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Le 4, étaient partis pour le Caire, M. Sabatier, consul-général de France, et M. John Green, consul d'Angleterre, pour tâcher d'obtenir de Son Altesse une modification à la mesure prohibitive de l'exportation des grains. Le pacha a répondu qu'il n'a cessé de prendre en sérieuse considération les intérêts du commerce étranger, et que c'est uniquement pour les faciliter qu'il avait accordé 400,000 ardebs sur la nouvelle récolte; cette quantité était déjà sortie ou à peu près, ainsi que 200,000 ardebs des précédentés récoltes, en tout 600,000 ardebs, depuis la notification. Le commerce avait demandé que le délai fût prolongé jusqu'au 30 novembre : le pacha, au lieu de ce terme, a préféré fixer une quantité pour l'exportation; sur cette quantité il restait encore à exporter 7 à 8,000 ardebs qui devaient servir à compléter les navires sous charge. L'exportation devait donc s'arrêter vers le 15. De cette date au 30 novembre, terme réclamé par le commerce, on n'aurait pu embarquer qu'une quantité insignifiante, à peine 30 à 40,000 ardebs s'il y avait des navires suffisants dans le port. Son Altesse, voulant donner au commerce étranger une nouvelle preuve de sa sollicitude, permet l'exportation des vieux grains jusqu'à concurrence de 70,000 ardebs et même au-delà. Le pacha avait ajouté qu'il respectait infiniment l'opinion de lord Clarendon et de M. Drouyn de Lhuys; mais il était en même temps convaincu que si ces hommes d'Etat étaient à sa place, ils n'auraient pas agi autrement dans les circonstances où se trouve le pays et avec les besoins qui peuvent se manifester tant en Egypte qu'à Constantinople.

Le commerce avait eu communication de l'impossibilité où se trouvait Son Altesse de modifier, pour le moment, la mesure de prohition. Il faisait force protestations, et les consuls continuaient d'agir.

(Impartial de Smyrne.)

Ici s'arrêtent les nouvelles données par la feuille de Smyrne; nous trouvons dans une autre correspondance les détails relatifs à la suite du différend.

Après trois démarches consécutives auprès du vice-roi, qui toutes avaient échoué, M. Sabatier, rentré à son hôtel, écrivit au ministre des affaires étrangères, Stephan-Bey, une communication officielle en date du 12 novembre, où il était dit que si le 15 le vice-roi n'était pas revenu sur les dispositions iniques qu'il essayait de maintenir, lui consul de France partait pour Alexandrie, amenait son pavillon et s'embarquait sur le bateau français qui devait quitter Alexandrie le 18.

Le 14, le vice-roi s'est enfin rendu aux légitimes observations qui lui avaient été soumises; le décret prohibitif a été abrogé, et sous le prétexte qu'il avait été induit en erreur par son ministre, Abbas-Pacha a enlevé à Stephan-Bey le portefeuille des affaires étrangères.

La rentrée de M. Sabatier à Alexandrie a été, nous écrit-on, un véritable triomphe; les négociants de cette ville se sont réunis pour lui offrir une épée d'honneur en reconnaissance du service signalé qu'il vient de rendre au commerce européen en Egypte.

GRÈCE.

Le dimanche, 6 novembre, a eu lieu à l'Ecole des arts d'Athènes connue sous le nom d'école polytechnique, la distribution des récompenses an

nuelles obtenues par les lauréats dans les différents concours des nombreuses sections d'arts et métiers que renferme ce bel établissement public, fréquenté par plus de cinq cents élèves de toutes les classes de la population de toutes les provinces de la Grèce, et placé sous une sage direction qui en guide l'enseignement donné par douze professeurs.

S. M. le roi a bien voulu daigner honorer de sa présence cette solennité, à laquelle se trouvaient réunis tous les ministres, les membres du saint synode les hauts employés civils et militaires, et une nombreuse et brillante assemblée.

M. Caftanzoglou, directeur de l'Ecole, a prononcé un discours remarquable dont le sujet était l'Histoire de l'art en Grèce et les développements que l'Ecole des arts d'Athènes a pris depuis deux ans.

