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CHAPITRE XI.

REVOLUTIONS EN FRANCE, EN ALLEMAGNE, EN HONGRIE ET

EN ITALIE

(de 1848 à 1849).

Les événements politiques qui ont troublé si profondément la société en France, en Allemagne, en Hongrie et en Italie, pendant les années 1848 et 1849, sont trop connus et trop rapprochés encore du moment où nous traçons ces lignes, pour qu'il soit nécessaire d'en faire mention autrement que d'une manière sommaire.

Nous avons déjà dit, dans l'introduction, quels ont été les résultats de la révolution qui éclata à Paris le 24 Février 1848: nous n'ajouterons ici que quelques mots sur la marche qu'elle a suivie. On demandait la réforme (de la loi électorale); des banquets politiques avaient eu lieu dans plusieurs provinces en vue de propager ce moyen d'opposition; le gouvernement s'opposa à la réunion du banquet qui devait avoir lieu dans Paris; les meneurs de l'opposition s'empressèrent d'exploiter le mécontentement qu'excita cette défense; la foule parcourait les rues; un coup de pistolet tiré sur un peloton de cavalerie stationné devant le ministère des affaires étrangères engagea une première lutte: plusieurs personnes furent tuées, et les meneurs qui appartenaient au parti qui avait

pour organe dans la presse quotidienne, le journal Le National, demandèrent la république. Le roi abdiqua la couronne; il nomma régente du royaume la duchesse d'Orléans; cette princesse accompagnée de ses enfants et de son beaufrère, le duc de Nemours, se rendit le 24 Février à la chambre des députés: on lui cria «il est trop tard!» la république fut proclamée: le personnel d'un gouvernement fut choisi: il se composa de onze membres qui se partagèrent les départements ministériels. L'élection du président de la nouvelle république (second essai d'un mode de gouvernement opposé à l'esprit et aux mœurs des Français!), fut remise au suffrage universel qui s'arrêta sur le prince Louis Napoléon. La représentation nationale se montra sans cesse en opposition avec la marche du gouvernement du président, et semblait même disposée à s'emparer du pouvoir, comme la convention de 1793: le prince la brisa et fit appel à la nation. Ce coup d'état vigoureux, habile et dirigé avec une haute intelligence, sauva la France, qui, dans le mois de Décembre 1852 releva le trône impérial et y fit monter le président sous le nom de Napoléon III, avec hérédité dans sa famille: le suffrage universel a donné l'approbation la plus éclatante à ce grand acte par 7,389,552 votes sur 8,157,752

votants.

La révolution italienne avait commencée le 12 Janvier 4848, par une émeute qui éclata à Palerme; le roi des DeuxSiciles octroya une constitution qui s'appliquait à ses divers états en deça et au delà du Phare. La Sicile la repoussa; elle se déclara indépendante, et prononça la déchéance de la dynastie de Bourbon: elle offrit la couronne à un prince de la maison de Savoie, qui ne l'accepta pas. A la suite des bombardements de Palerme et de Messine, et de l'appaisement des troubles qui avaient éclaté à Naples, le roi Ferdinand II parvint à rétablir l'ordre dans son royaume

et reprit son autorité souveraine dans toute sa plénitude.

Mais la fermentation qui existait partout en Italie, portait ses diverses Populations de la Péninsule à vouloir ne former qu'un seul: elles caressaient la chimère d'une Italie unitaire.

Une armée italienne s'organisa: elle avait pour mission de chasser les Autrichiens de l'Italie; Rome que le pape Pie IX fut bientôt obligé de quitter pour se réfugier à Gaëte, après avoir vu son premier ministre, le comte Rossi, assassiné sur le seuil du palais de l'assemblée des députés, Rome se transforma en une république gouvernée par un triumvirat: la Toscane, oublieuse de l'administration paternelle de son souverain, qui s'était vu dans la nécessité de quitter ses états, après avoir essayé, pendant quelques mois, de l'administration républicaine, s'incorpora à la république romaine; Venise déclara son indépendance; la Lombardie proposa au roi de Sardaigne, qui accepta, de la réunir à ses états.

