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qu'a duré son mouvement, il est essentiel que nous tenions la même marche dans ces circonstances. Mais Miot se plaint déjà de ce que la cour de Turin abuse de sa victoire et se porte à des excès de toute espèce. Elle arme les paysans, quoique je lui eusse fait sentir combien cette mesure était dangereuse. Plusieurs Français ont, à ce qu'on m'assure, été déjà assassinés du côté d'Alexandrie. Je crois donc que, jusqu'à ce que l'on voie le parti que la cour va prendre aujourd'hui, il ne faut rien faire qui puisse nous ôter les moyens de la tenir en respect. Il serait d'ailleurs contre le droit des gens et nos principes de refuser de donner refuge à des hommes persécutés. BONAPARTE.

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Quartier général, Milan, 27 thermidor an V (14 août 1797).

ARTICLE 1.—Tous les papiers du Sénat, tous ceux des inquisiteurs d'État et du conseil des Dix, seront réunis dans un même local, sous la garde d'un archiviste nommé par la municipalité.

ART. 2. Avant le déplacement des papiers, il sera procédé à la vérification de ces archives par deux commissaires nommés par la municipalité, deux officiers choisis par le citoyen Baraguey d'Hilliers et le citoyen Bassal.

ART. 3. La commission est autorisée à donner décharge aux agents chargés ci-devant de ces archives, dans le cas où il sera reconnu qu'il n'en a été rien soustrait qui soit important.

ART. 4. Tous les papiers resteront à la disposition de la commission jusqu'à la fin de son travail.

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ART. 5. Toutes les pièces, correspondances et actes qui peuvent intéresser le Gouvernement français, seront séparés pour être inventoriés, visés, parafés et scellés.

Dépôt de la guerre.

BONAPARTE.

2100.AU GÉNÉRAL DE BRIGADE LAFON,
COMMANDANT LA SUBDIVISION DU LIAMONE (CORSE).

Quartier général, Milan, 27 thermidor an V (14 août 1797).

J'ai reçu, mon cher Général, votre lettre du 12 thermidor; j'ai appris avec plaisir que vous étiez content de la tranquillité du pays où vous êtes, tout comme de la bonne discipline des troupes qui sont sous vos ordres.

J'ai appris également avec plaisir la bonne conduite que la 19°

tient en Corse; je vous prie de lui en faire connaître à l'ordre ma satisfaction.

Contribuez autant que vous pourrez à la tranquillité du pays où vous êtes; laissez-leur leur religion, leurs prêtres, leurs cloches, pourvu qu'ils soient bons citoyens et qu'ils aiment les Français.

Je vous salue.

Comm. par Mme Leenhardt, née Lafon.

BONAPARTE.

2101.AU GÉNÉRAL BERTHIER.

Quartier général, Milan, 27 thermidor an V (14 août 1797).

Vous voudrez bien donner l'ordre au citoyen Walville de se rendre à Loano, Monaco, Villefranche, Nice et Antibes, et de dresser un état des pièces d'artillerie hors de service, en se faisant assister, dans les procès-verbaux qu'il dressera, d'un ou deux officiers d'artillerie de chacune de ces places; il prendra à Loano des informations pour savoir ce que sont devenues les cent pièces de canon de campagne hors de service qui se trouvaient dans cette place.

Dépôt de la guerre.

BONAPARTE.

2102.AU GÉNÉRAL JOUBERT.

Quartier général, Milan, 28 thermidor an V (15 août 1797).

Il ne faut point, Citoyen Général, restituer les armes aux habitants; vous pouvez cependant en accorder aux chasseurs; mais vous devez vous réserver, à vous seul, le droit d'accorder cette permission, afin que cela ne devienne jamais très-considérable.

Quant aux bourgs ou villes auxquelles vous jugerez nécessaire d'accorder quelques armes pour leur police, je n'y vois point non plus d'inconvénient.