L'Observateur d'Athènes, dans son numéro du 17, publie, à cette occasion, un compte-rendu de différents travaux exposés, particulièrement des belles études de M. Thiersch, le nouveau professeur de peinture à cette école, fils du célèbre archéologue et philhellène allemand et dont le talent correct et gracieux donnera à l'étude de la peinture, dans l'école d'Athènes, une nouvelle impulsion, dont elle se ressent déjà. Il mentionne également les legs qui ont été faits à cette École par les nationaux et les étrangers amis de la Grèce, particulièrement ceux du roi de Naples, et le legs, si considérable, six cent mille francs, du grand patriote, feu Stournari.

INDES ORIENTALES NÉERLANDAISES.

On vient de publier une satistique du commerce des îles de Java et de Madura pendant l'année 1852. D'après ce document, l'importation s'est élevée à 40,292,694 fl. (80,585,588 fr.), et l'exportation, à 58,846,896 fl. (117,693,792 fr.), ce qui forme un mouvement commercial total de 99,139,590 fl. (198,279,180 fr.).

Pendant la même année, il est entré dans les ports de Java et de Madura 2,046 navires jaugeant 206,607 tonneaux, et il en est sorti 2,012 jaugeant 143,263 tonneaux.

Tous les chiffres de cette statistique présentent des déficits plus ou moins grands sur ceux de l'année précédente (1851).

CHINE.

Les rebelles se sont rendus maîtres de la ville importante de Shang-Haï. Le 7 septembre, toutes les autorités devaient se rendre au temple de Confucius pour y offrir les sacrifices d'usage. Mais, au moment où le magistrat sortait de son prétoire, accompagné de son cortége ordinaire, quarante associés de la secte des petits couteaux se sont jetés contre son palanquin et ses satellites. Ceux-ci s'enfuirent immédiatement, et le pauvre magistaat expira, percé de dix-sept poignards; son corps resta gisant dans la rue. Les « patriotes » se rendirent au prétoire de l'intendant, qui, Cantonnais de naissance lui-même et ancien marchand haniste, savait bien à quoi s'en tenir. Aussi avait-il une garde nombreuse et bien

armée; mais elle n'a pas fait le moindre effort de résistance, et Ou s'est trouvé prisonnier dans son propre palais, devant subir une exécution publique de la part des Fokiennois, ses ennemis personnels. Les Cantonnais cependant ont été d'un avis différent, et l'intendant a pu s'échapper dans l'après-midi du même jour et se rendre chez un marchand.

Cependant les associés ont trouvé dans les caisses une somme de 200,000 piastres (1,200,000 fr.) et la vieille querelle des Cantonnais et des Fokiennois a recommencé. Ces derniers ont emporté une grande partie de cette somme à bord de leurs jonques et se préparaient à partir; mais les Cantonnais, ayant dressé des canons, se sont déterminés à faire couler plutôt les jonques que de laisser dérober ainsi de l'argent au trésor impérial du roi de Paix-Eternelle, dont ils se sont dits les mandataires et les subordonnés.

Des proclamations ont paru immédiatement, l'une au nom d'un certain Liou, grand généralissime de l'armée invincible de la grande dynastie des Ping, l'autre au nom de Li, vengeur indomptable des griefs indescriptibles du peuple et de la grande dynastie des Ming. Les paisibles habitants de Shang-Haï, effrayés, couraient éperdus pour sortir de l'enceinte de la ville. Mais l'armée patriote, portant des turbans rouges et des petits sabres et couteaux bien luisants et bien effilés, en ont arrêté un grand nombre aux six portes. Il a été enjoint au peuple d'être joyeux de se voir ainsi délivré du joug des barbares Mantchoux, et de manisfester de la reconnaissance aux libérateurs.

Les étrangers, Anglais et Américains, ont pu pénétrer dans la ville et aller partout sans être molestés. C'est que trois bâtiments anglais, avec 58 canons et un brick américain de 20 bouches à feu, tenaient toute la bande de patriotes en respect.

