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ont entre elles des rapports si étroits, qu'elles peuvent difficilement, sans se nuire, se passer l'une de l'autre.

MAÎTRES D'ARMES OU D'ESCRIME.

DEPUIS long-temps, l'art de tuer son ennemi dans un combat singulier et suivant de certaines règles, est enseigné en France par des hommes qui portent le nom de maîtres d'armes. Chez une nation aussi belliqueuse, aussi sensible au point d'honneur que la nôtre, il était impossible qu'un tel art n'y fût pas en grande faveur, et que ceux qui l'enseignaient, ne trouvassent pas un grand nombre de jeunes Français empressés à prendre leurs leçons, même dans le temps d'une profonde paix. Voyez ce jeune homme qui n'a pas encore atteint sa vingtième année : il semble déjà prévoir le jour où il se croira obligé d'appeler sur le terrain un ami par des paroles duquel il aura cru son honneur offensé, et où lui-même sera appelé pour la même cause. Il faut donc qu'un maître l'instruise à manier l'épée, à porter des bottes et à les parer.

Autrefois, comme on ne se battait le plus souvent qu'à l'épée, on ne se servait guère que

du fleuret pour l'exercice de l'escrime. Ce n'était que de cette manière que le fameux Cadet de Provence et le chevalier de Saint-Georges donnaient leurs leçons. Lorsque la plus grande partie de la jeunesse française fut appelée, par les guerres de la révolution, sur les champs. de bataille, les maîtres d'armes, devenus extrêmement nombreux dans les troupes, n'eurent plus à enseigner aux jeunes militaires qu'à se servir du sabre, du briquet ou de la baïonnette, soit contre l'ennemi, soit pour se battre entre eux. Cependant l'usage de l'épée subsista parmi la plupart des officiers, qui auraient tenu à déshonneur d'en agir entre eux comme les simples soldats.

La restauration a rendu fréquent dans les duels l'usage du pistolet, qui nous est encore venu des Anglais, qu'effraie la vue de l'arme blanche. Depuis dix ans, plusieurs combats singuliers ont été livrés de cette manière, entre des officiers et même entre des bourgeois. Voilà donc une arme dont il faut que les maitres enseignent le maniement à leurs élèves, non plus dans une salle, mais dans un lieu ouvert, où ils font placer une cible à une distance plus ou moins considérable. C'est là qu'ils enseignent le tir, de manière que l'élève puisse

atteindre le but jusqu'à vingt et même trente pas de distance.

Si ces maîtres, qui se donnent aussi le nom de professeurs d'armes, invitent de temps en temps le public à des assauts qu'ils doivent se livrer entre eux, le fleuret à la main, ce n'est qu'un spectacle qu'ils donnent, soit pour gagner de l'argent, soit pour se faire des pratiques, et qui ne tire point à conséquence contre l'usage des autres armes.

Il est des maîtres d'armes pour tous les états, depuis ceux qui donnent des leçons aux princes, aux gens de distinction et aux fils de riches bourgeois, jusqu'à ceux qui instruisent les commis et les fils de petits marchands. Les premiers courent dans d'élégans cabriolets, et les autres, presque tous anciens militaires sans fortune, vont modestement à pied donner leurs leçons.

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CES maîtres forment, comme les précédens, deux catégories; la première comprend ceux qui excellent dans leur art, et la seconde les artistes médiocres. Nous ne faisons entre eux

aucune distinction pour ce qui les regarde particulièrement, ainsi que les personnes auxquelles ils donnent leurs leçons, par la raison qu'il n'y a de différence des uns aux autres que du plus au moins; que tel dessinateur est admirable dans une grande composition, et non dans une petite, et que tel autre l'emporte sur lui dans une composition de ce dernier genre, qui souvent n'exige pas moins de talent que première.

la

Les dessinateurs dont nous voulons parler, ne sont point ceux qui n'exercent leur art que dans leur cabinet, mais seulement ceux qui, pour en donner des leçons, courent le cachet dans les pensionnats et dans les maisons particulières.

Il n'y a pas quarante ans que le dessin n'était qu'une partie fort accessoire de l'éducation des personnes des deux sexes, et qu'un jeune homme ou une jeune fille qui apprenaient à dessiner, ne se livraient à cette occupation que par manière de délassement; encore appartenaient-ils à des familles opulentes : point de maîtres de dessin dans les couvens, et fort peu dans les maisons particulières. Aussi les dessinateurs étaient-ils presque tous réduits à travailler dans leur cabinet pour le compte des

riches amateurs, des marchands d'estampes ou des libraires.

Depuis vingt-cinq ans, la nécessité de connaître l'art du dessin, moins sous le rapport de l'agrément que comme un moyen de bien apprécier les chefs-d'œuvre des grands maîtres dans les arts de la gravure, de la peinture et de la sculpture, s'est fait généralement sentir; et la plupart des pères de famille qui jouissent d'une certaine aisance, croiraient n'avoir donné à leurs enfans qu'une éducation incomplète, s'ils ne leur avaient fait apprendre à dessiner le paysage ou quelques têtes. De là est venue cette multitude de maîtres de dessin, et cette aptitude d'un si grand nombre de jeunes gens et de jeunes personnes à prononcer sur le dessin d'une gravure, d'un morceau de sculpture ou d'un tableau. Quiconque a eu la patience de prêter l'oreille aux divers jugemens portés dans les différentes expositions du salon, a dû et pu se convaincre des progrès que l'art du dessin avait faits dans presque toutes les classes de la société.

Un maître de dessin est un homme dont les pensionnats de jeunes demoiselles ne peuvent plus se passer, puisque son art est devenu une partie essentielle de l'éducation d'une jeune

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