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bien que le parti des Catholiques qui détestoit ces
excès, et demeura fidèle à ses rois, fut toujours
grand; au lieu que dans le parti huguenot on
peut à peine compter deux ou trois hommes de
marque qui aient persévéré dans l'obéissance.
On fait encore ici de nouveaux efforts

pour XLI.

Vaine pré

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guerres ne re. gardoient

montrer que ces guerres furent purement poli- tention des tiques, et non point de religion. Ces vains dis- Calvinistes cours ne méritent pas d'être réfutés, puisque, qui prétendent que ces pour voir le dessein de toutes ces guerres, il n'y a seulement qu'à lire les traités de paix et les édits de pacification, dont le fond étoit toujours la liberté de conscience, et quelques autres pri- gion. viléges pour les Prétendus Réformés : mais puisqu'on s'attache en ce temps plus que jamais à obscurcir les faits les plus avérés, il est de mon devoir d'en dire un mot.

pas propre

ment la reli

XLII.

Illusion de

M. Burnet, qui a pris en main la défense de la conjuration d'Amboise (1), vient encore sur M. Burnet. les rangs pour soutenir les guerres civiles: mais d'une manière à nous faire voir qu'il n'a vu notre histoire non plus que nos lois, que dans les écrits des plus ignorans et des plus emportés des Protestans. Je lui pardonne d'avoir pris ce triumvirat si fameux sous Charles IX, pour l'union du roi de Navarre avec le cardinal de Lorraine; au lieu que très - constamment c'étoit celle du duc de Guise, du connétable de Montmorenci, et du maréchal de Saint-André; et je ne prendrois pas seulement la peine de relever ces bévues, n'étoit qu'elles convainquent celui qui y tombe (1) II. part. liv. 111. p. 616.

XLII.

grossières, et

de n'avoir pas seulement ouvert les bons livres.
C'est une chose moins supportable d'avoir pris,
comme il a fait, le désordre de Vassi pour une
entreprise préméditée par le duc de Guise dans
le dessein de détruire les édits; encore que
M. de Thou, dont il ne peut refuser le témoi-
gnage, et à la réserve de Bèze trop passionné
pour être cru dans cette occasion, les auteurs
même Protestans disent le contraire (1). Mais de
dire
que la Régence ait été donnée à Antoine,
roi de Navarre; de raisonner, comme il fait, sur
l'autorité du régent, et d'assurer que ce prince
ayant outrepassé son pouvoir dans la révocation
des édits, le peuple pouvoit se joindre au pre-
mier prince du sang après lui, c'est-à-dire, au
Prince de Condé ; de continuer ces vains propos,
en disant qu'après la mort du roi de Navarre la
régence étoit dévolue au prince son frère, et que
le fondement des guerres civiles fut le refus qu'on
fit à ce prince d'un honneur qui lui étoit dú;
c'est, à parler nettement, pour un homme si dé-
cisif, mêler ensemble trop de passion avec trop
d'ignorance de nos affaires.

Car premièrement il est constant que sous Ses bévues Charles IX, la régence fut déférée à Cathesa profonde rine de Médicis, du commun consentement de ignorance tout le royaume, et même du roi de Navarre. Les jurisconsultes de M. Burnet, qui montrèrent, à ce qu'il prétend, que la régence ne pouvoit être confiée à une femme, ignoroient une cou

sur les affai

res de Fran

ce.

(1) Thuan. lib. xxix. p. 77 et seq. La Poplin. liv. vi. p. 283,

tume constante établie par plusieurs exemples dès le temps de la reine Blanche et de saint Louis (1). Ces mêmes jurisconsultes, au rapport de M. Burnet, osèrent bien dire qu'un roi de France n'avoit jamais été estimé majeur avant l'âge de vingt-deux ans, contre l'expresse disposition de l'ordonnance de Charles V en 1374, qui a toujours tenu lieu de loi dans tout le royaume sans aucune contradiction. Nous alléguer ces jurisconsultes (2), et faire un droit de la France de leurs ignorantes et iniques décisions, c'est prendre pour loi du royaume les prétextes des rebelles.

XLIV.

