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Miguel son second fils, que la reine fit proclamer roi de Portugal, et par le comte d'Amaranthe 1), qui, tous, voulaient faire triompher le parti absolutiste, le roi, bien que gardé à vue en quelque sorte dans son palais, mais secondé par le corps diplomatique, parvint à se réfugier sur un bâtiment anglais, d'où il put parlementer avec les chefs du soulèvement contre-révolutionnaire. 2) Ramené dans son palais le 2 Juin, accompagné de l'infant don Miguel, nommé généralissime, il pardonna à sa femme et à son fils, auquel, d'ailleurs, il donna l'ordre de quitter le Portugal 3), et, le ↳ Juillet, un décret royal annonça à la nation que le roi ne reconnaissait valable que l'ancienne constitution féodale des cortès de Lamego.")

4) Créé, depuis, marquis de Chaves.

2) M. Hyde de Neuville, ministre de France, après avoir entraîné le corps diplomatique chez le roi, et rendu à S. M. la liberté de ses déterminations, trouva dans lord Beresford moins d'appui que d'opposition; c'est encore lui (baron Hyde de Neuville) qui, ne voyant pas arriver le Santi-Petri qu'il attendait, décida le roi à se réfugier à bord du Windsor Castle, et à garder le premier ministre (le comte de Subserra), que les factieux et lord Béresford voulaient éloigner. Le cabinet de Londres un peu blessé d'avoir vu un ambassadeur français exercer tant d'ascendant sur l'esprit du roi, même à bord d'un vaisseau anglais, et lord Béresford obligé de quitter Lisbonne, se hâta de rappeler le chevalier Thornton, qui s'était honorablement conduit dans cette affaire, comme s'il eût compromis la dignité britannique en suivant un noble exemple, et le remplaça par sir William A'Court, dont l'habileté n'a rien ôté à l'ambassadeur français de son crédit, puisqu'il obtint encore depuis, la franchise du port de Lisbonne, qui n'était pas dans les intérêts de l'Angleterre, et la restitution aux Français des propriétés ou marchandises confisquées sur eux depuis sept ans. De son côté, sir William A'Court n'a pu décider le roi à renouveler le traité de commerce qui avait été signé à Rio Janeiro le 19 Février 1840, lequel, bien que déclaré illimité quant à sa durée, était cependant, conformément à l'art. XXXIII, susceptible d'être révisé après l'expiration de quinze années. En 1842, un nouveau traité de commerce, entre la Grande-Bretagne et le Portugal, fut conclu à Lisbonne le 3 Juillet.

3) Le prince don Miguel se retira à Vienne, où l'empereur du Brésil, don Pedro I le fit fiancer, le 29 Octobre 1827, à la jeune reine donna Maria II da Gloria, de Portugal (V. Chap. VII).

4) Henri de Bourgogne (de la première maison de Bourgogne et descendant de Hugues Capet, roi de France) s'étant rendu en Espagne pour combattre les Maures, reçut le Portugal, en dot, d'Alphonse VI, roi

Accablé de dégoûts et de chagrins, le roi Jean VI mourut le 10 Mars 1826, laissant la régence du royaume, en l'absence de don Pedro I, empereur du Brésil, dont les droits d'héritier de la couronne de Portugal avaient été réservés par l'édit du 15 Novembre 1825, à sa trosième fille, l'infante Isabelle Marie.1)

de Castille, dont il épousa la fille naturelle nommée Thérèse. Son fils Alphonse, surnommé Henriquez, défit cinq gouverneurs Maures le 25 Juillet 1139, à la bataille d'Ourique: le vainqueur fut proclamé roi par son armée: cette victoire est donc l'époque de la fondation de la monarchie portu. gaise. Il convoqua, en 1145, à Lamego, les États, c'est-à-dire les prélats, les seigneurs et les députés des villes, qui le reconnurent solennellement roi, comme son armée l'avait fait en 1139: l'archevêque de Bragance lui posa la couronne sur la tête. L'assemblée des États dressa une constitution en dix-huit statuts et la soumit à l'acceptation de la nation qui l'agréa: Les premières lois constitutionnelles du Portugal remontent donc à l'année 1145.

1) V. Chap. VII.

CHAPITRE IV.

RÉVOLUTION D'ESPAGNE.

INSURRECTION MILITAIRE DANS L'ILE DE LÉON; CONGRÈS DE VÉRONE; ENTRÉE DE L'ARMÉE FRANÇAISE EN ESPAGNE

(de 1820 à 1823).

