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que vous payiez, nous devrions dire de même : Que nous avions que vous ayiez; mais l'Académie n'admet point cela ; & c'eft qu'en effet le cas eft différent; dans le verbe Payer nous fommes obligés d'ajouter cet I au subjonctif, pour le diftinguer de l'indicatif : nous payons, vous payez au lieu que dans le verbe Avoir il n'y a point d'équivoque à évi ter: à l'indicatif on dit nous avons, vous avez; ainsi rien n'empêche de dire au fubjonctif avec un fimple Y: Que nous ayons, que vous ayez, comme on dit, Que nous foyons, que vous foyez; quoiqu'on dife, Que nous envoyions, que vous envoyiez. Car dans le verbe Envoyer, il a fallu diftinguer par là ce fubjonctif d'avec l'indicatif, nous envoyons, vous envoyez, au lieu que dans le verbe Étre, il n'y a aucune équivoque, puifqu'à l'indicatif on dit : nous fommes, vous étes. De même à l'impar fait on dit nous étions, vous étiez; nous avions, vous aviez ainfi ayons, ayez foyons, foyez, apartienent uniquement au fubjonctif & à l'impératif, fans qu'il foit befoin d'y insérer cet I qui eft néceffaire dans les autres verbes pour éviter l'équivoque.

ARTICLE XXV. De la Lettre Z.

La lettre Z, en François, a l'articulation fimple de la lettre S adoucie; c'eft ce que l'on éprouve dans Zara, Zele, Zinc, Zône, Zurich, Zymotechnie. Cette articulation eft invariable au commencement, au milieu & à la fin des mots mais à la fin des mots elle ne fe fait pas toujours fentir.

Le Z fe fait fentir à la fin des noms propres de perfones ou de lieux & alors il rend longue & ouverte la voyele qui le précede: Phaz, Eliphax, Cenez, Afcenez, Booz, Buz. On le prononce dans Fez, où il rend l'Etrès-ouvert : il rend de même l'E très ouvert dans le Milanez; mais on ne l'y prononce que quand il eft fuivi d'une voyele. Dans les mots d'un ufage plus commun, il rend l'E fermé, affez, chez, le nez : & il ne fe prononce que quand il est suivi d'une voyele: Affez & trop longtemps: chez un de vos amis: un neg aquilin. Il a la même articulation dans les fecondes perfones plurieles des Verbes: Vous lifez, vous lifiezī vous lirez, vous liriez.

Les Verbes qui vienent de ceux qui en Latin & en Grec fe terminent en Z O, devroient fe terminer en François par un Z: Baptizer, Caté chizer, Exorcizer; mais parce que dans leurs dérivés ce Z fe change en S, en Latin même & en Grec, de Baptizo, Baptifma, Baptifta; de Catechizo, Catechifmus, Catechefis on préfere en François la lettre S dans le verbe même: Baptifer, Catéchifer, Exorcifer ; & néanmoins on y prononce cette S comme le Z; en forte que la lettre S paroît n'avoir prévalu dans ces verbes qu'à caufe de leurs dérivés, Catéchisme, Exor. cifme, Baptifmal, Baptiftere, Baptiftaire. Ainfi dans ce cas l'analogie prévient fur l'étymologie.

Concluons de toutes ces remarques qu'il y a trois principales regles de l'Orthographe: l'Etymologie, la Prononciation, &, comme on vient

de le voir, l'Analogie. L'Étymologie doit être confervée lorsqu'elle ne nuit point à la prononciation, & généralement dans les mots les moins ufitės, ainfi que dans les noms propres de perfones ou de lieux : la Prononciation doit être préférée dans les mots les plus ufités, au préjudice même de l'étymologie: enfin l'Analogie doit quelquefois prévaloir également fur la prononciation & fur l'étymologie.

ARTICLE XXVI. Des Lettres Capitales.

