Le roman personnel de Rousseau à Fromentin

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Hachette et cie., 1905 - 424 pages
 

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Page 267 - N'importe , je voudrais me promener avec vous. Elle prit mon bras ; nous marchâmes longtemps sans rien dire ; elle avançait avec peine , et se penchait sur moi presque tout entière. — Arrêtons-nous un instant. — Non, me répondit-elle , j'ai du plaisir à me sentir encore soutenue par vous.
Page 133 - C'est ce qui me rend la simplicité nécessaire; elle seule est harmonique. Aujourd'hui le site était trop beau. Notre salle pittoresque, notre foyer rustique, un goûter 'de fruits et de crème, notre intimité momentanée, le chant de quelques oiseaux, et le vent qui à tout moment jetait dans nos tasses des feuilles de sapin, c'était assez ; mais le torrent dans l'ombre, et les bruits éloignés de la montagne, c'était beaucoup trop : j'étais le seul qui entendît.
Page 138 - J'écoute, j'appelle, je n'entends pas ma voix elle-même, et je reste dans un vide intolérable, seul, perdu, incertain, pressé d'inquiétude et d'étonnement, au milieu des ombres errantes, dans l'espace impalpable et muet.
Page 147 - Nous serions bien moins étonnés de souffrir, si nous savions combien la douleur est plus adaptée à notre nature que le plaisir. L'homme à qui tout succède selon ses vœux oublie de vivre. La douleur seule compte dans la vie, et il n'ya de réel que les larmes.
Page 257 - L'air que je respirais était à lui seul une jouissance. Je m'élançais au-devant de la nature, pour la remercier du bienfait inespéré, du bienfait immense qu'elle avait daigné m'accorder.
Page 399 - Pourquoi l'âme est liée en sa faible prison; Et pourquoi nul sentier entre deux larges voies, Entre l'ennui du calme et des paisibles joies Et la rage sans fin des vagues passions, Entre la léthargie et les convulsions; Et pourquoi pend la Mort comme une sombre épée...
Page 267 - Non, me répondit-elle, j'ai du plaisir à me sentir encore soutenue par vous. » Nous retombâmes dans le silence. Le ciel était serein; mais les arbres étaient sans feuilles; aucun souffle n'agitait l'air, aucun oiseau ne le traversait: tout était immobile, et le seul bruit qui se fît entendre était celui de l'herbe glacée qui se brisait sous nos pas. « Comme tout est calme! '° me dit Ellénore; comme la nature se résigne! Le cœur aussi ne doit-il pas apprendre à se résigner?
Page 265 - ... passagers qui semblent guérir pour quelques instants d'incurables blessures. La vérité se fit jour de toutes parts, et j'empruntai, pour me faire entendre, les expressions les plus dures et les plus impitoyables. Je ne m'arrêtais que lorsque je voyais Ellénore dans les larmes, et ses larmes mêmes n'étaient qu'une lave brûlante qui, tombant goutte à goutte sur mon coeur, m'arrachait des cris, sans pouvoir m'arracher un désaveu.
Page 105 - ... elle semble n'avoir voulu se perpétuer que dans cette heureuse solitude. Nul site dans toute la contrée n'inspire un intérêt si durable que ce vallon ignoré dans le sein de la forêt. Sa prairie inclinée s'y creuse avec une grâce indéfinissable : élevant ses bords irréguliers dans la profondeur des ombrages, elle y dessine des asiles de paix et d'obscurité, que protègent les cimes des hêtres et des pins balancés sur le front des collines. Les bois plus ou moins avancés, descendent...
Page 354 - Deux jeunes ruisseaux, sources murmurantes et vives, nées des fentes du rocher, traversaient distinctement le beau lac qui les retardait et les modérait doucement dans leur cours, et hors de là ils débordaient en fontaines. Moi, j'aimais naviguer sur ce lac, côtoyer le rocher immobile, le mesurer durant des heures, me couvrir de l'épaisseur de son ombre, étudier ses profils bizarres et sévères, me demander ce qu'avait été le géant, et ce qu'il aurait pu être s'il n'avait été pétrifié....

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