Collection Napoléon.

BONAPARTE.

2103. AU DIRECTOIRE EXÉCUTIF.

Quartier général, Milan, 29 thermidor an V (16 août 1797). L'Empereur paraît diriger toutes ses forces vers l'Italie; les nombreuses recrues qu'il fait, jointes aux prisonniers qu'on lui a rendus, et qu'il a le temps d'exercer, le mettront dans le cas de m'opposer une armée formidable. Peut-être jugerez-vous essentiel de faire passer à l'armée d'Italie une augmentation de cavalerie, quelques compagnies d'artillerie et quelques demi-brigades d'infanterie.

Vous jugerez également nécessaire d'ordonner au général Kellermann de renvoyer de l'armée des Alpes tous les détachements qu'il a des demi-brigades appartenant à l'armée d'Italie.

J'ai envoyé à la citadelle de Corfou les deux bataillons de la 79°; je désirerais que vous donnassiez l'ordre au général Sahuguet de nous faire passer le 3e, qui se trouve à Avignon, et que je ferai également partir pour Corfou.

Les iles de Corfou, de Zante et de Céphalonie sont plus intéressantes pour nous que toute l'Italie ensemble.

Je crois que si nous étions obligés d'opter, il vaudrait mieux restituer l'Italie à l'Empereur et garder les quatre îles, qui sont une source de richesse et de prospérité pour notre commerce. L'Empire des Turcs s'écroule tous les jours; la possession de ces îles nous mettra à même de le soutenir autant que cela sera possible, ou d'en prendre notre part.

Les temps ne sont pas éloignés où nous sentirons que, pour détruire véritablement l'Angleterre, il faut nous emparer de l'Égypte. Le vaste Empire ottoman, qui périt tous les jours, nous met dans l'obligation de penser de bonne heure à prendre des moyens pour conserver notre commerce du Levant.

Les citadelles de Corfou, de Zante et de Céphalonie sont en trèsbon état, pourvues d'une nombreuse artillerie; je fais réparer les affûts, et je viens d'y envoyer des vivres et des munitions pour un an. Je désirerais donc avoir le 3o bataillon de la 79° demi-brigade, que j'y ferai passer. Je vais y envoyer 2,000 hommes cisalpins. BONAPARTE.

Collection Napoléon.

2104. AU PACHA DE SCUTARI.

Quartier général, Milan, 29 thermidor an V (16 août 1797). J'ai lu avec le plus grand plaisir les choses flatteuses contenues dans la lettre de Votre Seigneurie.

La République française est l'amie vraie de la Sublime Porte; elle estime plus particulièrement la brave nation albanaise qui est

sous vos ordres.

J'ai entendu avec douleur le malheur qui est arrivé à votre illustre frère : cet intrépide guerrier méritait un sort digne de son courage; mais il est mort de la mort des braves.

Votre Seigneurie trouvera ci-joint l'ordre que j'ai donné pour que désormais le pavillon ottoman puisse voyager sans inquiétude dans l'Adriatique. Non-seulement les Turcs seront traités comme les

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autres nations, mais même avec une spéciale partialité. J'ai détruit l'usage barbare des . . . Dans toutes les occasions, je protégerai les Albanais, et je me ferai un plaisir de donner à Votre Seigneurie une marque de mon estime et de la haute considération que j'ai pour elle.

Je prie Votre Seigneurie de recevoir, comme une marque de mon amitié, les quatre caisses de fusils que je lui envoie.

BONAPARTE.

Collection Napoléon.

2105. ORDRE.

Quartier général, Milan, 29 thermidor an V (16 août 1797).

Le général en chef, voulant donner, au nom de la République française, à la Sublime Porte une marque de son estime et de son amitié, ordonne :

1er.

