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Je compte qu'ils ont en ce moment-ci assassiné plus de quatre cents de nos soldats; et cependant il n'y a jamais eu en terre ferme plus de troupes vénitiennes, et cependant ils l'ont inondée de leurs Esclavons. Ils ont essayé de s'emparer de la citadelle de Vérone, qui, encore dans ce moment-ci, se canonne avec la ville.

Le Sénat m'a envoyé à Gratz une députation; je l'ai traitée comme elle le méritait. Ils m'ont demandé ce que je voulais; je leur ai dit de mettre en liberté tous ceux qu'ils avaient arrêtés : ce sont les plus riches de la terre ferme, qu'ils suspectent être nos amis parce qu'ils nous ont bien accueillis; de désarmer tous les paysans; de congédier une partie de leurs Esclavons, puisqu'un armement extraordinaire est inutile; de chasser le ministre d'Angleterre qui a fomenté tous les troubles et qui est le premier à se promener le lion de Saint-Marc sur sa gondole, et la cocarde vénitienne qu'il porte depuis qu'ils nous assassinent; de remettre dans nos mains la succession de Thiéry, qui est évaluée à vingt millions; de nous remettre toutes les marchandises appartenant aux Anglais : leur port en est plein; de faire arrêter ceux qui ont assassiné les Français, ou du moins les plus marquants des nobles vénitiens.

Tout à l'heure je pars pour Palmanova, de là pour Trévise, et de là pour Padoue.

J'aurai tous les renseignements de tout ce qui a été commis pendant que nous étions en Allemagne; je recêvrai également les rapports de Lallement sur l'assassinat de Laugier.

Je prendrai des mesures générales pour toute la terre ferme, et je ferai punir d'une manière si éclatante qu'on s'en souviendra une autre fois.

BONAPARTE.

Collection Napoléon.

1759. — A MESSIEURS LES ENVOYÉS DU SÉNAT DE VENISE. Quartier général, Trieste, 11 floréal an V (30 avril 1797).

Je n'ai lu qu'avec indignation, Messieurs, la lettre que vous m'avez écrite relativement à l'assassinat de Laugier. Vous avez aggravé l'atrocité de cet événement, sans exemple dans les annales des nations modernes, par le tissu de mensonges que votre Gouvernement a fabriqués pour chercher à se justifier.

Je ne puis pas, Messieurs, vous recevoir; vous et votre Sénat êtes dégouttants du sang français. Quand vous aurez fait remettre en mes mains l'amiral qui a donné l'ordre de faire feu, le commandant de la tour et les inquisiteurs qui dirigent la police de Venise, j'écou

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terai vos justifications. Vous voudrez bien évacuer dans le plus court délai le continent de l'Italie.

Cependant, Messieurs, si le nouveau courrier que vous venez de recevoir était relatif à l'événement de Laugier, vous pourriez vous présenter chez moi.

Bibliothèque impériale.

BONAPARTE.

1760. AU CITOYEN LALLEMENT.

Quartier général, Palmanova, 11 floréal an V (30 avril 1797).

Le sang français a coulé dans Venise, et vous y êtes encore ! Attendez-vous donc qu'on vous en chasse? Les Français ne peuvent plus se promener dans les rues, ils sont accablés d'injures et de mauvais traitements, et vous restez simple spectateur! Depuis que l'armée est en Allemagne, on a, en terre ferme, assassiné plus de quatre cents Français, on a assiégé la forteresse de Vérone, qui n'a été dégagée qu'après un combat sanglant, et, malgré tout cela, vous restez à Venise! Quant à moi, j'ai refusé d'entendre les députés du Sénat, parce qu'ils sont dégouttants du sang de Laugier, et je ne les verrai jamais qu'au préalable ils n'aient fait arrêter l'amiral et les inquisiteurs qui ont ordonné ce massacre, et ne les aient remis entre mes mains. Je sais bien qu'ils chercheront à faire tomber la vengeance de la République sur quelques misérables exécuteurs de leurs atrocités, mais nous ne prendrons pas le change.

