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le second est formé du clergé séculier (presbyteri), tels que les papas, diacres, sous-diacres, etc., qui peuvent se marier avant d'entrer dans les ordres.

DES MÉTROPOLITAINS ET ÉVÊQUES.

Nous avons vu que parmi les métropolitains il en est douze à qui leur rang donne entrée dans le synode: ce sont ceux de Césarée, d'Ephèse, d'Héraclée, de Derkon, de Nicomédie, de Chalcédoine, de Salonique, d'Andrinople, de Nicée, de Tirnova, de Cyzique et d'Amasie. Les huit premiers sont appelés gérontes (anciens); les quatre autres ont, comme tous les métropolitains et les quatre archevêques de Chypre, de Letitza, de Carpathos et de Mezzovo, l'épithète de panhierotati (tout très-sacrés). Les suffragants sont simplement theophilestati (très-chers à Dieu). On donne à tous, en leur parlant, la qualification de despotis (maître). Par un abus qui s'est également perpétué dans l'Eglise latine, certains métropolitains, quelquefois même de simples évêques, en raison soit de l'ancienneté, soit des prétentions de leur siége, ajoutent à leur qualité une série de titres correspondant à d'anciennes dignités ecclésiastiques aujourd'hui abolies. Tels sont le métropolitain de Césarée, qui s'intitule primat et exarque de tout l'Orient; celui d'Héraclée, primat et exarque de la Thrace et de la Macédoine, etc. Nous avons de même, en France, l'archevêque archi-comte de Lyon, primat des Gaules; l'archevêque de Bourges, primat des Aquitai

nes, etc.

En dehors de ces distinctions purement honorifiques, chaque prélat placé à la tête d'une éparchie, quel que soit son titre ecclésiastique, exerce les mêmes attributions et jouit des mêmes priviléges dans l'étendue de son diocèse, Les premières sont à la fois religieuses et civiles, comme celles du patriarche, dont il est le représentant dans sa province. Quant à ses priviléges, mentionnés dans son

berat, ils consistent principalement dans l'exemption de toute servitude personnelle, et dans l'immunité de l'emprisonnement dans les cas ordinaires.

Les métropolitains et archevêques sont nommés par le synode; eux-mêmes choisissent leurs suffragants; mais leur nomination ne va pas sans de grands déboursés. Chaque prélat, en prenant possession de son éparchie, est contraint de verser entre les mains du patriarche une somme à titre de présent (philotimon) qui varie de 80,000 à 15,000 piastres. Les diverses éparchies sont ainsi tarifées suivant leur importance: qui à telle somme, qui à la moitié, qui au quart. Si le titulaire ne possède pas le capital de la somme exigée, il consent des obligations, sous le nom de avlikiè omologiè, qui supportent un intérêt de 10 p. 100 par an. Le synode reconnaît et cautionne ces obligations, dont le retrait s'opère promptement, grâce aux soins et à la bonne administration de l'évêque. S'il meurt ou s'il est déplacé avant que sa dette soit éteinte, elle retombe à la charge de son successeur.

La mense épiscopale se compose: 1° de l'impôt mis sur chaque famille de l'éparchie, conformément au berat; 2o de l'usufruit de l'église métropolitaine ou diocésaine; 3o du produit des ordinations; 4° des taxes sur les héritages, les dispenses matrimoniales, etc.; 5° de certaines redevances d'usage, adeti, pour la rentrée desquelles l'évêque peut requérir l'assistance de l'autorité turque, bien qu'elles ne soient pas portées sur le berat. Les revenus de cette mense, la plupart éventuels, sont très-difficiles à évaluer. Ils peuvent varier, en général, de 15,000 à 100,000 piastres, suivant l'étendue et la richesse des

'Aucun mariage, dans l'Eglise grecque, ne peut être célébré sans une dispense que l'on achète du patriarche ou de l'évêque. La confession, l'absolution, la communion aux malades, le baptême, sont également soumis à des droits dans le produit desquels l'évêque prélève sa quote-part.

éparchies 1. De cette somme, le métropolitain ou l'évéque doit déduire, d'abord l'intérêt du capital et du prix du berat, en second lieu, le montant des redevances annuelles qu'il est tenu d'acquitter, soit envers le synode, soit envers le patriarche, évaluées au quart environ du revenu légal.

Chaque métropolitain est entouré d'un nombreux domestique, composé de clercs, de moines, d'évêques même; car, en Turquie, tout ecclésiastique aspirant aux hautes dignités de l'Eglise doit passer d'abord par les fonctions serviles. Ils lui présentent la pipe, le servent à table, lui tiennent l'étrier, et le suivent à pied par la ville, en marchant de chaque côté de son cheval. Du reste, ces fonctions, conformes aux usages des Turcs, n'impliquent aucune idée de déshonneur; elles constituent une sorte de noviciat analogue à celui des écuyers dans la coutume féodale. Pendant les intervalles que leur laissent leurs occupations, les jeunes clercs apprennent la lecture et le plain-chant; de là ils passent à l'étude du grec littéral et des saintes Ecritures; après quoi ils sont attachés à quelque monastère, d'où ils ne tardent pas, avec l'aide de leur patron, à arriver à l'épiscopat.

