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testans (1), qui n'ont rien voulu voir de particulier, parce que leurs fausses idées du pape antechrist ne subsistent que dans la confusion.

XVI.

Ce que

la

bête devoit

Après avoir observé le fond et les caractères de la bête, tels que saint Jean nous les a donnés, faire, et ce il faut voir encore ce qu'elle fera, et ce qui lui

qui lui devoit

arriver trèsbien marqué

doit arriver. Ce qu'elle fera, c'est de tourmenter l'Eglise; et ce qui lui doit arriver, c'est, après par S. Jean. divers châtimens, de périr à la fin, à cause de son idolâtrie, et du sang qu'elle avoit répandu : c'est ce que saint Jean nous a déclaré par des marques aussi sensibles que toutes les autres que nous

avons vues.

XVII.

La persé

cution com

ment décrite

au ch. xı de

se.

La persécution en général est exercée par la bête, lorsqu'elle donne la mort aux saints, et qu'elle tient dans l'oppression la sainte cité, qui est l'Eglise, avec toutes les circonstances qu'on l'Apocalypen a marquées (2). Mais au milieu de ces caractères généraux, saint Jean a toujours mêlé les caractères particuliers de la persécution de Dioclétien, à laquelle le saint Esprit l'avoit davantage attaché. C'est pourquoi, dans le chapitre xi, on voit les Gentils se flatter de la pensée d'avoir éteint le christianisme (3), comme on en flatta Dioclétien: on voit dans ce même temps le christianisme élevé au comble de la gloire (4), comme il arriva au milieu de cette sanglante persécution, par les ordres de Constantin et par ses

victoires.

(1) Voyez ci-dessous dans l'Avertissement sur l'Acc. des Proph. (4) Ibid. 11, n. 20 et 21.- (2) Chap. x1. 2, 7. — (3) Ibid. 9.

12, etc.

XVIII.

au ch. XII.

Au chapitre xi paroît le dragon, qui donne sa Comment, force à la bête, et la femme en travail (1), c'està-dire, l'Eglise souffrante. C'est la persécution en général. Mais nous sommes bientôt conduits au particulier de Dioclétien, lorsque la femme étant prête de mettre au monde un enfant mâle et dominant (2), c'est-à-dire, le christianisme vigoureux et vainqueur sous Constantin, le diable redouble ses efforts pour le détruire; et comme là on voit le dragon faire trois divers efforts, on voit aussi la persécution s'élever à trois reprises plus marquées sous trois princes, plus frémissante sous Dioclétien et sous Maximin, plus languissante sous Licinius, et en état de tomber bientôt après.

XIX. La bête blessée à

mort, et les

sept empe

Voilà ce que fait la bête, tant qu'il lui reste quelque force. Mais saint Jean nous la représente en un autre état où elle avoit reçu un coup reurs à bas. mortel (3), où elle étoit morte, où pour vivre elle avoit besoin d'être ressuscitée : c'est ce qui est aussi arrivé à l'idolâtrie détruite dans les sept têtes. Tous les persécuteurs étant à bas, et de tous les empereurs, Constantin, un si zélé enfant de l'Eglise restant seul, l'idolâtrie étoit morte par la défense de ses sacrifices et de son culte; et il n'y avoit plus pour elle de ressource, si Julien l'Apostat ne l'eût fait revivre. Saint Jean, comme on voit, continue toujours à s'attacher aux grands événemens. Il n'y a rien de plus marqué que la mort de l'idolâtrie sous un prince

(1) Chap. XII. 2, 3. XIII. 2. --- (2) Ibid. x11. 4, 13, 17.

(3) Ibid. xi. 3.

qui l'abolit par ses édits, ni rien aussi de plus sensible que d'appeler résurrection la force et l'autorité que lui rend un autre prince. Voilà qui est grand en général, mais le particulier est encore plus surprenant; car on voit la bête aux abois, comme saint Jean l'avoit marqué par la blessure d'une de ses têtes (1), qui étoit Maximin, le sixième persécuteur, et parce que la septième tête, qui ne paroissoit pas encore, devoit périr sitôt après, comme il arriva à Licinius. C'est ainsi que la bête mourut; c'est ainsi que l'idolâtrie fut abattue, et l'image est toute semblable à l'original.

XX.

La bête res

suscitée sous

postat.