Jufqu'ici nous avons parlé des Lettres fans confidérer la forme des caracteres qui les repréfentent on les diftingue en grandes & petites, droites ou inclinées. Il faut ici confidérer l'ufage que l'on fait de ces différences.

Les Letres Capitales que l'on nomme auffi Majufcules, font ainsi nommées , parce qu'elles font un peu plus grandes que les autres, & qu'elles fe mettent principalement à la tête des mots les plus confidérables. On les fait auffi fervir dans les titres : mais leur principal ufage eft au commencement des mots que l'on veut plus particulièrement diftinguer. On les met généralement à tous les noms propres d'hommes ou de lieux, Alexandre, Céfar, Darius; Rome, Paris, Londres. On les donne encore aux noms de dignités, Roi, Empereur, Duc, Comte, Gouverneur, Lieutenant aux noms de Sciences & d'Arts, Rhétorique, Philofophie; Imprimerie, Peinture: dans le ftyle eccléfiaftique, on les donne au nom de Dimanche, & au nom des Fêtes, Noël, Páque, Pentecôte, jufque-là même qu'on dit la Saint Martin & la Touffaints.

Mais il y a deux défauts à éviter dans l'ufage de ces lettres. Le premier eft d'en mettre trop par-là on afoiblit l'effet que doivent produire les plus effentieles. Les mots qui méritent plus de diftinction, fe trouvent alors noyés & confondus au milieu d'une infinité qui n'en méritent aucune. Le fecond défaut opposé à celui-là, est de n'en mettre pas affez comme on le voit dans certains Livres, où on n'en trouve qu'aux feuls noms propres. Il faut avouer que cette pratique a l'avantage de trancher net fur la nature des mots qui méritent une Capitale; mais il en réfulte que quantité d'autres mots qui méritent également quelque diftinEtion, fe trouvent confondus avec ceux qui n'en offrent aucune.

Il s'eft élevé ici une queftion fur les adjectifs dérivés des noms qui font diftingués par une Capitale, tels que de Moife, Mofaique; de Rome, Romain; de Roi, Royal; de Philofophie, Philofophique; de Pâque, Pafchal, & ainfi des autres. Communément on leur donne la Capitale à caufe du nom dont ils font dérivés: mais fi ces adjectifs fe trouvent joints à un substantif qui n'exige pas la Capitale, faut-il donner la Capitale a l'adjectif fans la donner au fubftantif, ou la donner au fubftantif pour la conferver à l'adjectif, ou l'ôter à l'adjectif pour ne la pas donner au fubftantif? Faudra-t-il écrire la loi Mofaïque, la chauffure Romaine, une fentence Philofophique, le temps Pafchal? On

peut bien écrire la Loi Mofaïque, parce que cette Loi mérite par ellemême une diftinction: mais la chauffure, quelle qu'elle puifle être eft-elle affez noble, pour qu'on puifle écrire la Chauffure Romaine? Faudra-t-il donc écrire fans aucune diftinction la chauffure romaine? Communément c'est un défaut de paffer ainfi d'une extrémité à l'autre : le plus fage parti eft de tenir le milieu en donnant à chaque mot le ca ractere qui lui convient: le fubftantif chauffure ne mérite pas une Capitale, mais l'adjectif Romaine la mérite: écrivons donc la chauffure Romaine. Dira-t-on qu'alors l'adjectif paroît plus noble que fon fubítantif? mais il ne l'eft que relativement au nom dont il dérive : c'est comme fi nous difions la chauffure des Romains: cette Capitale alors ne paroît point déplacée; elle ne l'eft pas plus dans l'adjectif qui représente ce nom: la chauffure Romaine.

Les Capitales fervent encore au commencement de toutes les phrases précédées d'un point, ou qui commencent un paragraphe, ou ce qu'on appele un alinea. L'usage eft auffi de les mettre en Poéfie au commencement de chaque vers pour en marquer mieux la diftinction.