Sur ces entrefaites, l'ex-intendant Ou a fait savoir à ses amis, M. T. Beale, consul de Portugal et de Hollande à Shang-Haï, et à M. Cunningham, consul des Etats-Unis, le lieu de sa retraite. Le colonel Marshall, ministre des Etats-Unis, a envoyé immédiatement auprès du chef Liou pour réclamer l'ancien premier magistrat, pendant qu'un Anglais et unAméricain se sont rendus dans la ville pour essayer de sauver l'intendant Ou. Après bien des difficultés, tous les trois sont parvenus à descendre les murailles de la ville au moyen de plusieurs pièces de calicot liées ensemble, et sont arrivés sains et saufs chez M. Beale, sur les terrains de la ville anglo-saxonne. La famille de l'intendant a été sauvée par les étrangers.

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ALGÉRIE.

Si nos possessions africaines jouissent aujourd'hui d'une sécurité qui permet à l'agriculture et à l'industrie d'y prendre un nouvel essor, c'est plus que jamais à l'activité militaire qu'elles doivent cette heureuse situation. L'expédition accomplie ce printemps par M. le gouverneur-général a puissamment modifié nos rapports avec toute une partie de la Kabylie. Des points essentiels de notre territoire où la colonisation était naguère tenue en échec, sont maintenant affranchis de toute inquiétude, et, bien plus, par les routes jetées hardiment à travers le pays vaincu, toute une

portion du territoire kabyle est placée incessamment sous l'action immédiate de notre autorité.

Tout récemment, le commandant intérimaire de Laghouat, M. le capitiane Galinier, à la tête d'une colonne française renforcée par des goums, s'avançait jusqu'à quarante lieues dans le sud à la poursuite du chérif d'Ouarghla. Il surprenait sur l'Oued-Zeghir le campement de cet agitateur, le dispersait, et rentrait à Laghouat chargé d'un butin qui attestait le succès de sa vigoureuse excursion.

Presqu'en même temps, un autre officier, M. le capitaine Lacretelle, accomplissait, sur les frontières du Maroc, un acte d'une remarquable énergie. Le commandant de la division d'Oran, M. le général Pelissier, avait réparti sur trois points, Timouline, El-Agueur, El-Aricha, des goums tirés de Mascara, de Sidi-bel-Abbès et de Tlemcen. Ces forces indigènes, ayant quelques spahis pour réserve, et placées sous le commandement d'officiers des bureaux arabes, devaient exercer sur les limites de notre territoire une mission de surveillance et d'investigation. Le 25 octobre, le capitaine Lacretelle, qui commande les goums de Sidi-bel-Abbès, apprend à OglatMousseur qu'une fraction nombreuse des Gharabas, mêlée à des nomades marocains, est campée à Brazia. Il n'hésite pas à se porter au-devant de l'ennemi ; à six heures du matin, après une marche de nuit, il se trouve en présence d'un nombreux rassemblement de cavaliers et de fantassins. Il forme en trois escadrons, qu'il range en bataille, les 430 cavaliers dont sa colonne se compose. Par un stratagème adroit, il augmente le nombre apparent de ses cavaliers d'élite en donnant à des hommes du goum les burnous de ses spahis, que les vestes d'uniforme suffisent à désigner: il confie son escadron de gauche à l'agha Mustapha-ben-Brahim, et son aile droite à Mustapha-ben-Ismaïl, le fils du chef intrépide qui a joué un rôle si actif dans les premières guerres de notre occupation. Lui-même se réserve l'escadron du centre. Ces dispositions prises, il fait sonner la charge, et l'action commence. Notre goum de gauche est arrêté par une montagne, où des fantassins se sont embusqués pour soutenir la cavalerie ennemie et où flottent deux drapeaux. Malgré la bravoure du chef qui le commande, il est sur le point d'être ramené, quand le capitaine Lacretelle se porte à son secours, exécute sur l'obstacle une charge à fond, et, après une mêlée d'une demi-heure, se rend maître du terrain. Tandis que cet avantage est remporté à la gauche, Mustapha-ben-Ismaïl culbute à droite tout ce qui se présente devant lui. Cette journée, où n'avons eu que 8 morts et quelques blessés, a coûté 150 hommes à l'ennemi, qui a laissé entre nos mains deux drapeaux, 250 fusils, des sabres, des piques et plusieurs chevaux. Ce fait d'armes n'est du reste qu'un nouvel exemple de l'ascendant que nos officiers savent prendre sur la troupe indigène. Depuis quelques années, il arrive sans cesse que des forces arabes, guidées par l'intelligence, animées par la bravoure française, font reconnaître notre domination sur des points où il semblait autrefois que notre nom dût à peine arriver.

