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» finage à un repas qu'il donnoit à la maison » de Dyvet. Vers la fin du diner, les convives » commençant à avoir la tête échauffée par les » liqueurs qu'ils avoient bues, on parla de » Neft, femme'de Gerald, gouverneur du châ

teau de Pembroke, dans les termes les plus "magnifiques; aucune femme, difoit-on, dans

tout le pays de Galles, ne la furpaffoit tant "pour la beauté que pour l'élégance de la taille. » Ces paroles exciterent la curiofité d'Owen,

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fils de Cadwgan; il fe flatta qu'il pourroit la » voir avec d'autant plus de facilité, qu'il étoit " très proche parent de fon mari. Sous le pré» texte d'une vifite d'amitié, il s'introduifit » dans le château accompagné de quelques offi» ciers de fes camarades. Il trouva que tout ce » qu'il avoit entendu étoit bien au deffous de » ce qu'il voyoit, conçut pour elle le plus ar"dent amour, & retourna chez lui enflammé, » du défir de la pofféder bientôt. La même nuit » il revint avec une troupe de gens dévoués à » fon fervice, entra fecrétement dans le châ » teau, y mit le feu, &, au milieu de la con» fufion, monta à la chambre où Gerald dor» moit avec fa femme. Eveillé par le bruit, » Gerald s'élança de fon lit, pour connoître

quelle étoit la caufe de ce défordre, mais » fa femme craignant qu'on n'en voulût à fes jours, l'empêcha d'ouvrir la porte; elle arra»-cha de fa main les planches qui formoient le privé, & lui perfuada de s'évader par l'ou "verture qu'elle avoit faite, lui représentant » que c'étoit le feul moyen de fauver ses jours, Tome X.

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» Au même inftant Owen & fa fuite enfonce» rent la porte; ne trouvant point Gerald, ils » le faifirent de fa femme, de leurs enfans, » d'une fille qu'il avoit eue d'une concubine; "puis laiffant le château en feu, & ravageant » toute la campagne, Owen conduifit Neft & » fes enfans à Powis. Cette aventure donna à » Cadwgan le plus mortel chagrin; craignant que Henri ne vengeât fur fa tête l'action atroce de fon fils, il fe rendit à Powis, & vexigea d'Owen qu'il renvoyât à Gerald fa » femme & les enfans, ainfi que tout le fruit » du brigandage qu'il avoit commis fur fes ter» res. Le jeune officier, dont l'amour étoit en» core augmenté par la poffeffion de fa mai» treffe, refufa de la reftituer à fon mari. On » ignore fi elle céda à la violence de fon »amant par choix ou par néceffité; mais bien» tôt à fa priere il renvoya à Gerald tous les » enfans. «

Le fixieme livre s'étend depuis la mort de Gryffydh ap Cynan, jufqu'au couronnement de Llewelyn ap Jormeth; & le feptieme, depuis ce période jufqu'à la mort de David ap Llewelyn. M. Warrington obferve que les annales des Gallois ont été défigurées pendant quelques années par le tableau hideux des mœurs les plus fauvages; les peres, les freres, les enfans, s'engageant fouvent les uns contre les autres dans des combats cruels & meurtriers. Mais il a fu voiler avec la délicateffe qui convenoit à un hiftorien judicieux, ces fcenes d'horreurs, qui ne pouvoient que révolter l'humanité. Son

attention fe porte fur les grands intérêts de la nation; & dans le cours de fon récit, nous voyons les Gallois défendre avec les efforts les plus magnanimes la liberté de leur pays. Quelquefois un changement fubit de fortune les éleve à la plus haute profpérité, & dans d'autres tems, la divifion les énerve & les met å la merci du vainqueur.