1

Suite des il

Aussi le Prince de Condé n'a-t-il jamais prétendu à la régence, non pas même après la mort lusions de M. du Roi son frère; et loin d'avoir révoqué en doute Burnet. l'autorité de la réine Catherine, au contraire quand il prit les armes il ne se fondoit que sur des ordres secrets qu'il prétendoit en avoir reçus. Mais ce qui aura trompé M. Burnet, c'est peut-être qu'il aura ouï dire que ceux qui s'unirent avec le prince de Condé pour la défense du Roi, qu'ils prétendoient prisonnier entre les mains de ceux de Guise, donnèrent au prince le titre de protecteur et défenseur légitime du Roi et du royaume (2). Un Anglais, ébloui du titre de protecteur, s'est imaginé voir dans ce titre, selon l'usage de son pays, l'autorité d'un régent. Le prince n'y songea jamais, puisque même son frère aîné le roi de Navarre vivoit

(1) Voyez la Poplin. liv. vi. p. 155, 156. — (2) Ibid. 616. (3) Thuan. lib. xxix. 1562. La Poplin. liv. viii.

1

XLV.

encore; au contraire on ne lui donne ce vain titre de protecteur et défenseur du royaume, qui en France ne signifie rien, qu'à cause qu'on voyoit bien qu'on n'avoit aucun titre légitime à lui donner.

Laissons donc M. Burnet, un étranger qui Les Calvi- décide de notre droit sans en avoir seulement la nistes fran

tent pas

embarras.

çais ne sor- première connoissance. Les Français le prennent autrement, et se fondent sur quelques lettres de mieux de cet la Reine, « qui prioit le prince de vouloir bien » conserver la mère et les enfans et tout le >> royaume contre ceux qui vouloient tout per» dre (1) ». Mais deux raisons convaincantes ne laissent aucune ressource à ce vain prétexte. La première, c'est que la Reine, qui faisoit en secret au prince cette exhortation, n'en avoit pas le pouvoir; puisqu'on est d'accord que la régence lui avoit été déférée à condition de ne rien faire de conséquence que dans le conseil, avec la participation et de l'avis du roi de Navarre, comme premier prince du sang et lieutenantgénéral établi du consentement des Etats dans toutes les provinces et dans toutes les armées durant la minorité (2). Comme donc le roi de Navarre reconnut qu'elle perdoit, tout par le désir inquiet qui la tourmentoit de conserver son autorité, et qu'elle se tournoit entièrement vers le prince et les Huguenots, la juste crainte qu'il eut qu'ils ne devinssent les maîtres, et qu'à la fin la Reine même, par un coup de désespoir,

(3) Crit. du P. Maimb. lett. vi. n. 5. p. 3o3. Thuan. lib. XXIX. an. 1562. p. 79, 81. — (2) Thuan. lib. xxvi. p. 787, etc.

ne se mît entre leurs mains avec le Roi, lui fit rompre toutes les mesures de cette princesse. Les autres princes du sang lui étoient unis, aussi bien que les principaux du royaume et le Parlement. Le duc de Guise ne fit rien que par les ordres de ce Roi; et la Reine connut si bien qu'elle passoit son pouvoir dans ce qu'elle demandoit au prince, qu'elle n'osa jamais user envers lui d'autres paroles que de celles d'invitation; de sorte que ces lettres tant vantées ne sont à vrai dire que des inquiétudes de Catherine, et non pas des ordres légitimes de la Régente; d'autant plus, et c'est la seconde démonstration, que la Reine n'écoutoit le prince que pour un moment (1), et par la vaine terreur qu'elle avoit conçue d'être dépouillée de son autorité; en sorte qu'on croyoit bien, dit M. de Thou, qu'elle reviendroit de ce dessein aussitôt qu'elle se seroit rassurée.

XLVI.

Les Calvi

nistes con

En effet, la suite fait voir qu'elle rentra de bonne foi dans les desseins du roi de Navarre; et depuis elle ne cessa de négocier avec le prince vaincus par pour le rappeler à son devoir. Ainsi ces lettres de Bèze. la Reine, et tout ce qui s'en ensuivit, n'est réputé par les historiens qu'un vain prétexte. Bèze même fait assez voir que tout rouloit sur la religion, sur les édits violés, et sur le prétendu meurtre de Vassi (2). Le prince ne se remua, ni ne manda l'amiral pour prendre les armes, que « requis et

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plus que supplié par ceux DE LA RELIGION, de

» les prendre en sa protection sur le nom et au» torité du Roi et de ses édits (3) ».

(1) Thuan. ibid. 79. — (2) Liv. vì. — (3) Ibid. p. 4.

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