Images de page
PDF
ePub

et ils se dispersent çà et là pour construire une nouvelle société. Quel est le caractère moral de toutes ces grandes nations de l'antiquité que l'on voit successivement naître, prospérer et déchoir? Comme le dit l'auteur inspiré de nations plus anciennes encore, tous les habitants de ce pays-là étaient << méchants, et ils étaient de grands pécheurs contre l'Eternel.» (Gen. XIII, 13.) Si nous nous trouvions personnellement en contact avec quelques-uns de ces hommes que nos souvenirs classiques nous montrent couronnés de gloire, nous nous éloignerions peut-être en frémissant dé ceux en qui nous ne verrions plus que des monstres d'iniquité!

La société tend constamment à rétrograder dès qu'elle se relâche dans les efforts qu'elle fait pour avancer, ou que ses progrès sont interrompus par des causes extérieures. Elle ne ressemble pas à un sol fertile longtemps négligé, qui redevient aussi productif que jamais dès qu'on l'a débarrassé des hautes herbes qui le couvrent, et qu'on a élagué un feuillage trop épais; elle tient plutôt de la nature d'un triste marécage qu'on a transformé en jardin à force de dépense et de travail, et qu'on retrouve, après quelques années d'abandon, dans

sa première désolation: de sorte que ce n'est qu'avec beaucoup de temps et d'efforts qu'on parviendrait à lui rendre un peu de fertilité. L'élégance de manières qui distingue les sociétés qui ont joui d'un long période de civilisation est peut-être une chose plus superficielle qu'on ne se l'imagine, ou qu'on ne serait disposé à l'admettre. J'ai entendu citer plusieurs exemples d'hommes qui se distinguaient par leurs manières polies, et, comme ils s'en étaient probablement flattés jusqu'alors, par leur esprit délicat, qui, ayant émigré dans un pays qui n'était pas encore civilisé, ont rejeté très vite et sans effort toutes les convenances de la vie civilisée, et se sont tellement dégradés au moral et au physique, qu'ils sont tombés presque au niveau des misérables aborigènes. Ce sont là certainement des cas exceptionnels; mais ils indiquent la tendance naturelle de l'humanité déchue qui se manifeste dès que les barrières salutaires élevées par la société sont renversées.

Ceux qui attendent «<le rétablissement de toutes choses » (Act. III, 21), lors du second avénement du Messie, le Seigneur Jésus-Christ, et qui ne se flattent pas de voir une amélioration permanente avant cette époque, sont souvent accusés de con

sidérer sous un point de vue sombré et désespérant l'état actuel du monde, et le résultat des efforts qui ont pour but l'avancement du règne de Dieu. Je puis dire en toute sincérité que, si je comptais sur les efforts des hommes pour amener le millenium, j'en désespérerais complétement. Quand je suis obligé de reconnaître que le christianisme extérieur a fait jusqu'ici des progrès si lents, et que le christianisme réel et vivant en a fait bien moins encore; quand je vois les puissances du monde s'unir aux puissances de l'Eglise pour étouffer l'Evangile, et ceux qui se prétendent inspirés par l'esprit de la liberté former trop souvent une odieuse alliance avec l'incrédulité et l'impiété ; lorsque de nobles esprits, qui semblent appelés à donner le ton aux hommes distingués par leur instruction et leur talent, exaltent la nature humaine, qu'ils déclarent excellente et parfaite; lorsque enfin le monde qui est opposé à Dieu se montre si actif et si capable, tandis que l'Eglise est si faible et si divisée, je ne puis entretenir le plus faible espoir que la conversion du monde, comme on s'exprime, doive s'accomplir bientôt par les travaux des missionnaires. Bénis soient leurs efforts, car ils sont entre les mains de Dieu

des instruments pour le salut de bien des âmes! ils appellent les membres de la glorieuse Eglise << la fiancée et l'épouse de l'Agneau ; »> mais si je me confiais à ces efforts pour amener l'époque où <«< la terre ențière sera couverte de la connaissance de l'Eternel, »> « la gloire des derniers jours m'apparaîtrait à une distance presque désespérante. Je ne m'attends pas à ce que le monde s'améliore d'une manière progressive; l'Ecriture nous annonce des «< guerres et des bruits de guerre, des famines, des pestes et de grands tremblements de terre en divers lieux; » elle ajoute « les hommes seront comme rendant l'âme de frayeur, dans l'attente des choses qui arriveront par tout le monde ; » et ALORS, en ce temps-là, et non pas lorsque le monde sera entièrement converti, «< on verra venir le Fils de l'homme sur une nue, avec une grande puissance et une grande gloire (Luc XXI, 26, 27; Matt. XXIV, 7), pour « faire éclater sa grande puissance et entrer dans son règne. » Nous donc, « lorsque ces choses commenceront à arriver, » regardons «< en haut et levons la tête,» parce que >> parce que notre « délivrance approche» (Luc XXI, 28), et que notre Messie reviendra pour compléter son œuvre; après avoir

>>

fait « propitiation pour l'iniquité » à son premier avénement, au second il amènera « la justice des siècles» (Dan. IX, 24), et la terre sera remplie de la connaissance de l'Eternel comme le fond de la mer des eaux qui le couvrent. » Epoque glorieuse! Qui pourrait croire que le temps est proche, et se laisser complétement absorber par les intérêts et les amusements de ce siècle mauvais? qui pourrait voir tous les maux qui couvrent cette terre, qui est en travail, sans désirer et hâter par ses prières «< la venue du jour de Dieu » (2 Pierre III, 12), sans répéter avec ferveur après saint Jean: « Oui, seigneur Jésus, viens! >>

La dispensation patriarcale offre bien des traits intéressants dignes d'être étudiés, si les limites que j'ai dû me tracer me le permettaient. L'union des fonctions de roi et de sacrificateur dans le chef de la famille rappelle à ceux qui étudient les prophéties ce passage, qui nous apprend que le chef de l'Eglise sera << sacrificateur sur son trône. »> (Zach. VI, 13.) L'histoire de Job nous montre que ces pères de famille sacrificateurs connaissaient la doctrine du Libérateur qui doit venir, ainsi que celle de l'expiation. Ce pieux patriarche n'offrait pas seulement le sacrifice commémoratif

« PrécédentContinuer »