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en revient fans faire travailler aux mines. Les Miniéres d'or, d'argent, de cuivre; de plomb, d'étain & de fer ne font pas moins communes dans le Royaume de Chili que dans celui du Pérou. Tous ces métaux s'y trouvent même quelque fois enfemble dans la même mine, comme on l'a découvert en 1710. dans la montagne de S. Criftofle de Lampangui, & en divers autres endroits. M. Frezier affure qu'il y a dans la Cordillére des montagnes prefqu'entières de cuivre; on y en trouve, ditil, des morceaux féparés de plus de quarante quintaux, fans prefqu'aucun mêlange, & d'autres, partie de cuivre bien formé, & partie de cuivre imparfait. Ce qui fait croire que ce métail s'y forme & s'y perfectionne tous les jours. Une autre de ces montagnes renferme beaucoup de Lapis l'Azuli; d'autres des pierres d'Aiman. Enfin, on trouve dans les unes des mines de fouffre & de fel, & dans d'autres de bonnes mines de charbon de terre; mais les habitans n'en fçavent pas profiter. Ils travaillent à quelques-unes des mines d'or & d'argent qui font aux environs de la Conception, & le long de la côte; mais ils négligent prefqu'entiérement celles qui font dans l'intérieur du pays. Frezier.

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L'or & l'argent que l'on tire des mines du Pérou, fe tranfporte en lingots par la mer du Sud à Panama, & de-là par terre à Porto-bello. (On dit qu'à préfent on réduit les lingots en piaftres, en plufieurs Villes du Pérou, pour les envoyer à Porto-bello.) Les Gallions, qui font des Vaiffeaux du Roi d'Espagne, y viennent tous les ans une fois fe charger de toutes ces richesses, qu'ils échangent pour d'autres marchandifes. Il n'y a certainement dans le monde aucune foire plus admirable & plus riche que celle qui fe tient dans cette Ville à l'arrivée des Gallions. On fçait dans toute l'Amérique le tems où ils font attendus ; c'eft pourquoi l'on s'y rend de prefque toutes les parties du nouveau monde. Chacun y apporte tout ce dont il veut fe défaire. dans l'intention de s'y munir de ce dont il a befoin. On y voit arriver de tous les cô tés pendant plus de quinze jours, avant la Flotte d'Espagne, un nombre infini de mules toutes chargées de lingots, que l'on décharge dans le marché public, comme des amas de pierres dans les rues. On les y laiffe même pendant la nuit fans craindre qu'il en foit détourné. Quand la Flotte est arrivée, la Ville qui eft fort petite, fe trou ve fi remplie de monde & de marchandises

que

y

que fes bâtimens ne fuffisent pas pour en contenir la moitié. Il y en a donc une grande partie qui eft obligée de coucher dehors. Les logemens font hors de prix les vivres, quoiqu'en abondance, n'y font pas moins chers: mais ce qu'il y a de plus fâcheux, c'eft que, comme l'air & l'eau font fort mauvais, & les fruits en grandes abondance, il y régne prefque toujours des maladies mortelles. Les quinze jours que dure ordinairement cette Foire; he fe paffent point, fans qu'il y relte au moins cinq ou fix cens hommes. Cela eft caufe que chacun fe prelle d'en fortir. Les Gallions & des Vaiffeaux marchands qui les accompagnent, font bien-tôt chargés des riches dé pouilles de l'Amérique, & fe rendent de Porto-bello à Cartagène, où ils prennent les provifions qui leur font néceffaires pour retourner en Espagne. Th. Gage, voyage d'Amérique.]

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CHAPITRE XXXV.

Des Chevaux & du Bétail.

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Eux qui vivent à préfent, & ceux qui nous fuivront, feront peut être bien aifes de fçavoir tout ce que les Indiens n'avoient point avant l'arrivée des Espagnols; cependant ils vivoient contens fans les commodités qu'ils en ont retirées. Ils n'avoient ni chevaux ni bœufs pour labourer; ils ne connoiffoient ni les chameaux, niles ânes, ni les mulets, ni les brebis de l'efpèce de celles d'Espagne, non plus que les cochons & les chiens de chaffe; encore moins les mâtins pour garder leurs troupeaux, ils n'avoient uniquement que ceux que l'on appelle Gofquez en Efpagne : ils n'avoient ni bled, ni avoine, ni vin, ni huile; en un mot, aucuns des fruits & des légumes qui croiffent en Espagne.

Les chevaux que les Efpagnols y menè rent dès le commencement, leur fervirent beaucoup à la conquête du nouveau monde, où l'on ne trouve aucun cheval qui ne foit venu de ceux qu'ils ont amenés d'An

daloufie. Ils en transportèrent d'abord dans les ifles de Cuba & de S. Dominique, enfuite à celle de Barlovento, & les y établif foient à mesure qu'ils en faifoient la décou̟verte. Il en vint une grande quantité dans ce dernier endroit: car il y eut des jumens qui fe perdirent dans les montagnes de ces Ifles qui font prefque inacceffibles, & les Efpagnols voyant qu'elles y vivoient, & qu'il n'y avoit point d'animal qui leur pût nuire, laifférent aller les autres qu'ils renoient renfermées, de façon que les chevaux y font devenus fauvages, & ont infiniment multiplié à caufe de la fertilité du terroir dont l'herbe est toujours vertea Les Espagnols qui habitoient ces Ifles voyant que l'on ne pouvoit fe paffer de chevaux pour les conquêtes que l'on avoit commencées, & qu'on les achetoit fort cher, les élevèrent avec foin.

Pour les prendre, ils font une efpèce d'enceinte de bois dans les défilés par lefquels ils defcendent pour venir paître dans les plaines. Quinze ou vingt hommes à cheval à un fignal que leur font les fentinelles qu'ils ont pofés, pourfuivent ceux qui font defcendus, & les font entrer pêle mêle dans les enceintes. Ils attachent avec des nœuds coulans les poulains de trois

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