Dans nos Plautiers & dans nos Bibles, on les place encore communément au commencement de chaque verfet ; & cela peut convenir dans nos Plautiers, pour qu'on ne s'y méprene pas dans le chant. Mais dans nos Bibles, ces Capitales ne font néceffaires que quand le verfet précédent eft terminé par un point. Car fi dans le verfet précédent la phrafe n'est pas finie ; file fens n'eft pas achevé; fi ce verfet n'eft terminé que par une virgule, un point virgule, ou un comma ou un double point : c'eft obfcurcir le fens, c'eft rompre la liaifon des deux verfets, que de mettre au commencement du verfet fuivant une Capitale, qui n'y est nullement néceffaire lorfque les verfets font diftingués par des chifres.

ARTICLE XXVII. Des petites Capitales.

Les petites Capitales s'emploient pour des mots entiers que l'on veut diftinguer entre les autres. On les met quelquefois dans les titres mais leur principal ufage eft au commencement des Ouvrages, des Livres des Chapitres ou même des Paragraphes. On met alors en petites Capitales le premier mot; ou quelquefois deux, fi le premier mot eft trop court, ou s'il a une liaison intime avec le fecond. La premiere lettre de ce premier mot doit être plus grande que les autres; ce doit être une grande Capitale; & quelquefois cette grande Capitale s'étend fur les lignes fuivantes, de maniere qu'elle en foutient deux, trois, quatre, ou plus : c'est ce qu'en terme d'Imprimerie on appele une Lettre de deux points, de trois points, &c. Quelquefois cette lettre eft chargée ou environée d'ornemens : c'eft ce qu'on nomme Lettre grife. L'ufage eft qu'après les lettres grifes ou de plufieurs points, on mette encore une Capitale qui est la feconde lettre du mot: cependant on s'est quelquefois écarté de cet ufage, apparemment parce que cette lettre n'eft pas la premiere, mais la feconde, & que par cette raison on croit qu'elle ne mérite pas d'être

plus diftinguée que les fuivantes. Elle peut en effet ne le pas mériter relativement aux fuivantes; mais il femble qu'elle le mérite relativement à la premiere. Car plus cette premiere lettre eft grôffe, plus il eft convenable qu'il y ait une lettre moyene entre cette grôffe lettre & celles qui vont fuivre telle fut fans doute la pensée de ceux qui introduifirent cet ancien ufage qui par cette raifon peut mériter d'être confervé. Mais quelquefois on emploie pour premiere une lettre qui ne porte pas deux points, mais environ un point & demi, & alors on la fait entrer dans la premiere ligne fans la faire defcendre plus bas. C'eft principalement dans ce cas, qu'on fe croit difpensé de mettre la feconde lettre en grande Capitale; & cela eft très-bien, quand cette feconde lettre n'eft pas ellemême la premiere d'un fecond mot. Car fi la phrafe commence par ce mot, L'Afie, il faut néceffairement deux Capitales. L'une plus grande, parce qu'elle est la premiere; l'autre moins grande, parce qu'elle eft la feconde, mais toujours plus grande que les trois lettres fuivantes, à l'égard defquelles elle eft elle-même premiere.

On emploie encore les petites Capitales pour certains noms que l'on veut diftinguer par honeur dans le difcours : c'eft ainfi que dans plusieurs Livres de piété, on met en petites Capitales le faint nom de JESUSCHRIST: & alors il faut que la premiere lettre de ces noms foit en grande Capitale.

Dans la Poéfie, lorfque les Pieces font divisées par Stances ou Strophes, le premier mot de chaque Strophe ou Stance fe met quelquefois en petites Capitales, pour en marquer mieux la diftinction : & la premiere lettre de ce premier mot doit toujours avoir une grande Capitale.

ARTICLE XXVIII. Des Lettres Romaines & Italiques.

