Images de page
PDF
ePub

A la ci-devant Académie de Peinture et Arts: Peinture, Sculpture, Architecture, etc.

A la ci-devant Académie des Sciences :

-

Botanique et physique végétale. Limes (nommé le 23 ventôse), 2.000 1. Cours tous les jours en hiver, de 1 h. à 2 h. de l'après-midi; au printemps et dehors, de 6 h. du matin jusqu'à 8 h.

Anatomie.

--

Larrey, 1,600 1. Tous les jours depuis 8 h. jusqu'à 9 h. 1/2 du matin. Ce même professeur donnera de plus, en été, un cours d'accouchemens, des maladies des femmes en couches et des nouveaux-nés.

Opérations, pathologie chirurgicale et matière médico-chirurgicale. Brun, 1,600 1. Tous les jours depuis 9 h. 1/2 du matin jusqu'à 11 h. Médecine théorique. Lamarque, 1,600 1. Tous les jours depuis 2 h. de l'après-midi jusqu'à 3 h. 1/2. Ce même professeur enseignera la physiologie, l'hygiène, la pathologie, la thérapeutique et la matière médicale.

Médecine pratique, les épidémies. Perolle, 1,600 1. Tous les jours: depuis 3 h. 1/2 de l'après-midi jusqu'à 5 h.

Cours d'accouchemens pour les femmes de la campagne. — Villars, 1,6001. Tous les jours provisoirement chez lui, depuis 3 h. de l'après-midi jusqu'à 5 h.

Culture et entretien du jardin, leçons pratiques de culture.

:

Ferrière,

1,800 1. Tous les jours, en hiver depuis 9 h. du matin jusqu'à 10 h.; en été, depuis 6 h. du soir jusqu'à 8 h. »

Le 29 nivôse, l'Administration du département en décida l'impression et l'affichage : le tableau devait être envoyé dans tous les districts et municipalités, ainsi que dans les départements environnants. De plus, l'ouverture des cours était fixée au quintidi pluviôse, cinquième mois et devait avoir lieu en une séance publique à laquelle seraient invités les citoyens représentants du peuple, les corps administratifs et judiciaires, les citoyens composant la Société populaire de Toulouse et les Etats-Majors1.

Trois mois plus tard, le 2 floréal an II, Lamarque, l'un des nouveaux professeurs, adressait au Conseil la lettre suivante :

« Citoyen président,

Choisi par le département pour remplir une place dans l'enseignement public, j'aurais désiré que mes occupations m'eussent permis de répondre à sa confiance, mais les différents emplois auxquels la confiance publique m'a appelé me mettent dans l'impossibilité physique de me charger de ce nouvel emploi. Je te prie, président, de vouloir faire part des motifs de mon refus au département.

Salut et fraternité.
LAMARQUE 2. »

1 Arch. départ., Série L, liasse 358, et Arch. mun., Imp., reg. 1792-an III.

2 Arch. départ., Série L, liasse 358.

Quelques jours après, le 7 floréal, le Directoire assemblé prenait connaissance de la lettre de Lamarque et nommait à sa place le citoyen Jacques Dupau, médecin de Carbonne, et le chargeait, comme lui, du cours de médecine théorique, aux appointements de 1,600 francs 1.

[ocr errors]
[ocr errors]

8 floréal. « Le citoyen Dupau s'étant présenté devant le Directoire assemblé dans le lieu ordinaire de ses séances et ayant demandé à prêter le serment requis, le président a prononcé la formule suivante « Tu jures d'être fidèle à la République une et indivisible, de maintenir de tout ton pouvoir l'égalité et la liberté, de respecter la propriété des personnes et de remplir avec zèle et exactitude les fonctions qui te sont confiées. » A quoi le citoyen Dupau a répondu : Je le jure. Arrêté qu'il professera provisoirement son cours aux cy-devant Ecoles de médecine 2.

Ce Dupau avait songé à établir à Toulouse une Ecole de Médecine. Voici, en effet, ce que nous avons trouvé à ce sujet :

An II-15 pluviôse. - « Le Conseil général assemblé... Lecture faite de la pétition présentée par le citoyen Dupau, docteur en médecine de la ci-devant Faculté de Toulouse, par laquelle il expose qu'en exécution du décret de la Convention Nationale du 30 frimaire, concernant l'enseignement en général, il déclare que son intention est d'ouvrir à Toulouse une Ecole de Médecine dans laquelle il donnera des leçons élémentaires sur la Physique animale, l'Histoire naturelle de l'homme et sur la Médecine expérimentale. Il prie à cet effet la Municipalité de vouloir bien l'autoriser à donner ses leçons dans une salle d'une maison nationale quelconque à Toulouse, mais préférablement à l'Hôpital appelé Saint-Jacques, et de lui permettre de voir et traiter une douzaine des malades sous les yeux de ses disciples, afin de pouvoir appuyer ainsi sur la pratique ses leçons sur la médecine.

