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niere que du Latin Cicada, on a fait en François Cigale; de Ciconia eft venu Cigogne; l'Académie l'écrit ainfi : & de Cicuta, on a formé Ciguë: mais on conferve cependant Cicutaire; parce que ce mot eft plus rare. De Secundus, on a tiré Second; & on l'écrit ainfi à caufe de l'étymologie; mais on prononce Segond.

Le C fe confond avec le Q, en forte que du masculin Public, on forme le féminin Publique du Latin Africa, on forme en François, Afrique ; mais de ce substantif on forme enfuite l'adjectif Africain, où le C reparoît; parce que dans cet adjectif il s'apuie fur l'A, au lieu que dans le fubftantif il ne pouroit s'apuier fur fon E muet, fans perdre fa forme.

Le C fe confond également avec la lettre S, en forte que de Souris se forme Souriciere.

Devant la voyele I, le C fe confond avec le T, en forte qu'en Latin même on écrit Nuntius, & Nuncius, d'où eft venu en François Nonce. De Pænitentia, on a fait en François, Pénitence, & Pénitencier. Mais l'Académie conferve Pénitentiaux & Pénitentiel, avec un T, parce que ces mots beaucoup plus rares font moins dérivés du François, Pénitence, que du Latin, Pænitentiale, Pænitentiales.

Le C doublé au milieu des mots, devant les voyeles, A, O, U, fe double plus ou moins dans la prononciation, felon que les mots font plus ou moins ufités. Ainfi on apuie fur ce doublement dans Acca Laurentia: mais il s'afoiblit & s'éteint dans Accâbler, Accommoder, Accufer. On le conferve néanmoins dans l'Orthographe de ces deux derniers mots, parce qu'ils vienent du Latin Accommodare, Accufare; mais il femble qu'on pouroit le négliger dans Accâbler, Accoler, Accofter, &c. comme venant immédiatement du François, Cable, Col, Côte, autrefois Cofte.

On conferve ce doublement dans la prononciation même devant les voyeles E, I, parce qu'alors le premier C fe prononce comme le K, & le fecond comme la lettre S. Ainfi on dit & on écrit, Acception & Accident, qui vienent l'un & l'autre du Latin. Mais du François Cens, on forme Acenfer, fans doublement.

Le C tient auffi lieu de la lettre Q, lorsqu'on veut la doubler : ainsi on dit en Latin, Acquiefcere, Acquirere ; & delà en François, Acquiefcer, Acquérir: mais le grand ufage de ces mots fait qu'en François on laiffe éteindre ce doublement dans la prononciation.

Le Cau commencement & au milieu des mots, fe joint avec les lettres L, M, N, R, T. Claquer, Craquer; Bácler, Sacrer; Affefter: & en Latin, Cneus, Acmon, Acne. Dans tous ces mots il conferve la prononciation forte du K. Il s'afoiblit devant la lettre L dans Ecloga, d'où l'on a fait en François, Eglogue; l'Académie l'écrit ainfi. De Clafficum, on a fait en François, Glas : c'eft ainfi que l'Académie l'écrit.

Le C conferve fa force devant la lettre H, dans les mots peu ufités qui nous vienent du Latin, ou du Grec, ou de l'Hébreu, comme dans Chaos, Chélidoine, Chiromancie, Chorévéque, Chus, Chylofe. La même articulation C H retient encore toute fa force devant les confones L, R, T, comme dans Chloris, Chrême, Autochthone.

L'articulation

L'articulation forte C, ou CH, pouroit auffi fe joindre avec la lettre S; mais alors les deux articulations réunies forment la lettre X. Ainfi au lieu de Arphacfad, on écrit Arphaxad. De même on trouve Achsaph & Axaph: C'est le même nom.

L'articulation CH fe trouve encore jointe au Z dans Achzib & Achziba: & elle y conferve fa force.

