Images de page
PDF
ePub

l'arrêté de M. le Recteur, qui leur a été lu par chacun des Professeurs dans leur classe respective. MM. les Etudiants soi-disant Commissaires ont donné le signal d'une effraction de la porte de derrière et ont ainsi pu ouvrir les fermetures intérieures de l'entrée principale. Je me suis présenté au milieu de la foule qui s'était introduite à l'aide de cette effraction. J'ai intimé plusieurs fois l'ordre de se retirer de la salle, sans avoir pu amener MM. les Etudiants à la subordination. J'ai en conséquence requis la force armée, oubliant toutefois que c'était à la commune que je devais porter la plainte.

Je signale à M. le Maire, comme les principaux agens de cette infraction de la loi imposée aux Elèves par le Gouvernement et comme s'étant chargé de s'opposer par menaces ou autrement à la soumission à laquelle la plus part seraient disposés, je signale, dis-je, à l'autorité MM. Cazabon, Giscard, Barbes, Fauré, Fort, Colomès, Carrère. De tout quoi avons dressé procès-verbal pour en instruire les autorités.

SAINT-ANDRÉ,

Directeur de l'Ecole1. »

Pareilles scènes se produisirent le lendemain, 14 septembre, et le Directeur dut à nouveau avoir recours à la police. Nouveau procès-verbal ful adressé au Maire afin qu'il voulût bien aviser aux moyens d'empêcher les Etudiants de continuer de troubler les

cours.

L'origine de ces désordres provenait de ce que les professeurs, ayant d'un accord unanime décidé, en vertu du règlement de novembre 1806, de porter le prix des inscriptions à 60 francs ainsi que l'avait fixé le décret établissant l'Ecole, - et alors que jusqu'à ce jour on avait maintenu ce prix au chiffre réduit de 30 francs par pure générosité, ainsi que le proclamait hautement l'Inspecteur Royer-Collard de passage à Toulouse à ce moment-là, les étudiants réclamaient le maintien du prix de 30 francs, quelques-uns la gratuité même, d'autres enfin refusaient de s'inscrire.

Une cabale fut montée et le vide se fit à l'Ecole. Une pétition fut adressée par les Etudiants au Préfet qui oublia de la communiquer au Recteur celui-ci aurait pu arrêter rapidement les désordres, la négligence du Préfet paralysa ses efforts.

Le Recteur voulut d'abord s'assurer du parfait fonctionnement des cours à l'Ecole : le 24 novembre 1819, il prenait l'arrêté suivant :

« Le Recteur,

D'après le rapport qui lui a été fait sur l'irrégularité qui existait dans l'ordre de certains cours de l'Ecole de Médecine; considérant la nécessité de prévenir les inconvéniens résultans des interruptions fréquentes que doit

1 Arch. munic., liasse M. 1.

occasionner l'absence souvent répétée de quelqu'un de Messieurs les professeurs; considérant qu'il est essentiel de s'assurer du remplacement d'un professeur qui serait obligé de s'absenter pour une cause légitime;

ARRÊTE :

[ocr errors]

ARTICLE PREMIER. Il sera tenu au Secrétariat de l'Ecole de Médecine, ou dans toute autre partie des bâtimens de la dite Ecole jugée la plus commode pour cela, un registre destiné à recevoir la signature de chaque professeur après qu'il aura fait sa classe.

ART. II. - Le professeur qui n'aura pas inscrit son nom sur ledit registre sera réputé n'avoir pas donné sa leçon.

ART. III. Lorsqu'un professeur aura quelque raison qui l'obligera de s'absenter, il préviendra son suppléant ou tout autre professeur qui devra le remplacer, afin que son cours ne souffre pas d'interruption.

ART. IV. — Le Directeur de l'Ecole de Médecine demeure chargé de l'exécution du présent arrêté et il nous fera connaître à la fin de chaque trimestre ceux de MM. les professeurs qui auront manqué, sans cause légitime, de donner leurs leçons.

ART. V. Si un professeur, après lui avoir fait les représentations convenables, persistait dans son inexactitude, il en sera rendu compte à la Commission de l'Instruction publique, afin qu'il soit pris à l'égard dudit professeur les mesures qui seront jugées convenables.

ART. VI. Le présent arrêté sera lu par M. le Directeur à MM. les Professeurs réunis, afin qu'il ne reste point de prétexte pour négliger de se conformer aux prescriptions qu'il renferme1. »

Dans un Rapport du Commissaire de Police du même jour, on voit que les Etudiants n'étaient pas encore décidés à abandonner leurs injustes prétentions et que l'Ecole restait déserte:

« D'après la lettre de M. le Maire, le Commissaire de police soussigné, informé que les Elèves de Chirurgie et de Médecine s'obstinent depuis plusieurs jours à ne pas suivre les Cours ouverts par les six Professeurs de l'Ecole de Médecine, par la raison que ces derniers exigent d'eux une rétribution de 60 francs, devaient se réunir sur les Esplanades, s'est rendu sur les lieux à l'heure indiquée, avec son collègue, à l'effet de surveiller cette réunion et en connaître l'objet. Ils y ont trouvé en effet 60 à 80 jeunes gens réunis très paisiblement qui après avoir délibéré d'adresser à M. le Préfet une seconde pétition, signée de tous les réclamans, la première ne l'étant d'aucun d'eux, pour se plaindre des injustes prétentions de MM. les Professeurs, so sont retirés aussitôt qu'ils ont apperçu qu'ils étaient surveillés. Cette pétition qui probablement sera incessamment adressée à M. le Préfet, doit être présentée à la signature dans une maison, rue du Sénéchal. Il est à présumer que la connaissance des faits n'appartient pas à M. le Préfet mais bien à la Com

1 Arch. de l'Acad., Arrêtés du Recteur, fol. 53.

mission d'Instruction Publique. S'ils y sont renvoyez, ils suivront cette voie et que jusqu'à ce qu'ils ayent reçu une décision officielle sur le mérite des prétentions de MM. les Professeurs, la tranquilité ne sera point troublée par ces Elèves. C'est aussi pour la maintenir que les Commissaires de police s'atta

[graphic][merged small]

chent à surveiller plus particulièrement ces jeunes gens qu'un esprit de parti pourrait diriger dans un sens dont on saurait trop prévoir les suites, si, comme ils l'ont fait entrevoir, les étudiants en droit prenaient part à leur différent.

