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constant que Jean Hus s'est glorifié de son sacerdoce jusqu'à la fin, et n'a jamais discontinué de dire la messe tant qu'il a pu.

CLXV.

Jean Hus

les points

commu

nion sous les

Pape.

et le

M. de la Roque le jeune soutient fortement les sentimens de son père; et il est même assez catholique sincère pour avouer « qu'ils déplaisent à bien en tout dans » des gens du parti, et surtout au fameux M.... controver» qui n'aimoit pas d'ordinaire les vérités qui sés, excepté >> avoient échappé à ses lumières (1) ». Tout le la monde sait que c'est M. Claude, dont il supprime deux espèle nom. Mais ce jeune auteur pousse ses recher- ces, ches plus avant que n'avoit fait encore aucun Protestant. Personne ne peut plus douter, après les preuves qu'il rapporte (2), que Jean Hus n'ait prié les saints, honoré leurs images, reconnu le mérite des œuvres, les sept Sacremens, la Confession sacramentale et le purgatoire. La dispute rouloit principalement sur la communion sous les deux espèces; et ce qui étoit le plus important, sur cette damnable doctrine de Viclef, que l'autorité, et surtout l'autorité ecclésiastique se perdoit par le péché (3); car Jean Hus soutenoit dans cet article des choses aussi outrées que celles que Viclef avoit avancées; et c'est de là qu'il tiroit ses pernicieuses conséquences.

Si avec une semblable doctrine, et encore en disant la messe tous les jours jusqu'à la fin de sa vie, on peut être non-seulement un vrai fidèle, mais encore un saint et un martyr, comme tous les Protestans le publient de Jean Hus, aussi

(1) Nouv. acc. cont. Varil. p. 148 et suiv. (2) Ibid. p. 140, 150, 158 et suiv. — (3) Conc. Const. Sess. xv. prop. 11, 12, 13, etc.

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CLXVI.

Que tout est bon aux Protestans,

pourvu qu'on

crie contre le Pape.

CLXVII. Les Taborites.

bien
que
de son disciple Jérôme de Prague, il
ne faut plus disputer des articles fondamentaux :
lé seul article fondamental est de crier contre
le Pape et l'Eglise romaine: mais surtout si l'on
s'emporte avec Viclef et Jean Hus jusqu'à appe-
ler cette Eglise, l'Eglise de l'Antechrist, cette
doctrine est la rémission de tous les péchés, et
couvre toutes les erreurs.

Revenons aux Frères de Bohême, et voyons
comme ils sont disciples de Jean Hus. Inconti-
nent après sa condamnation et son supplice, on
vit deux sectes s'élever en Bohême sous son nom;
la secte des Calixtins et la secte des Taborites :
les Calixtins, sous Roquesane, qui, du commun
consentement de tous les auteurs catholiques et
protestans, fut, sous prétexte de réforme, le
plus ambitieux de tous les hommes: les Tabo-
rites, sous Zisca, dont les actions sanguinaires
ne sont pas moins connues que sa valeur et ses
succès. Sans nous informer de la doctrine des
Taborites, leurs rebellions et leur cruauté les
ont rendus odieux à la plupart des Protestans.
Des gens qui ont porté le fer et le feu dans le
sein de leur patrie vingt ans durant, et qui ont
laissé pour marque de leur passage, tout en sang
et tout en cendres, ne sont guère propres à
être tenus pour les principaux défenseurs de la
vérité, ni à donner à des Eglises une origine
chrétienne. Rudiger, qui seul de sa secte, faute
d'avoir trouvé mieux, a voulu que les Frères bo-
hémiens descendissent des Taborites (1), demeure
(1) De frat. narrat. p. 158.

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d'accord que Zisca, « poussé par ses inimitiés particulières, porta si loin la haine qu'il avoit » contre les moines et contre lés prêtres, que >> non-seulement il mettoit le feu aux Eglises et » aux monastères (où ils servoient Dieu ); mais >> encore que pour ne leur laisser aucune de» meure sur la terre, il faisoit