Mais elle s'afoiblit devant les voyeles dans les noms fort ufités : Chaleur, Chemin, Chicane, Chofe, Chute, Chyle. Delà il est arivé que pour lui conferver fa force devant les voyeles, 4, 0, on fupprime quelquefois la lettre H, en négligeant l'étymologie; ainfi on trouve Mécanique pour Méchanique, & Metempsycofe pour Métempfychôfe. L'Académie approuve même cette Orthographe, en facrifiant la raifon d'étymologie à l'ufage de la prononciation. Mais elle a néanmoins confervé Chalaftique, Chalcite, Chalcographe, Chalibé, Chaos, Chorégraphie, Chorévêque, Chorion, Chorifte, Chorographie, Chorographique, Choroïde, &c. en avertiffant feulement qu'on n'y prononce point la lettre H, c'est-à-dire, qu'on y prononce CA & CO, quoiqu'on y conserve l'afpiration à caufe de l'étymologie.

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Le Cou CH fe fait fentir en confervant toute fa force dans les monofyllabes & dans les mots peu ufités : Bac, Bec, Cric-crac, Tic & Tac, Broc, Choc, Duc, Stuc, Baruch, Maroc, Syndic, Échec Biffac. Mais il s'éteint & fe perd dans les mots qui devienent d'un grand ufage, comme dans Almanach, Cotignac, Eftomach, Tabac, Caudebec, Cric, inftrument, Croc: ceux qui fe fervent peu de ces mots y font fentir le C; mais ceux qui les répetent fouvent, le négligent: on dit communément un Almana, des Almanas, du Taba, d'où l'on a formé Tabatiere fans C: & l'Académie a pris foin de remarquer qu'on prononce Cri & Cro. On fait néanmoins fentir le C dans Croc-en-jambe, & quand on dit, Cela fait croc fous la dent.

Le CT fe prononce dans Tat, Exact, Aspect, Abject, Correct, Direct, Infect, Sufpect, District: il s'éteint dans les mots d'un fréquent ufage, comme Contratt & Respect: l'Académie écrit même Contrat, fans C. Mais ces deux articulations CT reprenent toute leur forcé dans les dérivés, Contracter, refpetter, &c.

Quelquefois ce CT final s'apuie fur un e muet, non feulement dans les noms féminins, Cataracte & Épacte, Pandectes & Vindi&te, mais dans les noms mêmes mafculins, Acte, Pacte, Architecte, Dialette, Infecte; & pour les deux genres dans l'adjectif Compacte, d'où il arive que les voyeles, A, E, I, demeurent breves au pluriel comme au fingulier, au lieu qu'elles devienent longues dans les mots où ces deux articulations ne font pas fuivies de l'E muet, Contracts, Refpects.

Le C final fe change non feulement en Q, en passant du masculin au féminin, Public, Publique; mais encore en CH, Sec, Seche. On écrit auffi Grec, Grecque, en réuniffant le C avec le Q pour former un doublement mais ce doublement eft inutile, puisqu'on ne le prononce pas, & qu'il n'eft point fondé sur l'étymologie; Gracus, Græca.

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ARTICLE IV. De la Lettre D.

Le D conferve toujours au commencement des mots l'articulation qui lui eft propre, foit avant les voyeles, foit avant la confone R, à laquelle il peut fe joindre. Dame, Demoifelle, Dictionaire, Docteur, Droiture, Dureté.

De même au milieu des mots : ainfi on dit, Adapter, Adepte, Adipeux, Adoration, Adreffe, Adultere.

Autrefois on difoit, Addreffer, Addoucir, &c. mais nous avons vu que l'Académie a fupprimé ce doublement en écrivant, adreffer, Adoucir, &c. On le conferve néanmoins dans Addition & Reddition; non feulement parce qu'ils vienent du Latin, Additio & Redditio; mais encore plus parce que, fi on n'y mettoit qu'un feul D, ils offriroient un fens tout différent : Ådition, avec un seul, vient du Latin Aditio, & fignifie Entrée, arivée; de même, Rédition sembleroit venir du Latin Reditio qui fignifie Retour.