Le Commissaire de police,
MAIGNAUD 1. »

1 Arch. munic., liasse M. 1.

La police n'avait pas été aussi zélée au début des événements : si elle eût empêché les étudiants, non munis de cârtes, d'assister aux cours pour y créer le désordre et empêcher les professeurs de parler, le calme eût été vite rétabli1.

Devant l'obstination des Etudiants à ne pas vouloir prendre leurs inscriptions, le Recteur prit le 6 décembre 1819 un arrêté où il rappelait les dispositions des règlements antérieurs relatifs aux inscriptions. Nul élève ne serait admis aux cours s'il ne présentait une carte constatant qu'il avait versé les droits : le dernier délai accordé était le 13 décembre ?.

Les professeurs s'assemblèrent chez le Directeur et décidèrent de suspendre les cours le Maire fut invité à faire surveiller les abords de l'Ecole et une enquête fut organisée pour savoir quels étaient les auteurs des troubles. Peu à peu, les esprits se calmèrent devant l'attitude des professeurs et la surveillance attentive de la police, les abords de l'Ecole devinrent tranquilles.

Enfin les étudiants s'étant rendus chez le Directeur et lui ayant demandé la réouverture de l'Ecole, en promettant d'agir auprès de ceux de leurs camarades qui n'étaient pas encore décidés à s'inscrire, le 8 janvier 1820, le Recteur prenait un arrêté fixant au 12 la reprise des cours: la carte d'étudiant devait être exigée dorénavant à l'entrée des salles'.

Au mois de décembre 1819, un certain Idrac, docteur en médecine, avait sollicité l'autorisation de donner à Toulouse un cours particulier de médecine et de chirurgie: la Faculté de Montpellier lui avait accordé de bons certificats. Le Conseil royal l'autorisa, mais les hôpitaux, au mois d'octobre 1820, ayant refusé de lui livrer des cadavres pour ses leçons d'anatomie, Idrac abandonna son projet 5.

En 1820, l'Ecole de Médecine et Chirurgie n'avait d'autre règlement intérieur que celui de 1806, antérieur à la création de l'Université. Comme ce règlement était défectueux, le Directeur de

1 Arch. de l'Acad., Arrêtés du Recteur, reg. III, fol. 175.

Ibid., fol. 53 vo.

3 Ibid., fol. 54. Arrêt du 22 décembre.

4 Arch. de l'Acad., Arrêtés du Recteur, fol. 54.

Arch. de l'Acad., Correspondance, reg. 3, fol. 175 vo; reg. 4, fol. 14, et Délibérations de l'Hôtel-Dieu, reg. 1820-23, fol. 233 vo.

l'Ecole proposa le 4 mars un projet de règlement que le Conseil académique approuva le 8 mars et qui fut soumis par le Recteur à l'approbation de la Commission de l'Instruction Publique 1.

Sur ces entrefaites parut l'ordonnance du 18 mars 1820, plaçant les professeurs des Ecoles secondaires de Médecine et des Cours d'instruction médicale institués dans les hôpitaux des différentes villes, les étudiants suivant ces Ecoles et ces Cours, sous l'autorité de la Commission de l'Instruction Publique et les soumettant à la discipline du Corps enseignant 2.

Nous résumons ici le tableau du personnel de l'Ecole de 1807 à 1820.

[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

Suppléants: A. Amiel, 1807-1809; P. Naudin, 1809-1820.

-

Chaire de Pathologie Chirurgicale. Titulaires: Tarbès, 18071809; A. Amiel, 1809-1820.

Suppléants Amiel, 1807-1809; Naudin, 1809-1820.

Chaire d'Opérations et d'Accouchements. — Titulaire J.-M. Duclos, 1807-1820.

Suppléants: Adoue, 1807; Frizac, 1808; Ducasse fils, 1809-1820.

Chaire de Thérapeutique et de Matière médicale. - Titulaires : J.-A. Lafont, 1807-mai 1814; Saint-André, août 1814-1820. Suppléant Tournon, 1807-1820.

Chaire de Clinique interne. Titulaires : Dubernard père, 1807-1809; Dubernard fils, octobre 1809-1820.

Suppléant : Dubernard fils, 1807-1809. (De 1809 à 1824, il n'y eut pas de suppléant désigné.)

Chaire de Clinique externe. - Titulaire : Viguerie, 1807-1820. Suppléants Adoue, 1807; Frizac, 1808; Ducasse fils, 1809-1820.

Prosecteurs. Naudin, Larrey, Ormières, Fourquet.

Secrétaire-Trésorier. - Guinet, Saint-André.

1 Arch. de l'Acad., Correspondance, reg. 3, fol. 192, et Délibérations du Conseil, t. I, fol. 133.

2 Enquêtes et documents, XXXVII, fol. 170.

« PrécédentContinuer »