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>>

passer au fil de l'épée tous les habitans des lieux qu'ils occu

poient (1)». C'est ce que dit Rudiger, auteur non suspect; et il ajoute que les Frères, qu'il faisoit descendre de ces barbares Taborites, avoient honte de cette origine (2). En effet, ils y renoncent en termes formels dans toutes leurs Confessions de foi et dans toutes leurs apologies, et ils montrent même qu'il est impossible qu'ils soient sortis des Taborites, parce que dans le temps qu'ils ont commencé de paroître, cette secte abattue par la mort de ses généraux, et par la paix générale des Catholiques et des Calixtins, qui réunirent toutes les forces de l'Etat pour la détruire, « ne fit plus que traîner jusqu'à ce que » Pogiebrac et Roquesane achevassent d'en ruiner >> les misérables restes; en sorte, disent-ils, qu'il » ne resta plus de Taborites dans le monde (3) » : ce que Camérarius confirme dans son histoire (4). L'autre secte, qui se glorifia du nom de Jean CLXVIII. Hus, fut celle des Calixtins, ainsi appelés, parce qu'ils croyoient le calice absolument nécessaire au peuple. Et c'est constamment de cette secte

(1) De frat. narrat. p. 155. (2) Ibid. (3) Præf. Confess. 1572, seu de orig. Eccl. Boh, etc. post Hist. Camer, init. præf.

Les Calix

tins.

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CLXIX.

tatum, ou les

par

que sortirent les Frères en 1457, selon qu'ils le
déclarent eux-mêmes dans la préface de leur
Confession de foi de 1558, et encore dans celle
de 1572 que nous avons tant de fois citées, où
ils parlent en ces termes : « Ceux qui ont fondé
» nos Eglises se séparèrent alors des Calixtins
» une nouvelle séparation (1) »; c'est-à-dire,
comme ils l'expliquent dans leur apologie de
1532, que de même que les Calixtins s'étoient
séparés de Rome, ainsi les Frères se séparèrent
des Calixtins (2): de sorte que ce fut un schisme
et une division dans une autre division et dans
un autre schisme. Mais quelles furent les causes
de cette séparation? On ne les peut pas bien
comprendre sans connoître et la croyance et l'état
où se trouvèrent alors les Calixtins.

Leur doctrine consistoit d'abord en quatre arLe Compac- ticles. Le premier concernoit la coupe : les trois quatre arti- autres regardoient la correction des péchés pucles accordés blics et particuliers qu'ils portoient à certains par le concile excès; la libre prédication de la parole de Dieu,

de Bâle.

qu'ils ne vouloient pas qu'on pût défendre à personne; et les biens d'Eglise. Il y avoit là quelque mélange des erreurs des Vaudois. Ces quatre articles furent réglés dans le concile de Bâle d'une manière dont les Calixtins furent d'accord, et la coupe leur fut accordée à certaines conditions, dont ils convinrent. Cet accord s'appela Compactatum, nom célèbre dans l'histoire de Bohême. Mais une partie des Hussites, qui ne voulut pas

(1) De frat. narrat. p. 267. Præf. Boh. Conf. 1558. Synt. Gen. p. 164. — (2) Apol. frat. 1. 1. part. ap. Lyd. t. 11, p. 129.

se contenter de ces articles, commença, sous le nom des Taborites, ces sanglantes guerres dont nous venons de parler; et les Calixtins, l'autre partie des Hussites qui avoit accepté l'accord, ne s'y tint pas; puisqu'au lieu de déclarer, comme on en étoit convenu à Bâle, que la coupe n'étoit pas nécessaire, ni commandée de Jésus-Christ, ils en pressèrent la nécessité, même à l'égard des enfans nouvellement baptisés. A la réserve de ce point, on est d'accord que les Calixtins convenoient de tout le dogme avec l'Eglise romaine; et leurs disputes avec les Taborites le font voir. Lydius un ministre de Dordrect en a recueilli les actes (1); et ils ne sont pas révoqués en doute par les Protestans.

CLXX. Les Calix

tins disposés

On y voit donc que les Calixtins ne conviennent pas seulement de la transsubstantiation, mais encore en tout et partout sur la matière de l'Eu- à reconnoicharistie, de la doctrine et des pratiques reçues tre le Pape. dans l'Eglise romaine, à la réserve de la communion sous les deux espèces; et pourvu que le Pape l'accordât, ils étoient prêts à reconnoître son autorité (2).

On pourroit ici demander d'où vient donc qu'avec de tels sentimens ils conservoient tant de res

CLXXI.

D'où vient donc qu'ils

pect pour Viclef, qu'ils appeloient aussi bien que respectoient les Taborites le docteur évangélique par excel- tant la mélence (3)? C'est en un mot qu'on ne trouve rien de moire de Virégulier dans ces sectes séparées. Quoique Viclef

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(1) Lyd. Valdens. t. 1. Rotero. 1616.—(2) Syn. Prag. an. 1431. ap. Lyd. p. 304, et an. 1434. Ibid. p. 332, 354. — (3) Disp. cum Rokys. Can. 15. Ant. lect. tom. 111, II. part.

clef.

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