Images de page
PDF
ePub

que l'Eglise glise catholique, et croire à l'Eglise catholique, c'est-à-dire en approuver la doctrine.

universelle n'enseigne pas.

Le ministre s'élève avec mépris contre ce raisonnement de M. de Meaux, et il y oppose deux réponses (1). La première, que l'Eglise universelle n'enseigne rien; la seconde, que quand on supposeroit qu'elle enseigneroit la vérité, il ne s'ensuivroit pas qu'elle l'enseignât toute pure.

Mais il se contredit dans ces deux réponses: dans la première, en termes formels, comme on va voir; dans la seconde, par la conséquence évidente de ses principes, comme on le verra dans la suite.

Ecoutons donc comme il parle dans sa première réponse. « L'Eglise universelle, dit-il (2), » dont il est parlé dans le Symbole, ne peut, à » proprement parler, ni enseigner, ni prêcher » la vérité » : et moi je lui prouve le contraire par lui-même, puisqu'il avoit dit deux pages auparavant que l'Eglise à laquelle Jésus-Christ promet une éternelle subsistance, en disant: Les portes d'enfer ne prévaudront point contre elle, << est une Eglise confessante, une Eglise qui pu» blie la foi (3) »: or cette Eglise est constamment l'Eglise universelle, et la même dont il est parlé dans le Symbole: donc l'Eglise universelle dont il est parlé dans le Symbole, confesse et publie la vérité; et le ministre ne peut plus nier, sans se démentir lui-même, que cette Eglise ne confesse, qu'elle n'enseigne, qu'elle ne préche la

(1) Syst. l. 1, ch. 26, p. 217, 218.- (3) P. 218. (3) P. 215.

Suite des

vérité, si ce n'est que la publier et la confesser soit autre chose que la prêcher à tout l'univers. Mais enfonçons davantage dans les sentimens LXXXVII. du ministre sur cette importante matière. Ce contradicqu'il répète le plus, ce qu'il presse le plus vive- tions du miment dans son Systême, c'est que l'Eglise univer- nistre sur selle n'enseigne rien, ne décide rien, n'a jamais rendu, ne rendra jamais, et ne pourra jamais rendre aucun jugement; et qu'enseigner, décider, juger, c'est le propre des Eglises particulières (1).

Mais cette doctrine est si fausse, que pour la trouver convaincue d'erreur, il ne faut que continuer la lecture des endroits où elle est établie; car voici ce qu'on y trouvera. « Les communions >> subsistantes, et qui font figure, sont les Grecs, » les Latins, les Protestans, les Abyssins, les » Arméniens, les Nestoriens, les Russes. Je dis » que le consentement de toutes ces communions » à ENSEIGNER Çertaines vérités, est une espèce » de JUGEMENT et de JUGEMENT Infaillible (2) », Ces communions enseignent donc et puisque ces communions, selon lui, sont l'Eglise universelle, il ne peut nier que l'Eglise universelle n'enseigne : il ne peut non plus nier qu'elle ne juge en un certain sens; puisqu'il lui attribue une espèce de jugement, qui ne peut rien être de moins qu'un sentiment déclaré. Voilà donc, du consentement du ministre, un sentiment déclaré, et encore un sentiment infaillible de l'Eglise qu'il appelle universelle.

(1) Syst. p. 6, 218, 233, 234, 235. (2) Ibid. 236.

cette matiére: que l'Eglise universelle enseigne et juge.

LXXXVIII.

veu du mi

Il poursuit : « Quand le consentement de l'EQue de l'a-» glise universelle est général dans tous les siècles, nistre, le sen- » aussi bien que dans toutes les communions, timentde l'E- » alors je soutiens que ce consentement unanime glise est une >> fait une démonstration (1) ». règle certai

ne de la foi Ce n'est pas assez cette démonstration est dans les ma- fondée sur l'assistance perpétuelle que Dieu doit, tières les plus essentielles. selon lui, à son Eglise : « Dieu, dit-il (2), ne » SAUROIT PERMETTRE que de grandes sociétés chré» tiennes se trouvent engagées dans des erreurs » mortelles, et qu'elles y persévèrent long» temps ». Et un peu après : « Est-il apparent » que Dieu ait abandonné l'Eglise universelle à » ce point, que toutes les communions unanime>>ment dans tous les siècles aient renoncé des » vérités de la dernière importance >> ?

