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Celles à grandes raies horizontales ou à larges pois sont préférables. La couleur qui sied le mieux est celle dite cuir de Russie; quelquefois la cravate noire (taffetas ou gros de Naples) se porte de cette manière, mais alors le jabot bridé 1 est de rigueur. La vie est souvent comparée à une route pénible, et c'est probablement de cette idée philosophique que l'on a conclu que la cravate COLLIER DE CHEVAL pouvait fort bien parer l'homme, qui traîne quelquefois après lui des maux plus pesans que les plus lourds fardeaux. Cependant cette manière de se cravater est très-vulgaire; et si je l'ai consignée ici, c'est plutôt pour la signaler comme étant de mauvais goût que comme un modèle bon à suivre.

La cravate COLLIER DE CHEVAL ne s'empèse pas, ct elle se plie comme il est indiqué à la planche A,' figure ire.

(Voyez aussi la figure annoncée en tête de cette Leçon.)

On entend par jabot bridé celui qui, étant plissé à petits plis plats, et déjà fixé d'un côté à la partie supérieure par une épingle quelconque, se ramène du côté opposé par la partie inférieure, et forme sur le bas de la cravate une espèce d'éventail en en masquant la base ou le nœud. (Note de l'Éditeur.)

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(Planche C, figure 15.)

Le nom seul de cette cravate doit assez indiquer qu'elle ne convient pas à tous les visages indistinc

tement.

O vous dont la nature n'a pas complaisamment

arrondi les joues, satiné la peau, animé les yeux,

pétri le teint de lis et de roses! vous, enfin, à qui cette capricieuse nature n'a donné ni des perles pour dents, ni du corail pour lèvres (ce qui ne serait pas très-commode)! vous, en un mot, dont la figure n'a pas cet attrait sympathique qui porte à l'instant le trouble dans les cœurs, le désordre dans toutes les pensées, gardez-vous d'élever une tête qui ressemblerait à celle d'un pâtissier, ou pareille à la plupart de celles des habitués du café de la Régence....! Je le répète, prenez-y garde, et assurez-vous-en bien d'avance: si votre physionomie ne respire pas les traits de l'amour, de la langueur, de la passion, et que vous vous avisiez de vous cravater sentimentalement, on aura bientôt épuisé sur vous tous les traits du ridicule!

Ce n'est pour ainsi dire qu'à l'adolescence que la CRAVATE SENTIMENTALE peut être consacrée; il faut qu'il y ait encore quelque chose d'enfantin répandu sur toute la personne de celui qui veut s'en parer. S'il en est ainsi, on peut l'adopter en commençant seulement à la porter à dix-sept ans. Le jeune homme le plus agréable ne peut décemment se la permettre passé vingt-sept.

Du reste, on ne saurait contester que cette cravate ne soit tout l'opposé de l'Orientale ou du cOLlier de cheval. Il est nécessaire, avant tout, qu'elle soit très-empesée, je dirai même très-raide; un seul noeud, dit rosette, à sa partie supérieure, est placé le plus près possible du menton. On affectionne particulièrement pour cette cravate cette nuance de rose tendre connue parmi les vieux botanistes sous le nom de cuisse de nymphe émue, ou bien encore ce jaune-clair que l'on désigne sous le nom de queue de serin amoureux.

C'est en province que la cravate sentimentale se porte de préférence. Dans la capitale on n'en rencontre que fort peu.

La percale ou la batiste sont préférables.

(Voyez la figure indiquée.)

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PUISQU'IL y a toujours eu quelque chose d'étounant dans tout ce qui est sorti du bizarre génie de lord Byron, on ne devait s'attendre à trouver dans le genre de cravate que ce prince des poètes romantiques avait adopté, ni cette élégance recherchée, ni cette minutieuse exactitude qui caractérisent généralement les cravates des fashionables de sa patrie.

On ne peut douter que la moindre contrainte exercée sur le corps n'agisse presque toujours sur l'esprit. Qui pourrait donc dire jusqu'à quel point une cravate plus moins empesée, plus ou moins serrée, peut être susceptible d'arrêter les élans de l'imagination ou d'étouffer la pensée ?

Cependant il est à croire que l'illustre chantre du Corsaire craignait beaucoup l'influence de la cravate sur son imagination, et qu'il n'en portait que lorsqu'il était contraint de s'astreindre aux bienséances de la vie positive; et, ce qui viendrait à l'appui de cette assertion, c'est que dans les por

traits du noble lord publiés en France même avant sa mort, où il est représenté dans le feu de la composition, son cou est dégagé de toutes les entraves d'une cravate, comme celui de l'indompté coursier, libre de toute espèce de frein 1.

La cravate à laquelle le poète le plus celèbre de notre époque a donné son nom offre avec la forte majorité des autres cravates une différence trèsimportante. Cette différence consiste dans sa disposition première. En effet, au lieu de la présenter d'abord à la partie antérieure du cou, on l'applique au contraire à la partie postérieure pour en ramener ensuite les deux extrémités en avant et sous le menton, et les attacher en un grand nœud large ou rosette au moins de six pouces de longueur sur de circonférence. quatre

Cette cravate est très-commode en été et dans les voyages, parce que ne faisant qu'une seule fois le tour du cou, elle lui laisse une liberté absolue.

Sa couleur doit être blanche ou noire; elle ne doit pas être empesée, et se plie comme il est indiqué à la planche 1oo, figure A.

(Voyez la figure indiquée en téte de cette leçon, planche C, figure. 16.)

Le Corsaire.

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