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et que vous vous attacherez à persister dans l'accomplissement des devoirs de la Principauté vis-à-vis de notre Gouvernement impérial, et, en conséquence, nous vous avons délivré et envoyé notre présent firman, revêtu de notre sanction impériale, pour proclamer que, sur cette base, le statu quo ante a été rétabli et que les ordres nécessaires ont été donnés à qui de droit, afin de faire évacuer les points au delà de la ligne de démarcation qui se trouvent en la possession de notre armée.

Donné le 18 safer 1294. (4 mars / 20 février 1877).

Le Chargé d'Affaires de France à Constantinople au Ministre des Affaires Étrangères.

(Télégramme.)

Péra, le 9 mars 1877.

Les délégués monténégrins avaient remis à Safvet-Pacha, dans une entrevue préliminaire, une notice exposant leurs demandes, qui sont les propositions de la Conférence, plus le port de Spizza et trois îles du lac de Scutari. Hier, les négociations ont commencé chez le Ministre, où se trouvaient également Mouktar-Pacha et Constan-Pacha. Bien que la Porte considère les demandes du Monténégro comme un maximum réductible, je dois dire que, dans leur entretien avec moi, les délégués ont affirmé l'intention de maintenir rigoureusement l'intégrité de leurs propositions.

Signé : DE MOür.

Le Chargé d'Affaires de France à Constantinople au Ministre des Affaires Étrangères.

(Télégramme.)

Péra, le 13 mars 1877.

Dans une séance tenue extraordinairement hier, le Conseil des Ministres a décidé que la cession de Niksitch, Spouz et Spizza serait refusée au Monténégro. Safvet-Pacha a invité les délégués à se rendre chez lui jeudi pour recevoir cette communication et

continuer les pourparlers sur les cessions secondaires dont il a

été question.

Signé: DE MOüy.

Le Chargé d'affaires de France à Constantinople au Ministre des Affaires Étrangères.

(Télégramme.)

Péra, le 15 mars 1877.

Safvet-Pacha a fait connaître aujourd'hui aux Monténégrins, sous une forme adoucie, l'impossibilité où se trouvait la Porte d'accorder Niksitch, Spouz et Spizza. Les délégués se sont bornés à en référer au Prince.

Signé: DE Moür.

L'ambassadeur de France à Londres, au Ministre
des Affaires Étrangères.

Londres, le 22 mars 1877.

Monsieur le Duc, mes télégrammes et mes lettres particulières ont tenu Votre Excellence au courant des négociations qui se sont continuées sans interruption jusqu'à ces derniers jours; elles semblent momentanément suspendues et je crois devoir profiter de cet intervalle pour résumer brièvement les phases diverses par lesquelles elles viennent de passer.

Vous avez sous les yeux le premier projet de Protocole rédigé par le Cabinet de Saint-Pétersbourg et communiqué à Berlin, à Paris et à Londres par S. Exc. le général Ignatiew. Ce projet, dès qu'il eût été soumis au comte Schouvaloff, lui parut devoir subir quelques modifications propres, selon lui, à faciliter l'entente entre l'Angleterre et la Russie, et à calmer autant qu'il était possible les susceptibilités de l'opinion publique dans les deux Pays. Le comte Schouvaloff se rendit lui-même à Paris pour en conférer avec le général Ignatiew, dès le jour de l'arrivée de ce dernier. Tous deux tombèrent d'accord sur les changements qui, sans altérer le projet primitif, leur paraissaient de

nature à faciliter l'adhésion du Cabinet anglais. Mais Votre Excellence se souviendra que les propositions modifiées des négociateurs russes n'obtinrent pas toutes l'assentiment de leur propre Gouvernement.

Une des principales préoccupations du Cabinet de Saint-Pétersbourg semblait être d'amener les Puissances à prévoir, dès aujourd'hui, le cas où la Porte refuserait de se conformer à leurs conseils et de leur faire admettre, dans cette hypothèse, la nécessité d'un accord commun pour peser sur les décisions de la Turquie.

La disposition qui prévoyait cette éventualité dut donc être maintenue par les négociateurs dans le projet de Protocole sou. mis par eux au Cabinet anglais.

Votre Excellence n'a pas oublié les autres dispositions de ce projet.

L'une des plus importantes était sans contredit celle qui invitait la Turquie à replacer ses armées sur le pied de paix. De son côté, la Russie se déclarait prête à faire une promesse de désarmement en subordonnant toutefois l'exécution de cet engagement à une double condition. Il devait être entendu d'abord que la démobilisation russe serait immédiatement suspendue, si des massacres, tels que ceux dont la Bulgarie avait été le théâtre, venaient à se reproduire. Cette première réserve ne souleva pas d'objection de la part de lord Derby. Mais il n'en fut pas de même pour une seconde condition de laquelle la Russie prétendait faire dépendre la démobilisation de ses armées. Elle demandait que la Turquie prît au préalable l'initiative du désarmement, et que, de plus, elle inaugurât par un acte significatif les réformes qu'elle avait solennellement promises. Cette exigence de la Russie a été vivement combattue par le Gouvernement de la Reine, qui n'a jamais paru disposé à s'associer à la signature d'un acte international qu'à la condition qu'il assurât le désarmement immédiat et simultané.