De là il suit clairement que le sentiment de l'Eglise universelle est une règle certaine de la foi; et le ministre en fait l'application aux deux disputes les plus importantes qui puissent être, selon lui-même, parmi les chrétiens. La première est celle des Sociniens, qui comprend tant de points essentiels : et sur cela, «< on ne peut, dit» il (3), regarder que comme une témérité prodigieuse et une marque certaine de réproba» tion l'audace des Sociniens, qui, dans les ar>>ticles de la divinité de Jésus-Christ, de la » Trinité des personnes, de la Rédemption, de » la satisfaction, du péché originel, de la créa » tion, de la grâce, de l'immortalité de l'ame, » et de l'éternité des peines, se sont éloignés du (1) Syst. p. 237. (2) Ibid.

[ocr errors]

(3) Ibid.

» sentiment de toute l'Eglise universelle ». Elle a donc, encore un coup, un sentiment cette Eglise universelle : son sentiment emporte avec soi une infaillible condamnation des erreurs qui y sont contraires, et sert de règle pour la décision de tous les articles qu'on vient de voir.

Il y a encore une autre matière où ce sentiment sert de règle : « Je crois que c'est encore » ici LA RÈGLE LA PLUS SURE pour juger quels sont » les points fondamentaux, et les distinguer de » ceux qui ne le sont pas; question si épineuse » et si difficile à résoudre : c'est que tout ce que » les chrétiens ont cru unanimement et croient » encore partout, est fondamental et nécessaire >> au salut ».

Cette règle n'est pas seulement assurée et claire, mais encore très-suffisante; puisque le ministre, après avoir dit que la discussion des textes, des versions, des interprétations de l'Ecriture, et même la lecture de ce divin livre n'est pas nécessaire au fidèle pour former sa foi, conclut enfin «< qu'une simple femme qui aura appris le Symbole des Apôtres, et qui l'enten» dra dans le sens de l'Eglise universelle (en gar»dant d'ailleurs les commandemens de Dieu) » sera peut-être dans une voie plus sûre que les >> savans qui disputent avec tant de capacité sur » la diversité des versions (1) ».

[ocr errors]

Il y

a donc des

moyens aisés pour connoître ce que croit l'Eglise universelle, puisque cette connoissance peut venir jusqu'à une simple femme. Il (1) Syst. l. m, c. 4, p. 463.

LXXXIX..

Que cette règle, selon le ministre, est sûre, claire et suf

fisante, et que la foi duitn'est pas qu'elle proaveugle ni

déraisonna

ble.

XC.

Qu'on ne peut plus

vre l'autorité

c'est suivre

les hommes.

y a de la sûreté dans cette connoissance, puisque cette simple femme se repose dessus : il y a enfin une entière suffisance, puisque cette femme n'a rien à rechercher davantage, et que, pleinement instruite sur la foi, elle n'a plus à songer qu'à bien vivre. Cette croyance n'est ni aveugle ni déraisonnable, puisqu'elle se fonde sur des principes clairs et sûrs, et qu'en effet quand on est foible, comme nous le sommes tous, la souveraine raison est de savoir à qui il faut se fier.

Mais poussons encore plus loin ce raisonnement. Ce qui, en matière de foi, fait une certinous objec- tude absolue, une certitude de démonstration, et ter que sui- la meilleure règle pour décider les vérités, doit de l'Eglise, être clairement fondé sur la parole de Dieu. Or est-il que cette espèce d'infaillibilité, que le ministre attribue à l'Eglise universelle, emporte une certitude absolue et une certitude de démonstration; et c'est la plus sûre règle pour décider les vérités les plus essentielles et à la fois les plus épineuses: elle est donc clairement fondée sur la parole de Dieu.

XCI. Que l'idée

Lors donc que dorénavant nous presserons les Protestans par l'autorité de l'Eglise universelle, s'ils nous objectent que nous suivons l'autorité et les traditions des hommes, leur ministre les confondra en leur disant avec nous, que suivre l'Eglise universelle, ce n'est pas suivre les hommes, mais Dieu même qui l'assiste par son Esprit.

Si le ministre répond que nous ne gagnons rien par cet aveu, puisque l'Eglise où il reconnoît tre se forme cette infaillibilité n'est pas la nôtre, et que toutes

que le minis

« PrécédentContinuer »