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LE

MALADE IMAGINAIRE

COMÉDIE

MÊLÉE DE MUSIQUE ET DE DANSES (*),

REPRÉSENTÉE POUR LA PREMIÈRE FOIS, SUR LE THÉÂTRE DE LA SALLE DU PALAIS-ROYAL,

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(*) Ici l'édition de 1682 ajoute: «Corrigée, sur l'original de l'auteur, de toutes les fausses additions et suppositions de scènes entières, faites dans les éditions précédentes.”

(**) Pour la comédie même, nous suivons le texte de 1682 (tome II des OEuvres posthumes, VIII des Œuvres), auquel nous comparons deux éditions de 1674, datées, l'une de Cologne, l'autre de Paris, quoiqu'elle sorte probablement d'une presse hollandaise (nous les distinguons ainsi : 1 : 1674 C, 1674 P), et de plus celles de Paris 1675, de Rouen 1680, d'Amsterdam 1683, de Bruxelles 1694. Pour le premier prologue et les intermèdes, nous suivons le livret de Paris 1673, auquel nous comparons l'impression hollandaise de ce livret (1673 A), et les éditions énumérées dans la première phrase de cette note. Pour le second prologue, nous nous conformons au livret de 1674, qui n'a que ce prologue-là, et où il a paru pour la première fois; nous donnons aussi les variantes de ce livret pour les intermèdes.

AU LECTEUR (1).

La troupe de Molière ayant voulu borner la gloire de cet illustre auteur, et la satisfaction du public (2), dans la seule représentation du MALADE IMAGINAIRE, sans en laisser imprimer la copie (3), quelques gens se sont avisés de composer une pièce à laquelle ils ont donné le même titre, dont on a fait (4) plusieurs impressions, tant dedans que dehors le Royaume, qui ont été débitées et ont bien abusé du monde (5) mais les mémoires sur lesquels ces gens-là avoient travaillé, ou l'idée qu'ils croyoient avoir conservée de la pièce, lors qu'ils l'avoient vu représenter, se sont trouvés si éloignés de la conduite de l'original (6) et du sujet même, qu'au lieu de plaire, ils n'ont fait qu'inspirer des desirs plus pressants de voir (7) celle de Molière im

(1) AVIS AU LECTEUR." (Éd. 1683, 1694.) · Get Avis au lecteur n'est pas dans les éditions de 1675 et de 1682. Bien que nous suivions cette dernière pour le texte de la comédie, nous avons cru devoir le reproduire, à cause des renseignements qu'il donne sur les premières impressions du Malade imaginaire. Il se trouve dans les éditions de 1674 (Cologne et Paris), de 1680, 1683 et 1694; le texte est identique dans les trois premières; nous donnons les variantes des deux autres.

(2) ayant bien voulu borner la gloire de cet illustre auteur pour la satisfaction du public.▾ (Ed. 1683, 1694.)

(3)

la véritable copie.” (Ibidem.)

(*) ce même titre, dont on en a fait.» (Ibidem.)

(5) « qui ont été débitées, lesquelles ont jusqu'à présent abusé bien du monde.» (Ibidem.) (6) si éloignés de l'original.» (Ibidem.)

(7) Voici quelle est, à partir d'ici, la fin de cet avant-propos dans les éditions de 1683 et de 1694 de voir celle de cet illustre qui avoit si bien su remarquer les défauts de la médecine et de ceux qui en exercent la pratique; cette impression ici la fera distinguer des autres, n'y ayant aucune ressemblance sinon au titre; et il étoit fort aisé de voir qu'un si habile homme n'avoit pas fait (n'avoit fait, éd. 1683) une si pitoyable pièce, qui auroit plustôt servi à ternir sa réputation qu'à augmenter sa gloire. C'est ce qui fait que nous la donnons au public, quoiqu'on ait défendu de l'imprimer : où le lecteur trouvera une grande différence et y pourra remarquer le style, l'embellissement, les jeux, et le tour que ce grand homme savoit donner aux belles choses. Le prologue est mêlé de diverses chansons contre le corps de la Faculté, de danses, de musique, d'entrées de ballet, d'intermèdes et d'une cérémonie grotesque, pour la réception du Malade en médecin; et cette pièce n'avoit pu être mise au jour parce que ces vénérables Messieurs, voyant leur art aboli et devenu infructueux par leur ignorance et leurs momeries tournées en dérision (et momeries en dérision, éd. 1683), et que leur science n'étoit devenue que

primée. Cette impression, que je donne aujourd'hui, satisfera à cet empressement, et quoiqu'elle ne soit qu'un effort de la mémoire d'une personne qui en a vu plusieurs représentations, elle n'en est pas moins correcte, et les scènes en ont été transcrites avec tant d'exactitude, et le jeu observé si régulièrement où il est nécessaire, que l'on ne trouvera pas un mot omis ni transposé, et que je suis persuadé que ceux qui liront cette copie, avoueront, à la gloire de Molière, qu'il avoit trouvé l'art de plaire aussi bien sur le papier que sur le théâtre.

pure chimère, eurent recours à Sa Majesté, pour en empêcher l'impression, pour qu'elle ne parût en public et principalement en France, où ces Messieurs s'étoient faits si riches à force d'avoir tué tant de monde en les étourdissant par leurs caquets, et que leur corps alloit en décadence depuis que la Faculté avoit été bernée et mise tant de fois au Théâtre à leur confusion : c'est ce qui fit qu'un de leurs amis en mit une au jour sous ce même titre, n'y ayant ni rime ni raison, et n'y ayant aucune chanson, entrée de ballet, musique, danse, ni aucune cérémonie, au lieu que celle-ci en est toute remplie; et le lecteur n'aura pas de peine à connoître que celle-ci est l'original. »

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