Le roi Charles-Albert se mit à la tête de l'armée italienne, composée des volontaires de tous les pays italiens et des détachements envoyés par les gouvernements: cette armée sembla, dans le principe, repousser jusqu'à Vérone le maréchal comte Radetzki qui, en réalité, ne se retirait, sans avoir été battu, que pour ne pas laisser couper ses communications avec l'empire, et, comme Fabius que Rome avait opposé à Annibal, il voulut éviter le combat pour donner le temps une armée composée de tant d'éléments divers, de se fatiguer et de perdre son premier enthousiasme. Quand il crut le moment venu, ce qui ne se fit pas longtemps attendre, le maréchal Radetzki prit l'offensive.

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Pendant ce temps, la France avait mis sur pied un corps d'armée destiné a faire rentrer le pape dans ses états: le siége de la métropole du monde catholique fut commandé par le général de division Oudinot, duc de

Reggio, qui s'empara de Rome le 21 Juin 1849, et chassa le triumvirat.

Déjà, le maréchal Radetzki qui avait fait reculer l'armée italienne, et reprit possession de la Lombardie, avait battu, le 23 Mars précédent, le roi Charles-Albert: ce prince avait cherché vainement à se faire tuer quand il reconnut que la victoire se déclarait contre lui.

Ces deux grands événements ont mis fin à la révolution italienne des années 1848 et 1849; l'ordre fut bientôt rétabli dans tous les états italiens: parmi les pays qui s'étaient soustrait à l'autorité de l'Autriche, Venise fut la dernière à déposer les armes.

La révolution qui avait armé la Hongrie contre son souverain, fut vaincue après une lutte prolongée, par les armées autrichiennes auxquelles une armée russe vint prêter son appui; le dictateur Kossuth remit, dans sa détresse, le pouvoir au général en chef de l'armée: celui-ci ne tarda pas à faire sa soumission.

Mais la révolution qui avait éclaté en Hongrie, en Autriche, en Bohème, s'était étendue à toute l'Allemagne. L'empereur Ferdinand I qui avait donné une constitution à son empire, croyant répondre ainsi à tous les désirs et ramener la tranquillité, en voyant les difficultés grandir autour de lui, abdiqua la couronne impériale, et la plaça sur la tête d'un prince plus jeune que lui, doué de plus d'énergie et d'activité : l'empereur François-Joseph prit le sceptre le 2 Décembre 1848.

Tous les gouvernements allemands avaient accordé la liberté de la presse : l'exagération des écrivains entretint partout l'agitation, en Prusse, en Saxe, dans le Wurtemberg, dans le grand-duché de Bade, etc. etc. Des parlements s'ouvrirent sur plusieurs points, dressant des projets de constitution; un parlement central, destiné à organiser une

Allemagne unitaire, ') s'assembla à Francfort, composé de députés envoyés par tous les états allemands: un vicaire général de l'Empire fut nommé (l'archiduc Jean d'Autriche); une administration centrale, impossible dirons - nous, fut établie, dont les gouvernements semblèrent reconnaître l'autorité; la couronne de roi et empereur de Germanie fut offerte au roi de Prusse, qui la refusa.

L'Allemagne finit par comprendre que tous ces événements, tous ces plans d'institutions sans cohésion, et qui, d'ailleurs rencontraient de nombreuses divergences et oppositions, ne pouvaient qu'amener sa ruine. Le calme et la raison rentrèrent dans les esprits, amateurs du nouveau, et qui s'étaient passionnés pour l'inconnu. Le vicariat de l'Empire, fantôme gouvernemental, ne tarda pas à s'évanouir, à peu le besoin de l'ordre reprit le dessus sur tous les points.

et peu

La constitution donnée à l'empire d'Autriche est promptement tombée en désuétude; celle qu'a reçue la Prusse a été maintenue, et le système constitutionnel y a reçu de nombreuses et essentielles améliorations.

Le Précis historique, dont le but est de rappeler les grandes crises du corps social, depuis 1844, jusqu'en 1858, ne pouvait omettre de parler de celle qui embrasse les années 1848 et 1849; mais il est superflu qu'il reproduise et les épisodes sanglants qui ont été comme autant de stigmates, et les proclamations ou les réglements qui ont été publiés pendant la durée de ces troubles civils.

1) Projet aussi chimérique en Allemagne qu'en Italie.

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