Les anciens avaient coutume de dire: Il n'est pas permis à tout le monde d'aller à Corinthe, pour désigner un citoyen incapable d'occuper tel ou tel emploi, ou d'atteindre à un résultat d'imagination auquel ses facultés intellectuelles ne pouvaient lui permettre d'arriver; moi je crois que dans cette occasion je pourrais dire aujourd'hui : Il n'est pas permis à tout le monde de bien mettre

sa cravate.

En effet, que de soins, que de persévérance, que d'attention, que d'étude, que de connaissances diverses ne faut-il pas à l'homme jaloux de faire mesurer son esprit, ses talens, que dis-je? son génie, sur la manière dont sa cravate est entendue et raisonnée? Cé sont ces connaissances diverses, ces

attentions, ces soins que je vais tâcher de rendre familiers à mes lecteurs.

Lorsque des cravates sont rapportées du blanchissage, on doit examiner de suite, et avant de les classer, si elles ont été bien blanchies, bien empesées, bien pliées et bien repassées, afin de juger au premier coup-d'œil celles qui doivent être mises de telle ou telle manière.

De la façon dont elles sont préparées dépend une bonne exécution dans la mise et la composition du nœud.

Les cravates sont-elles mal blanchies, mal empesées, mal pliées, mal repassées, elles jaunissent, et se fanent promptement; dès le premier jour qu'elles sont assujéties autour du cou, elles ont l'air d'être sales. Du reste, les cravates préparées en tout point comme il faut ont une apparence de recherche et de parure que n'offrent pas les autres.

L'empois communique aux cravates une sorte de raideur, de souplesse, de consistance et d'élasticité tout ensemble, qui les fera toujours rechercher et préférer en hiver comme en été. Cependant il est des exceptions, et nous les ferons connaître au fur et à mesure que les cas s'en présenteront.

Il est de fait que l'empois, en bouchant les plus petits trous (nous n'entendons pas parler ici de ceux qui proviennent de vétusté, accidentellement ou par la pression de la barbe, mais bien de ceux naturels et résultant des interstices qui existent dans toute espèce de linge ou tissus plus ou moins serrés, en raison de la matière dont ils sont fabriqués); l'empois, disons-nous, s'oppose efficacement à toute introduction de l'air extérieur en hiver.

En été, et pendant les grandes chaleurs, l'empois est encore d'un avantage incalculable, et qu'il serait impossible d'attendre du linge non empesé, puisque ce dernier, en faisant éponge, s'applique indistinctement sur toutes les parties du cou, tandis que le premier l'enferme sans aucune espèce de

contact.

En général, l'empois est aux cravates ce que le cuir est au bout d'une queue de billard : ainsi préparées, on fait des unes et des autres tout ce que l'on veut '.

Lorsqu'une cravate est posée, et que le nœud est fait (bien ou mal), quel que soit le système ou la manière que l'on ait suivi dans sa confection, la

Opinion de M. Charrier, professeur de billard.

(Note de l'Éditeur.)