant, comme n'ayant point de droit non plus que le reste des Eunuques de s'affeoir devant fa Ma

Mehter ou grand Cham eftoit plus haut à la gauche, & un peu derriere le grand Maiftre d'Hoftel , que les Perfes appellent Ichik-agafie-Bachi, ce qui fignifie chef des Maiftres ou Seigneurs du marchepied du trônes parce qu'en effet il a l'intendance fur tous ceux qui fervent au Palais Royal, Portiers, Huiffiers, Gardes, Maiftres des CeremoD

nies, & autres. Mais parce que de jour & de nuit il fait luy-mefme devant fa Majefté l'office de grand Huiffier, il n'a point de féance dans les affemblées publiques, quoy que fa charge luy donne beaucoup plus d'autorité, & le rende bien plus grand que ceux qui ont le droit de s'affeoir, Au refte je n'ay point entendu dire que d'autres Seigneurs que ceux-cy fe foient trouvez en cette affemblée.

Le premier Miniftre y prit le premier la parole, & leur expola ce que le grand Chambellan avoit rapporté de la mort du Roy, qui luy avoit efté confir mée par les deux premiers Medecins. Il leur dit qu'il ne doutoit pas qu'ils ne l'euffent tous appris d'eux de la mefme forte, & qu'ainfi ils auroient connu comme leur défunt Monarque avoit rendu l'esprit fans avoir déclaré par écrit ni de vive voix auquel de fes deux fils il laif

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foit le fceptre, & que par cela il eftoit de leur devoir de proceder à cette élection au plustost, tänt pour ne laiffer davantage dans une condition privée celuy des Princes à qui la Providence avoit destiné la Couronne, que pour mettre l'Estat en feureté, qui couroit toûjours fortune tandis qu'il n'auroit point de Maiftre, veu qu'il eftoit des Monarchies comme des corps animez, qu'un corps ceffe de vivre au moment qu'il demeure fans tefte, un Royaume tomboit dans le defordre au moment qu'il n'avoit plus de Roy. Que pour éviter ce mal beur, il faloit avant que de fe fepa rer, élire de la facrée race Imamique un rejetton glorieux qui s'allift au trone qu'Habas II. venoit de quitter pour aller prendre place dans le Ciel. Que ce Monarque de triomphante memoire avoit laiffe deux fils, comme il s'affluroit que perfonne de ceux devant qui il parloit ne le revoquoit en doute, l'un Sefie-mirza, qui cftoit venu au monde il y avoit

environ vingt ans, & avoit efté laissé dans le Palais de la grandeur en la garde d' Aga Nazir; l'autre Ham. zeh-mirza, agé de quelques fept ans, qui fe trouvoit icy prés d'eux à la Cour fous la garde d'Aga Mubarik prefent en leur affemblée. Que de ces deux, après avoir invoqué le nom tres-haut, ils choififfent celuy que vray Roy avoit préparé pour le Lieutenant du Succeffeur à attendre.

le

Par ce Succeffeur a attendre les Perfes veulent dire le dernier des Imaans, qui eft dans leur opinion comme leur Meffie, dont ils attendent à tous momens le retour. Ce n'eft pas icy le lieu d'expli quer cecy plus au long, non plus que quelques façons de parler Perfiennes, que nous avons exprimées en leur naturel, dans la croyance que nous avons euë que les Sçavans y prendroient plaifir.

Ce premier Miniftre ayant prononcé ces paroles avec une gran

de démonstration de douleur, & avec un air plein de majefté, qu'à l'âge de foixante ans il a merveil leufe & infinuante, fe teut comme attendant que quelqu'un parlaft & donnaft fon avis. Mais lors qu'il vit que tous ceux de l'affemblée luy déferoient (car en effet cet honneur à cause de fa dignité luy appartenoit) & qu'applau diffans à fon difcours, & levans les yeux au ciel, ils ne faifoient que repeter le bifm allah, ainfi foit-il au nom de Dieu; il reprit ainfi modeftement la parole en regardant tous les Grands l'un aprés l'autre: Que dans le befoin ou ils fe trouvoient & dans la refolutiou qu'ils avoient prife d'élire pour Monarque un de ces deux Princes, fon fentiment eftoit qu'ils devoient ceder à une fafcheufe, mais pressante necalité qui les obligeoit de préferer Hamzeh Mirza quoy que le plus jeune, & l'élever au trône au préjudice de fon aifné: que la raison de

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