On appele Lettres Romaines les lettres droites & quarrées; celles qui font inclinées font appelées Italiques. Les Lettres Romaines font plus communément ufitées : on a cependant vu des Ouvrages imprimés entiérement en Lettres Italiques. Mais l'ufage le plus ordinaire du caractere Italique eft de diftinguer certaines parties des Ouvrages, certaines phrafes, certains mots.

Lorfque ces Ouvrages font en caractere Romain, la Table des Chapitres ou Sommaires fe fait communément en caractere Italique. S'il y a une Table des Matieres, elle fe fait en caractere Romain : & alors ces deux Tables font ainfi diftinguées. La Table Italique peut fe faire du même œil que le corps de l'ouvrage; la Table des Matieres fe fera d'un oil plus petit. Les Préfaces fe font communément en caractere Romain: fi elles font courtes, elles peuvent fe faire d'un oeil plus grôs que l'Ouvrage; fi elles font longues, on les fait d'un œil plus petit. Si elles font précédées d'une Epître Dédicatoire ou de quelque court Avertissement cet Avertiffement ou cette Epître fe font en caractere Italique : & s'il y a l'un & l'autre, l'Epître fera en Italique, & l'Avertiffement en Romain, mais d'un oeil différent de la Préface. Les

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Les Sommaires placés à la tête des Chapitres ou des Paragraphes. s'impriment en caractere Italique ; ceux qui font fur les marges en cara&tere Romain: 'les Citations en caractere Italique, fi elles font fous des Sommaires Romains: s'il n'y a point de Sommaires fur les marges, on peut mettre les Citations en caractere Romain.

Si dans un Ouvrage François on raporte dans la fuite du discours quelques mots ou quelques phrafes en Latin, on les met d'un caractere différent de celui du difcours : c'est-à-dire, que fi le difcours eft en caratere Romain, le Latin qu'on y place doit être en Italique; & fi le difcours eft en Italique, le Latin fera en Romain.

Si dans un difcours François ou Latin, on veut infifter fur quelques expreffions, & les rendre plus fenfibles, quoique dans la même Langue, on les met d'un caractere différent, en Italique fi le difcours eft en Romain, ou en Romain fi le difcours eft en Italique.

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C'est ce qui arive particuliérement lorfqu'on énonce un terme dont on donne en même temps la définition: comme fi je dis » Les Lettres » inclinées font celles qu'on nomme Lettres Italiques; » ou » Les Lettres » Italiques font celles qui font inclinées. » Mais alors il faut obferver » que fi on dit : » Les Lettres inclinées font défignées par le nom d'Italinques: ce d apoftrophé ne doit pas être en Italique, parce qu'il ne fait pas partie du nom que l'on veut faire remarquer, & qui confifte dans le feul mot Italiques: C'eft fur quoi on fe méprend très-fouvent. Lorfque dans un difcours qui eft en caractere romain on raporte les paroles de quelque Auteur facré ou prophane, fi ce qu'on en raporte n'eft pas long, on le met en Italique: fi c'est un fragment trop étendu pour y admettre cette différence de caractere, on le diftingue par ces doubles virgules que l'on nomme Guillemets; nous en parlerons en finiffant après avoir traité des Accens. Maintenant nous allons pafler des Lettres aux Mots.

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SECONDE SECTION.

DES MOT S.

Les Mots fe divifent en trois claffes principales: Noms, Verbes & Particules. Nous ne parlerons point ici des Particules, mais feulement y des Noms & des Verbes. On diftingue les Noms en Subftantifs, & Adjectifs, d'où dérivent beaucoup d'Adverbes, & auxquels vienent fe jondre les Participes. C'est l'ordre que nous allons fuivre en finiffant par les Verbes, qui font d'une nature toute différente.

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ARTICLE I. De la formation du Pluriel des Noms. foit Subftantifs, foit Adjectifs.

Le pluriel doit fe former fur le fingulier : c'est une regle constante dont on ne doit excepter que les Irréguliers. Du nombre de ces derniers font

j

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