DU CLERGÉ INFÉRIEUR.

Passons tout de suite à la composition d'une simple paroisse ou éphimérie. En premier lieu, nous avons le proestos, chargé de réciter dans l'office divin l'Oraison dominicale, le Credo, etc., et auquel sont dévolues en même temps les cérémonies extérieures du culte, tels que baptêmes, mariages, enterrements. La seconde place est remplie par le pneumaticos ou con

Il est bien entendu que je ne fais entrer en ligne de compte que les sommes prélevées légalement, en vertu des priviléges du berat; mais elles n'atteignent sans doute pas à la cinquième partie du produit des exactions des évêques.

fesseur, qui doit être âgé d'au moins quarante ans et être muni d'une permission par écrit de l'évêque. Après lui, le papas, ou éphimérios, célèbre l'office divin, chante les vêpres, les matines, et prend un rôle dans toutes les cérémonies de l'Eglise. Enfin viennent le diacre et les deux chantres, qui peuvent être ordonnés ou séculiers, le canonarque, ou lecteur, qui récite les hymnes psalmodiées par les chantres; enfin le candelanaptis, ou bedeau1. Tous, à l'exception des derniers, qui ne sont pas revêtus de la prêtrise, sont confondus sous la dénomination générale de papas, papades, et forment, ainsi que je l'ai dit, le second ordre du clergé grec. Il est également bon d'ajouter que l'énumération qui précède suppose une grande paroisse; dans la plupart des églises de villages et même de villes, le personnel se réduit à l'éphimérios, qui cumule toutes les fonctions, assisté d'un chantre et d'un ou de deux acolytes.

Les papas peuvent être mariés, mais à la condition que le mariage aura précédé leur entrée dans les ordres. De même, s'ils deviennent veufs, ils ne peuvent convoler à de secondes noces. On les reconnaît à un bandeau de mousseline qui garnit leur bonnet. Ils perdent l'habileté à devenir évêques, sauf le cas de veuvage. Mais cette interdiction est presque superflue par le fait. Marié ou non marié, le papas, comme l'imam chez les Turcs, est, en général, dès le début de sa carrière, ce qu'il sera toute sa vie.

Chaque paroisse un peu importante est administrée par des éphores, élus chaque année, à l'époque de la SaintGeorges, par les habitants. Ces éphores ont de plus dans leurs attributions la surveillance des écoles du quartier ou de la commune attenant ordinairement à l'église. Les desservants, à l'exception du proestos, sont rétribués sur les revenus de la paroisse, formés en grande partie

Littéralement, celui qui allume les cierges.

du produit des quêtes. Ils ont de plus une part dans le casuel. Les desservants des villages sont fort pauvres : un mince casuel, dont ils doivent une partie à leur évêque, parfois une faible rétribution sur le fonds communal, quelques dons en nature qu'ils arrachent aux fidèles, le produit de l'agiasmos, cérémonie qui consiste à bénir les maisons au commencement de chaque mois, composent tous leurs honoraires. Là-dessus, le papas doit solder l'arriéré du prix de son ordination et de l'achat de sa cure, payer à son évêque deux ducats par an, aux termes de l'Epiphanie ou de Pâques, sous peine d'excommunication, enfin se racheter à chaque moment de l'interdiction dont il est frappé pour la moindre peccadille. Toutes ces sommes prélevées, il ne lui resterait plus assez pour le faire vivre, lui et sa famille, quelque modique que soit la dépense d'un prêtre de village, habitué à vivre comme un simple paysan, s'il n'y ajoutait le produit de quelque profession manuelle; car tout prêtre en Turquie, sous peine d'être exposé à mourir de faim, doit savoir travailler de ses mains. La plupart cultivent la terre; les autres sont charrons, menuisiers, artisans quelconques. Comment, après cela, reprocher aux prêtres grecs leur avidité et leur ignorance? La première est presque une nécessité de leur situation; pour la seconde, elle dépasse, à vrai dire, toute croyance. Nous voyons, d'après une lettre insérée dans le Turco-Græcia, qu'un très-petit nombre parmi les prêtres et les moines, à la fin du 16° siècle, étaient en état de comprendre le Psautier et les autres livres composant le rituel1. Les choses n'ont guère changé depuis, et j'ai compris qu'il ne pouvait pas en être autrement, en voyant de quelle manière se recrute le bas clergé dans l'Eglise grecque. Je me souviens qu'en 1847 je rencontrais assez souvent le papas d'un des villages

1 Qui autem hos libros intelligant inter presbyteros et caloyeros paucissimi sunt. (Crusii Turco-Græcia, p. 205.)

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