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on devroit écrire & prononcer, Anatheme, bref. Mais la difficulté de distinguer ceux qui font brefs d'avec ceux qui font longs, fait que communément on les prononce tous également longs: Ainfi on dit, Anathéme, mme Diademe, quoique, felon l'étymologie, le premier soit bref, tandis que le fecond eft long.

ENE, communément long, Alêne, Aréne, Cêne, Chêne, &c. Il est bref dans Ebene & Phénomene. On le fait long dans les noms propres Athénes, Diogenes, Mecêne, Origenes, &c. quoique dans plufieurs il dût être bref relativement à l'étymologie. Ainfi les noms de Diogenes & d'Origenes ayant la pénultieme breve en Grec & en Latin, devroient l'avoir également breve en François ; & en effet l'ufage eft de n'y point mettre l'accent circonflexe, qui par cette raifon ne leur convient pas. EPE, toujours long, Crêpe, Guêpe.

EPRE, long dans Vepres.

EQUE, long dans Évêque & Archevêque.

ER, ERC, ERD, ERT, long quand ils terminent la phrafe, ou un de fes membres, ou un Vers, Fer, Clerc, Verd, Defert. Mais lorfqu'ils font fuivis d'un autre mot, l'E s'afoiblit jufqu'à devenir douteux ou même bref: Un fer acéré; un Clerc tonfuré; un Verd de mer; un Defert afreux.

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ERE, long dans Chimere, & au pluriel du prétérit indéfini: Ils allerent; ils parlerent.

ERRE, toujours long, Guerre, Tonnerre.

Es, toujours long, Abfcès, Accès, après.

ESE, toujours long, Aléfe, Antithefe, Catachréfe, Diocéfe, &c. Il y a cependant quelques-uns de ces mots où, felon l'étymologie, l'E devroit être bref, tels que Antithefe, Genefe.

ESSE, long dans Abbeffe, Ceffe, Compreffe, Confeffe, Expreffe, Leffe, Preffe, Profeffe; on s'empreffe; il profeffe: & de même dans Celler, Confeffer, s'Empréffer, Préfer, Profeffer.

EST, long, Il eft.

ET, long dans Acquêt, Apprêt, Arrêt, Benêt, Forêt, Genêt, In. térêt, Prêt, Protét, Têt. Tous ces mots s'écrivoient autrefois par E ST. ETE, long dans Arbalête, Arrête, Bête, Boéte, Conquête, Crête, Enquête, Fête, Quête, Requête, Tête. Les autres font communément réputés brefs, quoique l'on pût en excepter du moins ceux qui par leur étymologie devroient être longs, tels que Athlete, Comete, Poëte, Prophere. Le mot Honête eft long après fon fubftantif: Un homme honête : mais avant il devient bref: Un honete homme; & dans ce cas il doit perdre l'accent qui n'y eft mis que pour le rendre long. Vous êtes, dans la Poéfie, eft long ou bref au gré du Poête. Dans l'ufage commun il eft

bref.

ETRE, long dans Ancétre, Champêtre, Chevêtre, Étre, Fenêtre, Guêtre, Hêtre, Prêtre, Salpêtre: Je me dépêtre : & delà, fe dépêtrer. ETS, toujours long, en forte que dans les noms mêmes dont la finale eft breve au fingulier, elle devient longue au pluriel: Sujet, Sujets.

EVE, long dans Grêve, Trêve; il rêve ; & delà Réver.

Je reviens fur les noms en E ME, ESE, ETE, qui peuvent être longs ou brefs, felon leur étymologie tirée du Latin ou du Grec.

Lifte de mots en EME, ou EMME, qui peuvent être longs ou brefs, felon leur étymologie.

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Enthymema,

Enthymême.

Epicherema

Extremus

Extrême.

Lemma,

Lêmme.

Nicodemus

Nicodême.

Poëma,

Poême.

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Polyphême.
Problême.

Sal gemma,

Apozeme.
Theme.