Le huitieme livre comprend depuis le cou ronnement d'Owen & de Llewelyn, fils de Gryffydh ap Llewelyn, jufqu'à la mort de Llewelyn, le dernier roi des provinces feptentrionales du pays de Galles, & le neuvieme depuis le couronnement de David'ap Gryffydh, jufqu'à l'entiere conquête de ce pays. Ce fut Edouard premier qui mit la derniere main à cet. important ouvrage, & les Gallois ne céderent qu'après avoir foutenu une guerre longue & opiniâtre, contre prefque tous les rois Normands les prédéceffeurs.

On n'oubliera jamais que cette conquête fur fouillée par un acte de barbarie, qui ne pouvoit être fuggéré que par la politique cruelle du tyran le plus féroce & le plus fanguinaire; nous voulons parler du massacre des Bardes Gallois. Notre auteur nous a donné une hiftoire raccourcie de cette claffe d'hommes fi connus parmi les anciens Bretons; elle n'eft ni moins claire, ni moins précife que les autres parties de fon ouvrage.

On a joint dans l'appendix un résumé de différens préceptes de morale, écrits tant ed an glois, qu'en latin & en gallois.

Dans un fiecle où des écrivains laborieux ont répandu la lumiere dans prefque toutes les parties de l'hiftoire, M. Warrington a heureufement fait choix d'un fujet difficile à traiter, il eft vrai, mais fur lequel perfonne ne s'étoit en. core effayé avant lui. Le récit de ce qui s'eft paffé dans un petit pays, n'eft pas fans doute un ouvrage qui exige l'énergie des plus grands talens; mais un homme de génie le reconnoît auffi aifément fur un petit théatre que fur un grand, & nous concluons hardiment, que celui qui a traité l'hiftoire du pays de Galles avec cette dignité de ftyle & cette jufteffe d'idées, eft fait pour obtenir les plus grands fuccès dans les genres les plus importans & les plus difficiles. (Cenfeur univerfel Anglois.)

HOMELIES, difcours & lettres choifies de St. Jean Chryfoftome, avec des extraits tirés de fes ouvrages fur divers fujets; traduits par M. l'abbé AUGER, vicaire-général du diocese de Lescar, 'de l'académie des infcriptions & belles-lettre's de Paris, & de celle de Rouen. A Paris, chez Debure, Barrois jeune, quai des Augustins; Jombert jeune, rue Dauphine, 1785, 4 vol. in 8vo. d'environ 600 pages chacun.

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MR. l'abbé Auger eft très-avantageufement

Connu par les traductions qu'il a déja publiées

des principaux orateurs Grecs, de Démofthene, d'Ifocrate, de Lyfias, de Lycurgue, d'Andocide, d'ifée, &c. Il s'eft proposé de nous donner de même les traductions de quelques homélies & difcours des principaux peres Grecs, de St. Jean Chryfoftome, de St. Bafile, de St. Grégoire de Nazianze, & de St. Athanafe, perfuadé qu'ils ne le cedent pas aux premiers, & qu'ils peuvent foutenir le parallele. Il n'eft personne qui s'intéreffe à la bonne & faine littérature, qui n'applaudiffe à certe entreprife. Auffi l'utilité en a-t-elle été fentie par la derniere affemblée du clergé, qui, fur le fimple projet de cet ouvrage, a gratifié l'auteur d'une penfion à la quelle le roi a daigné en ajouter une autre, Ces graces auffi honorables que flatteufes ont été pour lui un puiffant motif d'encouragement, & lui ont fait bâter l'exécution de cette entreprife, qu'il commence par la traduction du Démofthene de l'églife, de faint Jean Chryfoftôme.

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C'est dans un decours préliminaire de plus de cent pages, très judicieux & fagement écrit, que M. l'abbé Auger nous donne d'abord un abrégé de la vie de ce pere il trace enfuite fon caractere. Il expofe quelques uns de fes fentimens qut, au premier coup-d'œil, ne paroiffent pas trop orthodoxes; mais qui vus de plus près, & favorablement interprétés, ne doivent laiffer aucun doute fur la pureté de fa foi; il propofe des réflexions fur fon éloquence en particulier, & fur l'éloquence de la chaire en général; enfin, pour se conformer aux vues

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