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liser tout les désidérata de l'hygiène moderne : aussi, les contagions de tout genre sont-elles rares à l'Hôtel-Dieu de Toulouse.

La plupart des salles y sont vastes, hautes, bien éclairées et admirablement ventilées le mode de chauffage employé est peutêtre un peu suranné, mais il a au moins le mérite... de donner de la chaleur.

La masse des bâtiments peut se diviser en cinq parties1:

1° Un haut et long bâtiment (A) plongeant dans la Garonne ; 20 En arrière, un autre bâtiment (B) moins allongé ;

3o Un groupe de constructions (C) avec petites cours intérieures, regardant d'un côté la rue Viguerie, de l'autre le bâtiment B; 4o Un bâtiment transversal (D);

5 Le bâtiment (E) bordant la rue Viguerie.

Par suite de la déclivité du terrain sur lequel est bâti l'hôpital, ces constructions n'ont pas des étages correspondants : les rez-dechaussée des bâtiments A et D sont des caves ou des salles de dépôts; ceux des autres sont occupés par différents services énumérés dans la légende qui accompagne les plans.

Les services administratifs et les services cliniques voisinent côte-à côte nous les indiquons sommairement.

Au premier étage du bâtiment A, à droite de l'escalier central, sont installés deux services de médecine pour hommes : les murs portent, encadrés deux par deux, les portraits de nombreux bienfaiteurs des hôpitaux, entr'autres, celui de Duclos, ancien Directeur de l'Ecole préparatoire. A gauche, une vaste pièce, entièrement décorée de portraits, avec son splendide plancher 2 parfaitement conservé, sert de salle des pas-perdus et aboutit à la chapelle entre cette pièce et le mur longeant la Garonne, le service de l'internat et, au-dessus, le laboratoire des cliniques et les chambres des malades payants. Le second étage offre à peu près la même disposition que le précédent : deux services de médecine pour hommes y sont établis; mais, dans l'un, sont les incurables. Une pièce, dans laquelle sont renfermées les précieuses archives de l'Hôtel-Dieu et de la Grave, sépare ces services d'un troisième, établi au-dessus de la grande salle des pas-perdus et affecté également aux hommes: c'est le service de chirurgie de l'administration.

1 Pour bien comprendre la disposition des locaux, nous renvoyons le lecteur aux plans annexés à la fin de ce volume.

2 Il s'agit du plafond, qui n'est qu'un ancien plancher avec solivage.

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Le premier étage du bâtiment D forme une longue salle, aver double rangée de colonnes, la salle Saint-Lazare, où est appendu, à l'une des entrées, le portrait du célèbre chirurgien Viguerie. A l'étage au-dessus, d'un côté une salle d'opérations et us service de femmes; puis ensuite la salle des consultations du service d'ophtalmologie, la salle d'opérations et d'examen ophtalmoscopique et la salle des opérés de ce service; la salle des femmes occupe un petit bâtiment placé en arrière.

Le rez-de-chaussée du bâtiment B, qui correspond aux caves du bâtiment A, est occupé par des services généraux : il en est également pour une partie des premier et second étages, dans lesquels loge la communauté des sœurs hospitalières. Dans l'extrême partie du bâtiment sont établis deux services absolument distincts d'enfants les contagieux d'un côté, les autres du côté opposé. Le pavillon carré, élevé en avant du bâtiment B, est de construction toute récente et a reçu une destination particulière. Il porte le nom de Pavillon de la Presse, et a pu être construit grâce à une souscription. Le rez-de-chaussée sert de salle de consultation pour les enfants; au premier sont aménagées des chambres d'isolemen: pour les diphtériques 1.

L'étroite et basse construction qui clôture la deuxième cour est l'amphithéâtre destiné aux autopsies : l'éclairage se fait par la partie supérieure.

Quand on pénètre dans le bâtiment C par l'unique porte qui fait vis-à-vis au pavillon de la Presse, on trouve, au rez-de-chaussée : à droite, le service des varioleux; à gauche, le service des vénériens (hommes) et, contigu à ce dernier, un service annexe, celui des consultations des maladies de la gorge, du nez et des oreilles. At premier, du côté de la cour: à droite, la salle des vénériens fermes); à gauche, une salle de chirurgie pour hommes. Dans l'aile droite qui se détache de l'extrémité du bâtiment C, le premier étage comprend la salle de consultation des maladies cutanées et syphilitiques, le cabinet du professeur et de son chef de clinique. un laboratoire où est installé un appareil à radiographie pour

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Un dispensaire, type Gibert du Havre, appartenant au Bureau de bienfaisance, établi près de Saint-Sernin, rue des Trois-Renards, est annexé à cette clinique. est destiné aux enfants au-dessous de treize ans. Ce dispensaire, qui reçoit chaque année douze cents à quinze cents enfants, comprend deux corps de bâtiments don' le second est réservé aux salles de bains, de douches et à un gymnase, tandis que le premier renferme, outre les salles proprement dites du dispensaire, un service d'électrothérapie et un laboratoire (Voir l'Université de Toulouse, no du 25 novem• bre 1891.

traitement du lupus. L'aile centrale est occupée par des services généraux. Au premier étage de la troisième aile sont installées deux salles d'opérations, ayant chacune leur amphithéâtre distinct pour les cours cliniques.

