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vue, comme préfigurant la mort de Christ, le sacrifice est un symbole imposant et solennel destiné à faire comprendre, tout à la fois au pécheur, ce qu'est le péché, tout ce qu'il a d'odieux et de terrible, et le merveilleux amour de Celui qui est la propitiation pour nos péchés. Si le sacrifice d'un animal innocent n'avait pas une semblable signification, il ne serait qu'un acte dégoûtant et cruel, indigne de Dieu et de l'homme. «< Et Noé bâtit un autel à l'Eternel, et prit de toute bête nette et de tout oiseau net, et il offrit des holocaustes sur l'autel, et l'Eternel flaira une odeur qui l'apaisa. » C'était d'après l'ordre de Dieu que Noé avait soigneusement préservé du déluge ces animaux ; et pourrait-on supposer qu'il leur eût maintenant ôté la vie si Dieu ne lui en eût donné l'ordre? Si ce sacrifice eût, été l'acte cruel d'un « culte volontaire, » il eut été en abomination à l'Eternel, et il n'eût pas «< flairé une odeur qui l'eût apaisé. » Ce que Dieu a dit des sacrifices, qui n'étaient qu'une vaine forme ou un acte d'hypocrisie, s'appliquerait avec bien plus de force à un acte de « culte volontaire » aussi présomptueux. «Qu'ai-je à faire de la multitude de vos sacrifices? » Mangerais-je la chair

des gros taureaux, et boirais-je le sang des boucs?»> (Esaïe I, 11; Ps. L, 13.)

J'adopte entièrement l'opinion que l'institution des sacrifices date de la chute de l'homme. « Et l'Eternel Dieu fit à Adam et à sa femme des robes de peau, et les en revêtit. » Je ne pense pas que Dieu ait ôté la vie à des animaux uniquement pour procurer des vêtements à Adam et à Eve. En rapprochant ce fait de la place importante qu'ont occupée les sacrifices dans le culte institué par Dieu, on ne peut douter que ces robes dont Dieu. revêtit Adam et Eve ne fussent faites avec les peaux des animaux qui avaient été immolés lors de l'institution des sacrifices: s'il n'eût été question que de vêtements pour Adam et Eve, ils avaient prouvé qu'ils sauraient bien s'en procurer.

Caïn et Abel apprirent certainement de leurs parents à offrir à Dieu le culte qui lui était agréable. Chacun d'eux apporta une oblation (mincha) à l'Eternel; mais l'offrande de Caïn fut simplement celle d'une créature qui n'est pas déchue, quelques fruits de la terre destinés à représenter une sorte de relation féodale; tandis que celle d'Abel fut tout à la fois une oblation et un sacrifice. L'offrande de Caïn aurait pu être

acceptée si elle eût été accompagnée d'une oblation pour le péché : « Si tu ne fais pas bien une offrande pour le péché est couchée à la porte 1. >> (Gen. IV, 7.) De même que la mincha ou offrande d'un Israélite était dans des temps postérieurs sanctifiée par l'holocauste continuel, le sacrifice journalier du matin et du soir, ainsi l'offrande de fruits de Caïn eût pu être acceptée de Dieu si elle eût été accompagnée du «< sang de l'expiation, » sans lequel il n'y a point de rémission des péchés.

C'est un spectacle instructif que l'anxiété avec laquelle les personnes qui nient la doctrine de l'expiation s'efforcent d'affaiblir l'effet de passages de l'Ecriture tels que ceux que je viens de citer. En hébreu, les mots graisse et lait ont les mêmes lettres, on ne les distingue que par les points voyelles; aussi voit-on ceux qui voudraient pouvoir prouver que le sang ne faisait pas non plus partie du sacrifice d'Abel traduire : « Et Abel apporta aussi des premiers nés de son troupeau et de leur lait. » Mais comme nous ne voyons en

1 Aucun hébraïsant digne de ce nom ne refusera de reconnaitre que telle est la traduction la plus exacte de ce passage.

de ce

peau.

aucune autre occasion le lait faire partie des offrandes, tandis que la graisse est toujours nommée, il est clair qu'on n'a adopté cette traduction que dans le désir de se débarrasser de la doctrine · de l'expiation. J'ai vu avec satisfaction que les traducteurs juifs qui ont fait la nouvelle version dont j'ai parlé plus haut n'ont pas fait usage subterfuge, et ont traduit « graisse. » Nous ajouterons un mot sur les robes de Le rabbin Salomon Yarchi suggère que ce mot pourrait bien signifier la fourrure, ou la laine des peaux. Cette remarque n'est pas sans importance; elle trahit la crainte de voir tirer certaines conclusions de cette circonstance que Dieu vêtit nos premiers parents avec des peaux. La pensée de traduire de cette manière n'a pu être suggérée que par une semblable crainte, le mot hébreu n'étant jamais employé dans l'Ecriture comme signifiant autre chose que peau.

Il n'est aucune portion de la Parole de Dieu qui présente un intérêt plus profond que le troisième chapitre de la Genèse, car il contient en germe tout ce qui a été révélé plus complétement dans la suite. L'histoire de la race humaine, depuis ce temps-là jusqu'à 'aujourd'hui, est tout à

la fois un récit et une explication des conséquences de l'œuvre qu'a faite le serpent lorsqu'il a séduit nos premiers parents; et le but de toutes les révélations qui ont suivi celle-là a été de rendre, jusqu'à un certain point, la créature capable de résister aux funestes effets de la chute par la puissance du libérateur promis, cette postérité de la femme qui doit écraser la tête du serpent; et mettre finalement à néant le mal qu'il a fait à cette création, qui était si belle et si bonne en sortant des mains de Dieu.

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Il n'est rien aujourd'hui qui menace d'être plus funeste à la cause de la vérité que l'affaiblissement de la croyance à l'infaillibilité des saintes Ecritures. En pareille matière il n'y a pas de milieu si les Ecritures ne sont pas infaillibles, elles peuvent se tromper, et, dans ce cas, elles ne conservent aucune autorité. Au lieu d'être jugés par la Bible, c'est nous qui. la jugerons, nous mettrons en question tous ses préceptes, et avant d'obéir nous lui demanderons de nous prouver que chacun des commandements qu'elle contient est utile et raisonnable. Nous en viendrons à nous moquer de cette parole qui revient si souvent": <«< Ainsi a dit l'Eternel, » et nous dirons : C'est

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