y : cela eftoit que tout le monde ne fçavoit que trop la rigueur qu'Habas avoit toûjours tenu à celuy-cy: qu'il avoit à craindre que ce jeune Prince ne fuft du moins privé de la veuë: que le bruit en avoit couru dés lors :. que le deffunt Monarque au fortir d'Ifpahan fit paroistre fur fon vifage une confternation qui ne marquoit rien que de funefte qu'on avoit eu encore plus de fujet de le croire depuis que le Roy au commencement de fa maladie avoit envoyé en pofte fans aucune participation de pas un des Grands,un Eunuque en cette mef me ville avec quelques ordres fecrets: que ces ordres ne pouvoient aller qu'à faire trancher la tefte au Prince fon fils, ou luy arracher les yeux, pour rendre incapable de fucceder à la Couronne aprés luy s'il venoit à mourir; car pour toute autre chofe ce Monarque n'eut pas manqué d'en faire part à quelques-uns de fon Confeil, & particulierement à luy premier Miniftre, qui avoit accoutumé le dans la conduite ordinaire de fceller de fon fceau tous les commandemens &les ordres où fa Majesté mettoit le fien. Que fi cela eftoit ainfi ils ne pouvoient l'élire qu'ils n'en reccuf ceuffent une grande confufion, non feulement s'il eftoit mort, mais encore s'il eftoit privé de la veuë: car vous fçavez, dit-il, que les facrées Loix de l'Eleu de Dieu ne permettent pas qu'une perfonne, à qui cette forte de difgrace eft arrivée, obtienne le fouverain commandement fur nous sapres cela nous ferons contraints de recourir à HamzebMirza. Et de quelle grace, je vous prie, recevra-t-il noftre élection? N'aura-t il pas fujet de fe plaindre du peu d'affection que nous aurions témoigné à devenir fes efclaves ; & que nous ne l'avons reconnu pour nofire Roy, qu'aprés que fon frere n'a pú le devenir? Prendra-t-il plaifir à recevoir de nos mains une couronne que nous avions offerte à un autre? Il fe perfuadera de ne devoir rien à nos fuffrages, qui ne luy auront pas efté donnez par une inclination pleine d'amour; mais qu'une invincible neceffité aura exigé de nous. Et Dieu veüille qu'il en demeure là, & qu'il fe contente de ne nous en pas fçavoir gré. Qui fait s'il ne fe vangera pas, &files froideurs que nous avons euës pour luy n'allumeront pas en fon ame an feu de colere contre nous, qui ne s'éteindra que par noftre ruine & la defolation de nos familles. Mais ce n'eft pas ce que nous devons confiderer. Quand il s'agit du falut de l'Eftat, celuy des particuliers eft peu de chofe. Songez, Seigneurs, à ce que jay marqué au commencement de ce difcours. Il faut éviter un interregne dangereux, qui dureroit long-temps dans les allées & venues d'icy à la ville capitale. La Providence nous a mis entre les mains Hamzeh Mirza: Que nous refte-t-il plus que fuivre fes ordres, & d'aller dés ce moment élever ce favori du ciel au trône facré du Prince du monde. Aprés Aprés que le premier Ministre eut prononcé ces paroles, il ne laiffa pas peu à penser aux autres Seigneurs, d'où luy pouvoit eftre venu ce fentiment: neanmoins comme c'estoit une perfonne qui avoit toûjours vécu dans une haute eftime de probité, & que fon âge déja avancé & fa longue experience dans les affaires le rendoient tres.confiderable, on ne foupçonna point que l'avis qu'il donnoit fust interessé, ni qu'il y fuft porté par d'autres motifs que ceux qui regardoient le bien de l'Eftat; veu principalement qu'il n'avoit rien avancé que toute la compagnie n'eftimaft tres-veritable. Enfin ce fut avec joye que la plufpart receurent une ouverture fi favorable à leurs defirs, & ceux qui n'avoient en veuë que leur établiffement particulier furent tres-aises en fuivant l'avis du premier Ministre de paffer pour affectionnez áu E bien public, lors qu'ils ne fongeoient qu'à leur propre grandeur. Car ces mefmes confiderations qui avoient touché le premier Ministre & le grand Intendant, comme nous l'avons déja dit, leur eftoient venuës en l'efprit & leur avoient fait juger qu'il n'y avoit rien d'affeuré en leur fortune, fi une fois Sefie Mir-za eftoit élevé fur le trône: Que ce jeune Prince, quand ce ne feroit que pour mieux faire le maistre, voudroit gouverner à fa fantaisie, & changer les Officiers comme bon luy fembleroit: Qu'il y auroit mefme dans cette conduite un fecret mouvement de vangeance contre eux, parce qu'il fe perfuaderoit que leur complaifance auroit contribué à fes dif graces, & que bien loin de s'oppofer aux plaintes que le feu Roy Lon pere faifoit quelquefois contre luy, ils Y avoient applaudy. D'ailleurs fi ce bruit qui couroit |