Jusqu'ici, les efforts tentés de part et d'autre pour rétablir sur ce point l'entente des deux Cabinets sont demeurés sans effet. Tant qu'une divergence aussi sérieuse n'aura pas été aplanie, toute discussion sur les autres dispositions du projet de Protocole ne peut amener de résultat.

La négociation demeure donc suspendue jusqu'à ce que de nouvelles combinaisons aient été produites. Mais j'ai lieu de penser que cette interruption de pourparlers ne sera pas de longue durée.

En effet, le comte Schouvaloff semble disposé à tenter de

nouveaux efforts pour amener un rapprochement entre les vues de son Gouvernement et celles du Gouvernement de la Reine, et il assure qu'il est loin de désespérer du résultat de cette mission. Quelque difficile que lui paraisse la solution du problème, il ne veut pas croire que deux Puissances qui ne sont plus en réalité séparées que par des divergences secondaires, en viennent à perdre de vue le but pacifique qu'elles poursuivent avec une égale sincérité et à abandonner une négociation à laquelle se rattachent les dernières espérances de la paix.

Veuillez agréer, etc.

Signé : D'HARCourt.

Le Chargé d'Affaires de France à Constantinople au Ministre des Affaires Étrangères.

(Télégramme.)

Péra, le 26 mars 1877.

Les Délégués monténégrins ayant reçu du Prince l'instruction d'abandonner les demandes relatives à Spizza et à Spouz, en insistant sur la cession de Niksitch, des Kutchi et des Kolatchin, la Porte a maintenu sa première décision. Elle a continué à offrir quelques rectifications de frontières peu importantes et a réclamé une partie des Vasovich. Les Délégués en ont référé de nouveau à Cettigné.

Signé: DE MOüy.

L'Ambassadeur de France à Londres, au Ministre
des Affaires Étrangères.

Londres, le 30 mars 1877.

Monsieur le Duc, dans ma dépêche du 22 de ce mois, j'ai eu l'honneur de rendre compte à Votre Excellence des retards que rencontraient les négociations et des difficultés qui s'étaient opposées à la signature du projet de Protocole appuyé par le général Ignatiew et le comte Schouvaloff. J'avais cependant pu vous faire pressentir que l'Ambassadeur de Russie avait encore conservé l'espoir de renouer les négociations interrompues.

De plus en plus convaincu que le maintien de la paix était le véritable intérêt de son Pays comme l'impérieux besoin de l'Europe, le comte Schouvaloff ne s'est pas laissé décourager par les obstacles qui avaient fait échouer les premières propositions. En effet, dès le 23, il s'occupait de la rédaction d'un nouveau projet et il espérait bien le faire accepter par lord Derby, qui, disait-il, << n'a jamais considéré les pourparlers comme rompus. » Le 24, en effet, l'Ambassadeur russe soumit au principal Secrétaire d'État de Sa Majesté une combinaison différant assez sensiblement de la première et qui lui semblait répondre aux vues des deux Gouvernements.

S. M. l'Empereur de Russie annoncerait son intention de désarmer et communiquerait cette Déclaration par un télégramme direct envoyé de Saint-Pétersbourg à Constantinople. Il serait entendu que la démobilisation des forces russes recevrait son exécution aussitôt que la paix aurait été conclue avec le Monténégro, et que la Porte aurait, d'une part, renouvelé sa promesse de procéder à des réformes sérieuses, et de l'autre, pris l'engagement d'envoyer un Plénipotentiaire spécial à Saint-Pétersbourg, pour y traiter du désarmement réciproque et simultané.

Je n'ai pas besoin de faire remarquer à Votre Excellence en quoi cette rédaction diffère du projet original transmis à Londres par les Ambassadeurs russes. Si le Cabinet de Pétersbourg ne s'engage pas d'ores et déjà et à tout événement à retirer ses troupes, tout au moins en exprime-t-il l'intention et le désir et cesse-t-il de faire dépendre la conclusion de l'accord projeté d'un commencement de désarmement des forces ottomanes. Il va même jusqu'à prendre l'initiative d'une promesse conditionnelle de démobilisation de ses propres forces.

Lord Derby n'accepta pas de prime abord cette proposition; mais elle lui semblait offrir une dernière chance de paix. Il se montra donc disposé à la prendre en considération et il consentit à en discuter les termes. Les objections qu'un premier examen fit naître dans son esprit décidèrent le comte Schouvaloff qui paraissait préoccupé d'éviter de nouveaux retards, à admettre, sous la réserve de la sanction de son Gouvernement, que l'Angleterre pourrait accompagner son adhésion d'une Déclaration portant que le Protocole serait considéré comme non avenu, dans le cas où les conditions présentées à la Porte ne seraient pas acceptées par elle.

Lord Derby parut satisfait de cette concession et donna son approbation personnelle au projet, en promettant de l'appuyer dans le Conseil de Cabinet qui devait se tenir le mercredi 28. De

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