Faites une note concise et digne de la grandeur de la nation que vous représentez et des outrages qu'elle a reçus; après quoi, partez de Venise et venez me joindre à Mantoue.

Ils n'ont rien exécuté de ce que je leur ai demandé. Ce sont tous les prisonniers qu'ils ont faits depuis que l'armée française est en Italie qu'ils devraient relâcher, et non pas un seulement, ainsi qu'ils l'ont fait.

Collection Napoléon.

BONAPARTE.

1761.AU GÉNÉRAL BERNADOTTE.

1

J'ai chargé le commandant Bourdé, commandant la force maritime de la mer Adriatique, et qui est en station à Trieste, de faire reconnaître la position d'un bâtiment de guerre vénitien que mon

1 Présumée de Palmanova, 11 floréal an V (30 avril 1797).

intention serait d'enlever à l'abordage. Vous voudrez bien, en conséquence, faire partir pour Trieste 300 grenadiers pour embarquer sur nos cinq frégates; après quoi, vous vous rendrez vous-même à Trieste, et vous concerterez cette opération avec le commandant Bourdé et le capitaine Sibille; et si, après tous les renseignements que vous aurez et le rapport que vous en fera le commandant Bourdé, vous êtes l'un et l'autre dans l'opinion que cette opération puisse réussir, vous donnerez tous les ordres pour séquestrer ce vaisseau. Il faut bien prendre garde, pendant ce temps-là, que les bâtiments vénitiens qui sont dans le port ne s'en aillent. Vous ferez également à Trieste placer tous ces bâtiments dans un port séparé, afin qu'ils n'aient aucune communication avec le reste, et qu'on ne puisse rien soustraire des marchandises qu'ils contiennent.

BONAPARTE.

Comm. par S. M. le Roi de Suède.

1762. AU DIRECTOIRE EXÉCUTIF.

Quartier général, Palmanova, 12 floréal an V (1er mai 1797).

Je reçois à l'instant des nouvelles de la République cispadane. Les choix ont été fort mauvais. Les prêtres ont influencé toutes les élections; des cardinaux et des évêques sont venus exprès de Rome pour diriger les choix du peuple; ils voient bien que leur salut ne dépend plus que de leur influence dans le Corps législatif.

La République cispadane, comme la Lombardie, a besoin d'un gouvernement provisoire pendant trois ou quatre ans, pendant lesquels on cherchera à diminuer l'influence des prêtres; sans quoi, vous n'aurez rien fait en leur donnant la liberté. Dans les villages, ils dictent des listes et influencent toutes les élections. Mais, conformément à vos ordres et aux traités, je vais commencer par réunir, sous un même gouvernement provisoire, la Lombardie et la Cispadane; après quoi je prendrai des mesures qui se concilient avec leurs mœurs, pour y diminuer l'influence des prêtres et éclairer l'opinion.

Collection Napoléon.

BONAPARTE.

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Quartier général, Palmanova, 12 floréal an V (1er mai 1797).

Le général en chef ordonne au général de division Augereau de partir de Milan, en poste, pour se rendre le plus promptement pos

sible à Vérone, et y prendre le commandement général de tout le Véronais. Il recevra des instructions du général en chef.

En attendant sa division, qui est encore à Klagenfurt et qui recevra bientôt des ordres de rentrer dans le Véronais, le général Augereau commandera toutes les troupes qui se trouvent dans le Véronais et celles qui y arriveront successivement.

Dépôt de la guerre.

--

Par ordre du général en chef.

1764. A MESSIEURS FRANCESCO DONATO ET LEONARDO GIUSTINIANI, DÉPUTÉS DU SÉNAT DE VENISE.

Mestre, 13 floréal an V (2 mai 1797).