Epichérême. Nota. Dans le mot Femme, dérivé du Latin Femina, l'E fe prononce comme l'A, mais il prend le fon foible de l'A bref: on prononce donc Femme, comme Gamme & Lame, où l'A eft réputé bref en comparaifon de Flamme & Ame, où il eft long.

Sel gêmme.

Lifte de mots en ESE qui peuvent être longs ou brefs,

felon leur étymologie.

Apozema

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* On trouve auffi en François Proftaphérefe, fans h après le : mais on voit ici que l'étymologie exige cette H, quoiqu'on ne la prononce pas.

Lifte de mots en ETE qui peuvent être longs ou brefs,
felon leur étymologie.

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§. 2. De l'E fuivi d'une voyele ou d'une diphthongue. L'E fuivi de l'A fe prononce fermé & bref, comme dans Éaque, (Eacus), Rhéa, il agréa, il créa. Suivi de la diphthongue AI, il fe prononce fermé & bref dans J'agréai ; il s'éclipfe dans Geai, qui fe prononce Jai. Suivi de la voyele nafale AN, il fe prononce fermé & bref dans Géant, & Géante; il s'éclipfe dans Jean & Jeanne; on prononce Jan & Jane. Suivi de la diphthongue A U, il se prononce fermé & bref dans Eaufe, (nom de ville), fléau, préau; il s'éclipfe dans Eau, que l'on prononce ; & dans toutes les autres terminaifons en eau, que l'on prononce o bref, Agneau, Bandeau, Carreau, Drapeau, &c.

L'E fuivi d'un fecond E fe prononce fermé, foit que ce fecond E foit muet, comme dans il agrée, il crée; foit qu'il foit également fermé, comme dans Agréé, Créé; & quelquefois ces deux E termés font fuivis d'un troifieme qui eft muet, Agréée, Créée, &c.

L'E fuivi d'un I, avec lequel il forme diphthongue, ou du moins fauffe diphthongue, abforbe communément l'I, & fe prononce en E ouvert & bref. Peine, Veine, Pleine: il eft long dans Reine & Reitre. Suivi de la voyele nafale IN, il s'éclipfe, & ne laiffe entendre que l'I nafal: Deffein fe prononce comme Deffin, quoique ce foient deux mots différens ; & on prononce de même Frein, Sein, Plein, de maniere que dans cet adjectif au mafculin c'est l'l qui domine, Plein; & au féminin c'est l'E. Pleine.

L'E fuivi d'un I qui ne forme pas diphthongue, fe prononce fermé & bref, & l'on met fur l'I le tréma: Obeir, Obeiffance. On peut même fe dispenser d'y mettre le tréma; parce que le feul accent qui eft fur l'E, avertit qu'il fe prononce séparément.

L'E luivi de l'O, fe prononce fermé dans Gédéon, Siméon, Léon : il s'éclipfe après le G dans Bourgeon, Dongeon, Efcourgeon, Efturgeon, Pigeon, Plongeon, Sauvageon, Surgeon: la derniere fyllabe de tous ces mots fe prononce jon, De même dans Abrégeoit, Alongeoit, Affiégeoit, &c.

L'É fuivi de la voyele U, formant diphthongue, produit avec elle un fon foible & bref dans Eu, nom d'une ville de Normandie; mais ce fon devient long & plus fort dans Eux, pluriel du pronom II, & dans les noms commençant par Eu, tels que Euchariftie, Euchologe, Eunuque, Euphrate, Europe, Euterpe. Il eft bref au fingulier Veuf; long au pluriel Veufs. Bref dans les noms en EUIL, Deuil, Seuil, &c. Bref dans Gueule, Seule, Aïeule, Filleule; mais long dans Meûle & Veüle. Bref dans Jeune, long dans Jeûne. Bref au fingulier dans Odeur, long au pluriel, fans néanmoins changer le fon, Odeurs: bref dans la majeure part, mais long en difant: Cette fille eft majeure : & néanmoins le fon eft encore le même. Long, mais avec un fon différent, dans Précieux & Précieufe. Bref dans il peut long dans il veut. Bref dans Émeute & Epreuve, & jufques dans Couleuvre, mais long dans Feûtre & Neûtre.