Inutile d'ajouter que l'aménagement de ces salles est tout récent, que leur installation réalise toutes les conditions exigées par les procédés de la chirurgie moderne; les appareils et l'arsenal opératoire de ces deux services cliniques répondent à tous les besoins.

Le bâtiment E est desservi par deux larges escaliers placés aux extrémités. Du côté de la voie publique sont les salles de consultations des services de médecine et de chirurgie; puis ensuite viennent la pharmacie et les cuisines. Au premier, correspondant aux salles de consultation, une vaste pièce la salle des examens, ornée des portraits de quelques bienfaiteurs; puis deux services de chirurgie pour femmes, occupant presque toute la longueur de l'étage, séparés l'un de l'autre par un long mur médian. Le second étage reproduit la disposition du premier au-dessus de la salle des examens se trouve le service des incurables (femmes); les deux longues salles occupant le reste de l'étage sont affectées à trois services de médecine (femmes).

Entre le bâtiment E et le mur de clôture séparant l'Hôtel-Dieu de la rue Viguerie, s'élève une construction basse la maison Viguerie dans laquelle on a installé depuis plusieurs années un service d'électrothérapie et de radiographie.

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Telle est, dans ses grandes lignes, la disposition des services de l'Hôtel-Dieu nous n'avons pas besoin d'ajouter que le service hydrothérapique est parfaitement organisé et que l'hôpital possède tous les appareils nécessaires de désinfection.

A proximité du centre de la ville, d'un accès facile, vaste, bien aéré, l'Hôtel-Dieu de Toulouse pourrait presque passer pour un établissement parfait, sous bien des rapports. Mais les exigences de l'hygiène moderne doivent préciser sa destination. S'il est nécessaire qu'au centre d'une ville importante comme Toulouse, il existe un établissement hospitalier pouvant offrir asile aux malheureux dont l'état réclame des soins immédiats, soit médicaux, soit chirurgicaux, et qui puisse à la fois être utilisé comme l'annexe indispensable d'une Faculté de Médecine, il n'en est pas moins vrai qu'il est une classe de malades auxquels semblable établissement devrait fermer ses portes impitoyablement. Nous voulons parler des tuberculeux. La guerre au terrible bacille de Koch ne doit pas rester à l'état de projet, mais devenir une réalité.

Or, l'Hôtel-Dieu actuel, limité par la Garonne et les maisons de la rue Viguerie, ne peut s'agrandir, et il ne suffirait pas de l'agrandir à moins que l'on ne veuille lui donner le cadre de jardins et de verdure qui lui fait totalement défaut pour isoler les bacillaires et préserver les autres malades de leur contact. Ce qu'il faut, c'est à proximité de la ville, en un point élevé, au milieu des arbres et des champs, une construction toute neuve, vaste, inondée d'air et de lumière, où, sans danger pour leurs frères malheureux et pour eux-mêmes, les tuberculeux puissent respirer à pleins poumons un air pur et ensoleillé.

La ville de Toulouse qui a tant fait pour les malheureux, ne doit pas reculer devant un dernier et sublime sacrifice : dans les champs où, à pleines mains, elle aura semé de l'or, au lieu de l'ivraie, il ne germera plus un jour que de puissants et beaux épis.

L'Hôtel-Dieu est plus qu'un asile pour les malheureux, c'est presque un demi-musée. La galerie des nombreux portraits de ses bienfaiteurs est intéressante à plus d'un titre : d'abord, elle constitue un hommage à la mémoire de généreux philanthropes, depuis les humbles jusqu'aux privilégiés du sort et de la fortune; ensuite, parmi les toiles, dont les auteurs resteront à jamais inconnus, certaines sont d'une exécution ou d'une originalité remarquables et mériteraient d'être groupées à part; enfin, l'ensemble offre un intérêt historique qui n'a sans doute pas échappé aux observateurs curieux ces personnages, symbolisant tous les rangs de la société, résument l'histoire du costume toulousain pendant plus d'un siècle, surtout le dix-huitième. Il est même profondément regrettable que les costumes les plus typiques aient été relégués à l'Hospice de la Grave, où, dans les couloirs déserts, ils sont exposés à des avaries continuelles.

Ce n'est pas tout. Dans l'ameublement de l'hôpital, on trouverait aussi le moyen de former un véritable musée du mobilier: disséminées dans les diverses salles, les vieilles armoires, les tables massives, avec leurs lourds plateaux de marbre, les commodes ventrues avec leurs cuivres ouvragés, jurent à côté du mobilier moderne. Qu'on rassemble les toiles les plus typiques et les meubles anciens, qu'on y joigne quelques panneaux et médaillons de bois sculptés nous en donnons une reproduction — quelques vieilles gravures relatives à l'Hôpital Saint-Jacques et à l'Hôpital des Pestiférés, et on aura bientôt constitué un Musée rétrospectif, qui ne serait pas la partie la moins curieuse du moderne Hôtel

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