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MICHEL LEVY FRÈRES, LIBRAIRES ÉDITEURS
RUE VIVIENNE, 2 BIS, ET BOULEVARD DES ITALIENS, 15
A LA LIBRAIRIE NOUVELLE

1865

Tous droits réservés

LOAN STACK

LA GRÈCE L4

ET LES ILES IONIENNES

I

La Grèce est le plus petit des royaumes de l'Europe, elle n'a pas 1,200,000 habitants et ses revenus montent à peine à 20 millions. Si on ne devait la considérer qu'au point de vue de la puissance matérielle, elle serait à peine digne de l'attention des hommes d'État.

Aujourd'hui ce petit royaume traverse une crise grave, à laquelle, malgré tout, il faut prévoir dans l'avenir une heureuse issue, mais qui a temporairement le résultat de toutes les révolutions, celui d'affaiblir le pays et de gêner son action en dehors de ses frontières. Avec ses finances délabrées et son armée désorganisée, la Grèce ne saurait de longtemps donner à la Turquie des inquiétudes directes au point de vue militaire. Elle n'aurait pas les moyens d'entreprendre une campagne

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pour affranchir l'Épire, la Thessalie, la Macédoine ou la Crète, ou même de fomenter et de soutenir une insurrection sérieuse dans ces provinces contre l'autorité de la Porte. Aussi bien des gens, après avoir cru la Grèce capable de conquérir à elle seule une grande partie de l'Empire ottoman, après s'être fait une idée trop haute de ses forces, en sont venus, par l'excès contraire, à la considérer comme un pays nul, sans influence et sans avenir, condamné à végéter dans l'anarchie sur son étroit territoire. La nation grecque paie durement aujourd'hui, bien plus encore que certaines fautes de ses chefs de partis, l'exagération de l'enthousiasme dont elle a été l'objet en 1821. Combien de gens se figuraient alors qu'aussitôt les Turcs chassés d'Athènes on y verrait renaître, comme par enchantement, la sagesse de Solon, le désintéressement 'Aristide, le génie de Thémistocle, les grandes œuvres de Phidias, et que le siècle de Périclès recommencerait au lendemain de l'indépendance. Ce qu'on reproche aux Grecs, sans peut-être y avoir bien réfléchi, c'est de n'avoir pas réalisé un espoir chimérique. On ne voulait voir chez eux, du temps de la Restauration, qu'héroïsme et vertus sublimes; on ne sait plus y découvrir aujourd'hui que friponnerie et lâcheté. Le plus grand malheur de ce peuple est que, tout en parlant beaucoup de lui, on ne l'a jamais suffisamment étudié ni compris. Et cependant les races, comme les hommes, gagnent toujours à être connues dans l'exacte mesure de leurs défauts et de leurs qualités, telles que les ont

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