ARTICLE 1o. — Aux généraux commandant les différentes places de commerce occupées par les Français en Italie, d'accorder une protection spéciale aux sujets ottomans, grecs, et surtout aux Albanais. ART. 2. Tous sujets ottomans seront maîtres de se loger où il leur plaira, sans que l'on puisse les astreindre à demeurer tous dans une même maison et à rentrer à une heure fixe.

ART. 3. Les bâtiments de la République dans l'Adriatique accorderont protection et secours aux bâtiments portant pavillon ottoman, et spécialement les grecs et les albanais.

BONAPARTE.

Dépôt de la guerre.

2106. AU MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES. Quartier général, Milan, 29 thermidor an V (16 août 1797).

Vous trouverez ci-joint, Citoyen Ministre, copie de la lettre que je réponds au pacha de Scutari, avec l'ordre que je donne pour faire respecter le commerce des Turcs dans toute l'Adriatique.

Notre occupation des îles de Corfou, Zante et Céphalonie exige que nous nous mettions en correspondance avec les différents pachas de l'Albanie. Ce peuple est très-porté pour les Français. Ces îles sont pour nous de la plus grande importance. C'est en vain que nous voudrions soutenir l'Empire de Turquie; nous verrons sa chute de nos jours; l'occupation de ces quatre belles îles sera pour nous un moyen de le soutenir ou de nous faire notre part. Le fanatisme de la liberté, qui déjà commence à aborder en Grèce, y sera plus puis1 Ici une lacune facile à remplir au moyen de la pièce no 2105, art. 2.

sant que le fanatisme religieux. Le grand peuple y trouvera plus d'amis que le Russe.

Corfou et Zante nous rendent maîtres de l'Adriatique et du Levant. La citadelle de Corfou est des plus respectables, et notre état militaire dans cette île est déjà très-important.

Archives des affaires étrangères.

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BONAPARTE.

2107. AU MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES. Quartier général, Milan, 29 thermidor an V (16 août 1797). Citoyen Ministre, je suis fàché du parti qu'a pris le Gouvernement. L'Empereur ne veut pas la guerre, et si Thugut ne veut pas la paix, il n'ose pas signer la guerre. L'Empereur exerce ses recrues, fortifie ses places, mais ne sera prêt que dans six mois. Si vous eussiez, dans cette situation morale et militaire, tracé le cercle de Popilius, vous auriez la paix dans quinze jours à Udine, ou dans un mois à Vienne. Mais août est passé; septembre se passe; plus d'espoir pour l'hiver. Les neiges vont commencer à couvrir les Alpes Juliennes et Noriques.

Ces gens-ci sont si lents! Dans leur idée, une paix de cette nature doit être méditée trois ans. Ajoutez à cela l'espérance des mouvements intérieurs, la vue de la misère de nos armées du Rhin et les tripotages diplomatiques pour lier un autre système d'alliés, et vous vous assurerez que la paix tardera longtemps à se faire.

Mais plus la paix tardera à se faire, plus elle sera avantageuse à l'Empereur, qui aura réorganisé ses armées.

Si l'on s'aperçoit que les nouvelles conférences d'Udine traînent en longueur, il faut réorganiser la République de Venise, c'est-à-dire réunir Brescia et Mantoue à Milan, se servir de notre influence pour réunir toutes les villes vénitiennes au delà de l'Adige avec Venise, et y constituer un gouvernement vigoureux. Veuillez bien me faire connaître les intentions du Gouvernement sur ces deux objets essentiels. Le roi de Sardaigne abuse un peu de sa victoire; il a fait déjà fusiller plus de 200 personnes, l'élite de la nation. Je lui ai écrit' pour mettre un peu de modération et sauver quelques malheureux patriotes qu'il brûle d'égorger. Cette conduite ne fera qu'activer une seconde révolution. Les rois d'aujourd'hui ne savent pas être sévères et cléments à propos; ils font ce qu'ils peuvent; ils se conduisent selon les circonstances.

1 Cette lettre n'a pas été retrouvée.

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