Un mouvement exécuté récemment par le général de Mac-Mahon a confirmé ce que nous disions tout à l'heure sur la situation nouvelle faite par l'expédition de M. le gouverneur général à toute une portion de la Kabylie. Le commandant supérieur du cercle de Djidjelly, M. le lieutenant-colonel Robert, apprend, dans les derniers jours de septembre, chez les BeniImeur qu'il visitait alors, qu'un complot a été tramé contre lui. C'est un

des fils du cheikh Mouley-Chekfa qui l'avertit de cette machination. Le lieutenant-colonel Robert, au lieu d'interrompre sa tournée, reste sur les lieux où lui est signalé le péril, se bornant à appeler quelques renforts qui ne tardent point à arriver. Alors il procède à d'actives investigations, il fait arrêter et conduire à Djidjelly tous ceux sur qui de légitimes soupçons sont dirigés. Ces arrestations s'accomplissent au milieu d'une population qui n'essaie pas un seul instant d'arrêter notre justice dans son cours. Cette réparation toutefois ne suffit pas encore à M. le gouverneur général, qui veut comprimer pour longtemps dans cette partie de l'Algérie toute pensée d'insurrection. Le commandant de la division de Constantine, M. le général de Mac-Mahon, reçoit l'ordre de se transporter avec une colonne sur le théâtre de la conspiration. A peine s'est-il mis en mouvement, que de tous les côtés les Kabyles viennent à son camp offrant de lui livrer tous ceux que notre vindicte peut réclamer. Le général n'en poursuit pas moins sa marche, et termine cet incident sur le point même ou il s'est produit, en imposant aux tribus compromises de fortes contributions. Cette course rapide, dans laquelle nos soldats ont suivi les chemins dont ils perçaient, au printemps dernier, un pays hérissé d'obstacles, montre la toutepuissance de ces voies aux heures où notre conquête a besoin d'être soit défendue, soit affermie. Quelques jours et quelques bataillons ont suffi pour régler sans coup férir une question qui naguère eût peut-être exigé l'action sanglante d'une nombreuse colonne.

- On nous écrit de Médéah, le 25 novembre :

(Moniteur algérien.)

« Tout semble assez tranquille dans cette partie du territoire. Les généraux Camou et Yusuf rentreront de Laghouat à la fin de la semaine. Le commandant du Barrail poussé une pointe très-avant dans le pays

des Beni-Mezab.

« Hier, 22, à 8 heures du soir, nous avons éprouvé une assez forte secousse de tremblement de terre qui a duré quatre secondes. Elle s'est renouvelée ce matin à 6 heures.

« Le prix des réréales augmente tous les jours dans la subdivision de Médéah. Aujourd'hui le blé coûte 42 fr. les 140 kilos et l'orge 24 fr. les 120 kilos. Cette augmentation de prix est due partout à la concurrence faite aux Européens par les acheteurs mozabites, qui, sûrs de revendre chez eux avec profit, ne craignent pas d'offrir beaucoup plus que nos négociants. >>

ANTILLES.

MARTINIQUE ET GUADELOUPE.

Les nouvelles de la Martinique et de la Guadeloupe vont jusqu'au 28 octobre. L'état sanitaire de l'une et de l'autre colonie est resté satisfaisant pendant tout l'hivernage, malgré les pluies diluviennes et la chaleur étouffante qui leur avait subitement succédé. Comme on arrivait ainsi sans encombre au terme de la saison, c'est l'indice le plus certain de l'extinction complète de l'épidémie de fièvre jaune qui pendant les deux années précédentes a exercé ses ravages sur nos deux colonies.

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