Sur quoi il a été délibéré d'accorder au pétitionnaire sa demande et de renvoyer à des commissaires pour consulter les localités avec l'administration dudit Hôpital. Et à cet effet, les citoyens Corail et Laparre ont été nommés commissaires 3. »

An IV-4 floréal. « Toulouse, le 4me floréal, 4me année républicaine. « Le chirurgien Larrey, professeur d'anatomie, aux citoyens administrateurs du département de la Haute-Garonne.

« Citoyens,

« Je viens de recevoir la lettre que vous mavés fait l'honneur de menvoyer en date du 1er du courant, dans laquelle vous me dites que vous aves appris avec peine que mes occupations particulières me faisoient négliger la partie de lenseignement qui ma été confiée, et que vous croyiés avec raison que la distraction de mes fonctions est plutôt leffet de quelque cause secrette que

Arch. départ., Série L, liasse 358.

2 Ibid.

8 Arch. munic., Délibérations, fol. 203.

d'une apathie réprochable que vous ne pouvés tollerer... et que vous minvités à vous faire connoître les degouts quon peut me faire eprouver, afin que par des mezures nécessaires je puisse rendre à cette partie toute lactivité que lintérêt des elèves comande.

Il est bien desagréable pour moi citoyens qui me suis consacré à lenseignement public et particulier de lanatomic depuis plus de vingt ans qui me suis distingué jose le dire (sans flater mon amour propre) soit par mon zèle mon exactitude et ma manière de démontrer ce que je puis prouver par le grand nombre detudiants la medecine ou en chirurgie qui mon suivi, de recevoir aujourd'huy des reproches que je nai jamais merité, non citoyens je nai jamais manqué de remplir avec exactitude les fonctions pénibles qui me sont confiées, jai même fait plus que je ne devois et je vais le prouver.

Je suis obligé de faire une démonstration par jour excepté les jours de décade. Mais pour lenseignement de lanatomie il faut nécessairement des cadavres, jai commencé mon cours le 23 frimaire dernier a lépoque de la rentrée des classes, jai fait 35 leçons d'ostéologie sèche jusques au 30 nivoze suivant; alors privé de cadavre jai été obligé de me procurer aux dépens de ma bourse des bras et des jambes détachées parceque les domestiques de l'hospice d'humanité (Hôtel-Dieu) refuzèrent de porter des cadavres a l'amphiteatre dizant qu'ils vouloient être mieux payés que lannée dernière à cause de la perte des assignats; les depenses que je faisois de ma poche me devinrent insuffisantes et onéreuses, je fis mes reprezentations au Directoire des etudes qui vous les transmit officiellement jen parlé au citoyen Lacroix administrateur, vous rendites un arretté par lequel vous accordés aux domestiques dudit hospice une somme de 3 livr. pour le transport de chaque cadavre a l'amphitéatre public; je le leur communiqué ils me répondirent que cette somme estoit insuffisante, et ce ne fut quen leur faisant une certaine somme en numéraire aux dépens de ma bourse et aux dépens de celle des élèves quils se deciderent. Y a-t-il jusque la de la negligence de ma part je vous le demande citoyens administrateurs?

Ces domestiques ont transporté a differentes epoques quatre cadavres des plus mauvais et presque demi pourris chaque fois jai ete obligé de metre ma bourse a contribution et celle des élèves.

Pendant le mois pluvioze jai fait 24 leçons de miologie. En ventoze 25 leçons de splanchnologie, en germinal 14 leçons de petite miologie ou de splanchnologie; plus 5 leçons dostéologie fraiche; en tout j'ai fait 108 démonstrations. C'est ce que je prouveré au citoyen Lacroix administrateur ou a tout autre que l'administration jugera a propos par mon registre ou par lattestation de plus de cent élèves qui suivent mon cours.

Il faut observer citoyens que j'ai fait cent et quelques démonstrations sur des cadavres à demi pourris, même l'orsquon les portoient de l'hôpital au point que les élèves ne pouvoient rester auprès de la table ils se tenoient aux endroits les plus reculez de l'amphitéatre et plusieurs étoient obligés d'abandonner les leçons par la puanteur insupportable qui sen exhaloit, jetois cependant obligé de toucher, de dissequer, de parler pendant des heures entières et de humer les vapeurs putrides; je n'ai jamais laissé aucune partie à décrire et à demontrer complettement, je nai jamais renvoyé aucun cadavre pour si mauvais qu'il fut, jai travaillé pendant plus de quinze jours

CHRON. DE LA FAC, DE MÉD.