Dans les mots qui devienent d'un grand ufage, on fupprime quelque¬ fois le D devant les confones. Ainfi du Latin, Adventus, & Advocatus, on a fait en François, Avent & Avocat. Du mot ancien, Adjourner, on a fait Ajourner. Ceux qui emploient fréquemment Adjuger & Admodier, prononcent ces deux mots fans D; & l'Académie qui conferve Adjuger, écrit Amodier, Amodiateur, Amodiation. On varie fur Adjoint: ceux qui ce mot eft familier, prononcent Ajoint: ceux qui le difent plus rarement, prononcent Adjoint, & l'Académie l'écrit ainfi. On a confervé adverfe, vraisemblablement parce que le mot Averfe, foit qu'on le prene du Latin Averfus, ou du François même Verfe, offre un fens tout différent. Le D, à la fin des mots, fe conferve & fe prononce dans les noms pro pres, Galaad, Lamed, David, Nemrod, Abiud, &c. Dans la plupart des autres mots, ou on ne le prononce pas, ou on le prononce en T devant les voyeles & devant les H non afpirées.

On ne le prononce pas dans Laid, Grand, Chaud, Bled, Pied, Révérend, Nid, Froid, Fond, il Abfoud, Talud: l'Académie écrit même Talus: & de quelque façon qu'on l'écrive, on prononce Talu.

Mais de ce même mot Talud ou Talus, on forme le Verbe Taluter, en changeant le D ou l'S en T. Du mot Bled, fe forme Bléer, en fupprimant le D; & l'Académie même écrit Blé fans D. Elle conferve le D. dans Pied on le prononce même en T, en difant de pied en cap ; & on le change en 7 dans Piéter, Piétiner, Piéton.

Devant les voyeles, le D final imite le T : c'eft ainfi qu'on le prononce dans ces expreffions, un grand Empereur; il fait chaud aujourd'hui ; il a fait hier un froid extrême: de même devant une H non afpirée, un grand homme. On prononce, Repond-il, comme Dit-il, Mais en écrivant, on conferve dans tous ces mots le D.

Le D final qui ne fe prononce point, reprend fa valeur lorfqu'il ceffe d'être final: Ainfi de Grand on forme Grande, Grandeur, Grandir, &c.

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repa.

Cependant Nud & Crud, ont au féminin Nue & Crue: mais le D
roît dans Nudité & Crudité. C'eft pourquoi on peut le conferver dans les
mots primitifs, lors même qu'il ne s'y prononce pas. Au refte ce D doit
absolument être confervé dans Grand, parce qu'il se prononce au moins
devant les voyeles: mais comme en ce cas même il ne fe prononce pas
dans Nud & Crud, on pouroit l'y fupprimer.

Mais lors même que le D fe prononce en T, on ne doit pas écrire un T, parce que ce D reparoît dans les dérivés : ainfi ce feroit abufivement que dans Courtaud, Crapaud, hafaud, on changeroit le D en T, parce que, quoiqu'il s'y prononce ainfi devant les voyeles, cependant on dit, Courtaude, Crapaudine, Echafaudage, &c.

Le D néanmoins s'eft changé en T dans l'adjectif Verd, d'où l'on a formé Vert: l'Académie l'écrit ainfi au féminin Verte: quoique le D reparoiffe dans Verdâtre, Verdeur, Verdir, Verdoyer, Verdure.

ARTICLE V. De la Lettre E.

La Voyele E n'exige pas moins de détail que la Voyele A, elle a même encore plus de variétés.

§. 1. Du fon plus ou moins ouvert, bref ou long, muet ou fermé, de la Lettre E.

La lettre E eft celle dont le fon varie davantage dans notre Langue : L'E eft non feulement plus ou moins ouvert, & conséquemment long ou bref, comme les autres voyeles; mais il eft encore, ce que les Grammairiens appelent, muet ou fermé. Il eft long & très-ouvert dans Bête ; bref & moins ouvert dans Bétail: fermé dans Abbé, muet dans Homme: toujours bref quand il eft muet, comme dans Devoir; long ou bre quand il eft fermé, bref dans Créer; long dans il crée.

L'E muet fe nomme féminin, parce qu'en Poéfie c'est celui qui termine les Vers féminins. c'est-à-dire, ceux dont la rime eft afoiblie par cet E qui demeure muet, comme on le voit dans ces deux Vers:

Dieu fait, quand il lui plaît, faire éclater fa gloire

Et fon peuple est toujours préfent à sa mémoire.