La révolution constitutionnelle qui commença en Espagne, par l'insurrection militaire du 1er Janvier 1820, est intimement liée, par son origine, avec les événements politiques qui se sont succédé dans ce pays, depuis le commencement du 19° siècle, d'une part, par suite de la soumission du cabinet de Madrid, en 1803 et 1804, aux volontés de la France, et du changement de dynastie en 1808; d'autre part, en raison de la résistance de l'Espagne, jusqu'en 1844, à se soumettre au roi que la France lui avait donné, et des mesures administratives prises, pendant l'absence de Ferdinand VII, par les juntes et par les cortès; il nous est, dès lors, indispensable en quelque sorte, avant d'exposer les circonstances les plus remarquables de la révolution de 1820, de rappeler les actes de Bayonne, de 1808, ainsi que la marche suivie par les administrations civiles, tant pour entretenir la résistance de la nation contre la France, que pour conserver le royaume à ses anciens souverains on verra

qu'après 1820, ce sentiment sacré de fidélité disparut complètement du cœur des hommes qui se mirent à la tête du

mouvement.

En ce qui concerne le changement de dynastie, nous nous bornerons à produire les actes qui y sont relatifs, sans les accompagner d'aucuns développements; en ce qui concerne les administrations qui se sont efforcées de défendre le trône des rois d'Espagne, descendants de Louis XIV, en s'opposant à ce que le souverain donné par l'empereur Napoléon pût s'y asseoir tranquillement, nous emprunterons, pour exposer leur marche, quelques pages à l'ouvrage du vicomte de Martignac, sur la révolution espagnole.')

C'est ainsi que pour l'année 1808, nous placerons, d'abord, sous les yeux du lecteur, et dans un ordre chronologique qui suppléera à toute explication, les documents divers qui ont accompli et consacré l'acte de Bayonne, source de tant de maux pour l'Espagne, et l'une des causes, sans contredit, de la chute de l'empire de Napoléon; car cet acte a suscité guerre ruineuse pour le trésor de la France, et a réclamé, sans aucun fruit, un grand nombre de bras, que l'empereur aurait pu employer avec avantage au nord de la France. Ces documents sont:

une

La convention en date du 5 Mai 1808, par laquelle le roi Charles IV a cédé tous ses droits sur le trône d'Espagne à l'empereur Napoléon;

Une lettre du prince des Asturies, du 6 Mai, portant renonciation à la couronne;

Une convention entre l'empereur Napoléon et le prince des Asturies, par laquelle furent réglés la pension annuelle qui lui fut allouée, ainsi que le rang et les honneurs dont il devait jouir en France;

4) Essai historique sur la révolution d'Espagne et sur l'intervention de 1823. Paris 1832.

Le protocole de la première séance de la junte générale, dans laquelle fut lu le décret impérial qui appelle le roi Joseph au trône d'Espagne, en date du 6 Juin;

Le décret d'acceptation signé le 40 Juin par le roi Joseph;

Enfin, la proclamation de ce souverain, en date du 14, adressée aux vice-rois, tribunaux, capitaines-généraux, gouverneurs, intendants, corrégidors etc.

NÓ. I.

Convention entre l'empereur des Français et le roi d'Espagne Charles IV, signée à Bayonne le 5 Mai 1808.

Napoléon, empereur des Français, roi d'Italie, protecteur de la Confédération du Rhin.

Et Charles IV, roi des Espagnes et des Indes, animés d'un égal désir de mettre promptement un terme à l'anarchie à laquelle est en proie l'Espagne, de sauver cette brave nation des agitations des factions, voulant lui épargner toutes les convulsions de la guerre civile et étrangère, et la placer sans secousses dans la seule position qui, dans la circonstance extraordinaire dans laquelle elle se trouve, puisse maintenir son intégrité, lui garantir ses colonies et la mettre à même de réunir tous ses moyens à ceux de la France, pour arriver à une paix maritime; ont résolu de réunir tous leurs efforts, et de régler dans une convention particulière de si chers intérêts. A cet effet, ils ont nommé, savoir:

(Suivent les noms du plénipotentiaires; pour la France, le général de division et grand-maréchal du palais, Duroc; pour l'Espagne, Manuel Godoy, prince de la paix.)

Lesquels, après avoir échangé leurs pleins-pouvoirs, sont convenus de ce qui suit:

Art. I. S. M. le roi Charles n'ayant eu en vue toute sa vie que le bonheur de ses sujets, et constant dans le principe que tous les actes d'un souverain ne doivent être faits que pour arriver à ce but; les circonstances actuelles ne pouvant être qu'une source de dissentions d'autant plus funestes que les factions ont divisé sa propre famille, a résolu

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