2

sur le même; je le prouveré par plus de cent clèves qui me suivent. Y a-t-il ici de quoi minculper de négligence et dapathie? Lorsque je n'ai pu avoir des cadavres d'aucune espèce de l'hôpital, soit parcequ'on sen servoit dans l'amphitéatre de cet hospice soit parce que les personnes qui y mourroient étoient connues; je n'ai rien négligé pour m'en procurer ailleurs. Quand un homme de la commune de Thil fut condamné à mort je présenté une petition au commissaire du Directoire exécutif près le tribunal criminel; son cadavre me fut accordé je mis la main à la poche pour payer ceux qui le transportèrent à l'amphitéatre de même que les élèves; ce cadavre me servit pendant plus de vingt jours et pour profiter de ce cadavre et du temps qui etoit très propre (observés citoyens administrateurs) que je ne me borné pas a faire comme les devoirs de ma place mi obligent une léçon par jour, mais deux léçons par jour au point que je passois des journées entières a l'amphitéatre c'est ce que je puis prouver par l'attestation de ceux qui mont suivi, si lon revoque en doutte mon assertion. Y a-t-il la je vous le demande citoyens administrateurs « des occupations particulières qui me font négliger la partie de lenseignement dont je suis chargé » je vous le demande prononcés.

Mais vous me dites dans votre lettre que je fais de lacunes mais qu'and ès que je me repose? Qu'and jai de cadavre jentre tous les jours même les jours de décade; le jour de la fête de la jeunesse je fis de léçon après que la fête fut finie que je renvoyé à quatre heures du soir, mais dira ton je n'ai pas fait depuis le 23 germinal dernier. Mais ce nest pas ma faute jai été plusieurs fois à l'hôpital je nai pas pu obtenir aucun cadavre ce n'est pas ma faute jy ai été. Il y a huit jours quon me dit qu'un homme était condamné à mort je me transporte au tribunal je laisse ma pétition au greffe, des circonstances ont retardé l'exécution de ce jugement; ce matin on mavertit qu'on doit l'exécuter je reviens au greffe ma petition se trouve égarée, jen fais une autre, le cadavre m'est accordé on vient de le transporter a l'amphitéatre demain je serai obligé de metre la main a la poche pour payer les porteurs, et cependant me voila inculpé de negligence et dapathie reprochable !

Voila citoyens administrateurs un tableau exact et fidelle de ma conduite et de la maniere dont jai rempli les devoirs de ma place demain je continuerė mon cours par la névrologie ou le traité des nerfs je ferai (comme jai fait jusqua present) més léçons avec même zèle la même exactitude et malgré tous les desagremens que jai a essuyer je tacheré de meriter la continuation de la confiance et de lestime de mes concitoyens.

Salut et fraternité.
LARREY,
Professeur d'anatomie.

P. S. Lorsque je naurai point de cadavre je prendré la précaution d'orénavant de vous en instruire pour que vous donniez les ordres convenables pour men procurer, et pour me mettre à labri des fausses inculpations que je nai jamais mérité 1. »

1 Publié par Ripoll, dans le Compte rendu des travaux de la Société de Médecine

1

Si, malgré son étendue, nous avons reproduit in extenso ce document, c'est que l'enseignement provisoire établi à Toulouse durait encore en l'an JV; de plus, il nous montre comment, à cette époque, un professeur entendait s'acquitter de sa charge, dans quelles lamentables conditions s'enseignait l'anatomie et comment l'enseignement était à la fois théorique et pratique, puisque le maître expliquait pièces en mains. Enfin, la Faculté n'était point désertée dans ces temps troublés, puisque plus de cent élèves se pressaient dans l'amphithéâtre où Larrey faisait ses démonstrations.

An IV 18 messidor. La municipalité demande à l'administration centrale de conserver parmi les bâtiments nationaux l'Ecole de Médecine et un local pour la chirurgie'.

21 thermidor.- Un membre rappelle les bâtiments qui doivent être conservés : l'Ecole de Médecine et l'Escola Matrix pour loger l'Ecole de Chirurgie.

Dans une pièce non datée des Archives de la Haute-Garonne 3, on trouve un document qui semble prouver que l'enseignement provisoire organisé par Paganel existait encore trois ou quatre ans après, à peine modifié. C'est une réponse adressée par l'administration du département au ministre de l'Intérieur, qui demandait combien il existait d'établissements d'instruction et ce qu'il fallait faire pour les perfectionner.

A l'Académie des Sciences, pour l'enseignement de la médecine, il y avait alors: anatomie, un professeur; botanique et physique végétale au jardin des plantes, un professeur; pathologie chirurgicale et matière médico-chirurgicale, un professeur; médecine pratique, un professeur; pour les épidémies, un professeur; un cours d'accouchement, un professeur.

Le personnel était donc à peu près resté le même, mais les administrateurs proposaient quelques réformes :

« Les Ecoles de santé précédemment établies à Paris, Strasbourg et Montpellier pour cinq cent cinquante boursiers ou pensionnaires du gouvernement, destinés pour les hôpitaux militaires ou de la marine ne suffisant pas,

1 Arch. munic., Délibérations, fol. 411.

2 Ibid., p. 460.

* D'après Liard, elle serait de l'an VI ou de l'an VII.

« PrécédentContinuer »