Les trois autres E font appelés mafculins, uniquement par oppofition à l'E féminin.

L'E muet ou féminin ne commence jamais un mot; fouvent il fe trouve à la fin, quelquefois au milieu ; & jamais on ne lui donne d'accent. Rarement on foufre au milieu des mots l'E féminin ou muet dans deux fyllabes consécutives; jamais on ne foufre deux fyllabes féminines à la fin d'un mot. Ainfi l'E muet de la pénultieme mafculine, fe change en E mafculin devant une pénultieme féminine. L'E pénultieme eft muet ou féminin dans Mener; mais il devient ouvert ou mafculin dans il mene, au fingulier, & au pluriel ils menent; il redevient muet dans

il menoit, il mena; mais il redevient ouvert dans l'antépénultieme de il ménera, il méneroit, parce qu'alors la pénultieme eft féminine. En devenant ouvert, il prend un accent fur l'antépénultieme; il pouroit se prendre auffi fur la pénultieme, mais ce feroit fans néceffité; parce qu'alors on le prononce toujours ouvert, il mene, qu'il mene, fans qu'il foit befoin d'en avertir par un accent.

On foufre deux E muets & même trois dans quelques Verbes composés. Ainfi de Tenir, on forme Retenir & Entretenir: Venir produit de même Devenir, Revenir, Redevenir.

L'E muet fe change en E fermé devant le pronom je transposé. Ainsi quoiqu'on dife, J'aime, Je chante, fi l'on tranfpofe le pronom, cet E muet fe prononce fermé, & prend l'accent, Aimé-je; Chanté-je.

L'E muet final rend quelquefois longue la pénultieme qui étoit breve, & change alors fon accent. Ainfi l'E eft ouvert & bref dans la pénultieme de Blafphemer; mais il eft long dans Blafphême, dans il blafpheme, au fingulier; & au pluriel, ils blafphément : il redevient bref dans il blafphémoit, il blafphema; il redevient long dans il blafphemera, il blafphemeroit. Il eft long dans la pénultieme d'Extrême; bret dans l'antépénultieme d'Extrémité, long dans l'antépénultieme d'Extrêmement. Il eft long dans Mêler, il mêle, il mêloit, il mêla, il mélera, il mêleroit; mais il eft bref dans Mélange.

L'E fermé eft long devant un E muet, Armée, Pensée, il crée; & dans les adjectifs féminins defirée, &c. Mais il eft bref devant les autres voyeles: Il créa, il créoit; & devant un E fermé, ou fuivi d'une confone: Créé, Créer.

Il eft encore long avant le G, College, Privilége, Siége; & avant 'J confone, comme on l'a vu dans Aimé-je, Chanté-je.

Les E ouverts varient beaucoup plus : voici ceux qui étant longs font fufceptibles de l'accent circonflexe.

ECHE, eft long dans Béche, Grieche, Lêche, Pêche, fruit; Pêche, action de pêcher, Revêche: il dépêche, il empêche, il préche; & de même dans Dépêcher, Empêcher, Prêcher.

EFE, O EFFE, eft long: Gréfe, terme de Jardinage; Greffe, terme de Palais, Coefe ou Coeffe. C'eft abufivement qu'on y double la lettre F, dont on ne fait pas fentir le doublement.

EFLE, ou EFFLE, long dans Néfle, ou abufivement Neffle. EIL, ou EILLE, ouvert & bref dans Soleil, Someil & Abeille; long & fermé dans Vieil homme, Vieille femme, Vieillard, Vieilleffe. ELE, long dans Fréle, Gréle, Pêle-mêle, Poêle, Zéle: Il bêle, il féle, il mêle, & dans leurs Verbes, Béler, Fêler, Meler.

EME, communément long, Baptême, Blafpheme, Chrême, Diadême, &c. Il est bref dans Creme, Deuxieme, Troifieme, & autres noms ordinaux, & dans Je feme, tu femes, il feme. Celui-ci vient de l'E muet dans Semer. Quant à ceux qui vienent du Grec, plufieurs devroient être brefs, comme venant d'un E bref en Grec & en Latin. Ainfi du mot Latin, Anathema, où la pénultieme eft breve, comme dans le Grec,

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