Le général en chef de l'armée française en Italie, Bonaparte, me charge, Messieurs, de vous faire connaître que, quoique vous soyez munis des pleins pouvoirs du grand Conseil, il ne peut pas entrer en pourparlers avec vous sur les différends qui divisent la République française et la République de Venise, si, au préalable, le grand Conseil ne fait arrêter et punir d'une manière exemplaire les trois inquisiteurs qui n'ont cessé de persécuter tous les Vénitiens qui ont accueilli les Français. Le général en chef les trouve les véritables instigateurs des assassinats qui se sont commis sur la terre ferme, où plus de cinq à six cents Français ont péri, làchement assassinés.

Laugier, et ses malheureux compagnons, qui ont été assassinés dans votre port même et sous les yeux de votre Gouvernement, excitera parmi le peuple français un mouvement d'indignation que votre grand Conseil même doit partager.

Le général en chef Bonaparte exige que vous fassiez arrêter le grand amiral qui, de sa galère, a donné le signal de l'assassinat, et que par une punition proportionnée au crime qu'il a commis, la République française soit convaincue du cas que vous faites d'elle.

Le général en chef me charge de vous mander, Messieurs, qu'au surplus il donne des ordres pour qu'il ne soit fait aucune hostilité contre la République de Venise pendant quatre jours, à compter de demain.

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Quartier général, Palmanova, 13 floréal an V (2 mai 1797).

Je vous envoie ci-joint, mon cher Général, un manifeste relatif aux Vénitiens. Vous voudrez bien faire en sorte qu'il y en ait mille

exemplaires imprimés dans la nuit. Vous en enverrez une copie à la Congrégation de Milan pour qu'elle la fasse traduire en italien, et qu'elle la fasse imprimer et répandre partout.

MANIFESTE.

Pendant que l'armée française est engagée dans les gorges de la Styrie, et a laissé loin derrière elle l'Italie et les principaux établissements de l'armée, où il ne reste qu'un petit nombre de bataillons, voici la conduite que tient le gouvernement de Venise :

1° Il profite de la semaine sainte pour armer 40,000 paysans, y joint dix régiments d'Esclavons, les organise en différents corps d'armée, et les porte aux différents points pour intercepter toute espèce de communication entre l'armée et ses derrièrés. •

2o Des commissaires extraordinaires, des fusils, des munitions de toute espèce, une grande quantité de canons sortent de Venise même pour achever l'organisation des différents corps d'armée.

;

3o On fait arrêter en terre ferme tous ceux qui nous ont accueillis l'on comble de bienfaits et de toute la confiance du gouvernement tous ceux en qui l'on connaît une haine furibonde contre le nom français, et spécialement les quatorze conspirateurs de Vérone que le provéditeur Priuli avait fait arrêter, il y a trois mois, comme ayant médité l'égorgement des Français.

4° Sur les places, dans les cafés et autres lieux publics de Venise, l'on insulte et accable de mauvais traitements tous les Français, les dénommant du nom injurieux de jacobins, régicides, athées; les Français doivent sortir de Venise, et, peu après, il leur est même défendu d'y entrer.

5° L'on ordonne au peuple de Padoue, Vicence et Vérone, de courir aux armes, de seconder les différents corps d'armée, et de commencer enfin de nouvelles Vêpres siciliennes. Il appartenait au lion de Saint-Marc, disent les officiers vénitiens, de vérifier le proverbe, que l'Italie est le tombeau des Français.

6o Les prêtres en chaire prêchent la croisade, et les prêtres, dans l'État de Venise, ne disent jamais que ce que veut le gouvernement. Des pamphlets, des proclamations perfides, des lettres anonymes sont imprimés dans les différentes villes et commencent à faire fermenter toutes les tètes; et, dans un État où la liberté de la presse n'est pas permise, dans un gouvernement aussi craint que secrètement abhorré, les imprimeurs n'impriment, les auteurs ne composent que ce que veut le Sénat.

7° Tout sourit d'abord aux projets perfides du gouvernement. Le

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