Pour la bête ressuscitée (2), c'est-à-dire, l'idolâtrie reprenant l'autorité sous Julien, elle nous est clairement marquée par l'orgueil de ce prince, Julien par ses blasphemes étudiés contre Jésus-Christ et ses saints; par le concours de tout l'empire réuni sous cet empereur contre l'Eglise ; par la haine du christianisme qui le fit rentrer dans les desseins de Dioclétien pour l'opprimer; par l'imitation de l'Agneau et de quelques vertus chrétiennes que ce faux sage affecta; par les prestiges de ces philosophes magiciens, qui le gouvernoient absolument; par les illusions de sa fausse philosophie, et par la courte durée de cette nouvelle vie de l'idolâtrie, où la femme ne se cacha point, comme elle avoit fait dans les autres persécutions, et où l'Eglise retint tout son culte. Qu'on me donne d'autres caractères du règne de Julien l'Apostat, (1) Chap. x111. 3. · (~) Ibid. 3, 5, 7, 8.

l'A

XXI.
La seconde

prit de sé

et qu'on m'en fasse un tableau plus au naturel et plus vif.

Ce n'étoit pas assez de marquer la violence de bête et l'es- la bête, c'est-à-dire, de l'idolâtrie persécutrice : nous n'en eussions pas vu la séduction et les artifices, si saint Jean ne nous eût décrit la seconde persécutrice. bête mystique (1), c'est-à-dire, la philosophie

duction dans l'idolatrie

pythagoricienne, qui, soutenue de la magie, faisoit concourir à la défense de l'idolâtrie ses raisonnemens les plus spécieux avec ses prodiges les plus étonnans. C'est ce que nous avons remarqué dans les figures de saint Jean; c'est ce que nous avons vu accompli dans l'idolâtrie, en la regardant tant dans sa première vigueur sous Dioclétien, que dans sa vie, réparée par Julien l'Apostat. On entendra mieux encore la seconde bête, en tere particu- comprenant le caractère qu'elle a dans saint Jean donne à Jean (2), qui est de faire adorer la première, la seconde c'est-à-dire, d'attacher les hommes à l'ancienne bête, direc- idolâtrie de sorte que la première bête paroît

XXII.

Le carac

lier que saint

tement op

:

posé à celui dans l'Apocalypse comme le Dieu qu'on adoroit, de l'homme et la seconde comme son prophète qui la faisoit de péché de

saint Paul, adorer; d'où vient aussi qu'elle est appelée le avec lequel faux prophète. En quoi saint Jean nous a fait lesprotestans voir le vrai caractère de cette philosophie magiconfondre. cienne, dont tous les raisonnemens et tous les

la veulent

prestiges aboutissoient à faire adorer les dieux que l'ancienne idolâtrie avoit inventés.

. Telle est donc la seconde bête et c'est faute d'avoir bien compris ce caractère, que saint Jean (1) Chap. x111. 11, et suiv. — (2) Ibid. 12.

lui donne, qu'on a voulu la confondre avec l'homme de péché de saint Paul (1), encore que son caractère d'être le prophète d'une divinité qu'elle annonçoit, soit directement opposé à celui qu'attribue saint Paul à son homme de péché, qui s'élève au-dessus de tout ce qu'on nomme Dieu, et qu'on adore.

XXIII. Caractère particulier

de l'idolâtrie romainemar

Jean.

On peut encore remarquer ici un caractère particulier de l'idolâtrie romaine. C'est que partout elle fait adorer la bête et son image, c'està-dire, Rome et ses empereurs, dont les images, qué par saint comme on a vu, étoient proposées aux martyrs pour être l'objet de leur culte, autant ou plus que celles des dieux immortels : caractère d'idolâtrie qu'on voit répandu partout dans l'Apocalypse (2), et que Julien y fait revivre avec tous les autres.

XXIV.
La durée

trois ans et

Ainsi la persécution a été caractérisée en toutes manières, par la qualité de ses auteurs, par sa des persécuviolence, par ses artifices, par la nature du culte tions, et ses auquel on vouloit forcer le genre humain. Mais demi. un des plus beaux et des plus particuliers caractères que nous en ayons dans saint Jean (3), est celui qui marque les bornes que Dieu lui donnoit par une providence particulière, et un secret ménagement de ses élus, comme il avoit fait autrefois à celle d'Antiochus. Nous avons vu en effet, que malgré la haine immortelle de Rome contre l'Eglise, il étoit ordonné de Dieu que ses violences se relâcheroient de temps en temps, et reviendroient aussi à diverses reprises toutes cour

(1) II, Thess. 11. 2, 3. xii. 6. x111. 5.

· (2) Apoc. x. 4, 12, 14.— (3) Apoc. xt.

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