L'E fuivi d'un U, fans former diphthongue, fe prononce fermé, comme dans quelques noms empruntés des Latins, tels que Cnéus, Péléus. Il s'éteint dans le participe Eu, que l'on prononce U. Delà vient que dans le participe de Voir, autrefois Veu & Veue, on a fupprimé cet e; & d'abord on y a fubftitué l'accent circonflexe, Vû & Vue: mais aujourd'hui l'Académie l'écrit fans accent aux deux genres. Il faut cependant obferver que cet u bref au masculin, Vu, devient long au féminin Vue, qui par cette raison mériteroit de conferver le circonflexe : ce que l'on peut dire également du substantif, Vue, qui a la même origine & la même prononciation.

L'E fuivi de l'r, pris pour valeur de deux I, abforbe le premier I, & ne laiffe entendre que le fecond: Pleyon, fe prononce Plé-ion: & cet E eft bref.

§. 3. De l'E fuivi des confones M & N.

L'E fuivi des confones M & N, conferve fon propre fon à la fin de ces deux mots, Jerufalem & Examen.

Mais au commencement & au milieu des mots, l'E, en se joignant à ces deux confones, prend un fon nafal: Embuche, Enceinte ; & ce fon nafal eft entiérement semblable à celui de la voyele A, en femblable pofition: Ambassadeur, Ancêtres. Il en résulte que ces deux voyeles prenent également I'M avant le B, Embaler, Embarquer; avant le P, Empaler, Empâter; & avant le PH, Emphafe, Emphyteofe : avant les autres confones, l'E comme l'A, prend la lettre N, Encaquer, Encenfer, Enchaîner, Endéter, Enfanter, Engager, Engendrer, Enhardir, Enjamber, Enlever, Emmener, Ennoblir, Enquérir, Enfeigner, Entamer, Envoyer.

y a feulement cette différence que l'A fuivi de deux M ou de deux N, ceffe d'être nafal, Ammener, Ammonceler; on prononce & on écrit, Amener, Amonceler ; & quoiqu'on écrive Annoncer, on prononce Anoncer. Mais l'E en pareil cas conferve le fon nafal, Emmener Ennoblir. On a prétendu qu'il falloit prononcer & même écrire Anoblir : mais l'Académie conserve les deux expreffions, Anoblir & Ennoblir ; &

perfone

perfone ne refufera de convenir que du moins le fon nafal fe fait fentir dans Ennui & Ennuyer. li ne s'éteint que dans le feul mot Ennemi, où l'on double abufivement la lettre N, puifqu'il n'y en a qu'une en Latin dans Inimicus, & qu'en François on n'en prononce qu'une, Enemi.

Il s'agit maintenant d'examiner quelle diftinction on peut faire entre l'A nafal AM, ou AN, & l'E nasal E M, ou EN.

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Lifte de quelques mots écrits par AM ou EM nafal.

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Sans qu'il foit néceffaire d'aller plus loin, on apperçoit que nos 4 M vienent communément du Latin ou du Grec, & que la plupart de nos EM vienent de la prépofition E N, changeant N'en M, à caufe du B ou du P. Nous avons cependant quelques E M qui vienent du Latin ou du Gréc E M, tels que Emblème, Emphafe; & quelques-uns du Latin IM, tels que ceux-ci: Impedire, Empêcher; Imperator, Empereur; Imperium, Empire, Implere, Emplir. Sur quoi il faut remarquer qu'on reprend néanmoins l'1, dans Impérial & Impérieux; & que communément l'IM du Latin fe conferve en François; Imbécille, Imbibé, Imbu, Impair, Impatient, Impie, &c.

Il en eft de même de nos AN ou EN, comme on va le voir.

Lifte de quelques mots écrits par AN ou EN nafal,

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Sans entrer dans un plus grand détail, on voit que les AN, comme les AM, vienent communément du Latin cur du Grec; furquoi il faut cependant obferver que quelques-unes de ces N du Latin, vienent du Gamma des Grecs, qui devant un fecond Gamma, & devant un Kappa ou un Chi, fe prononcent comme l'N des Latins, c'eft-à-dire, donnent

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