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F. Ceux en f, changent cette lettre en ve au féminin. Exemp. neuf, veuf, vif, Juif, pofuif, actif, oifif, captif; & femblables, font au féminin, neuve, veuve, vive, Juive, pofitive, active, oifive, captive, &c.

Il eft vrai qu'autrefois on laiffoit la lettre ƒ au féminin, & qu'on écrivoit neufve, veufve, & femblables; mais ce n'eft plus l'usage, on la retranche à préfent de tous ces féminins.

G. Ceux en g, veulent gue au féminin. Exemp. long, longue.

1. Ceux en i, forment leur féminin en ajoutant un e après la finale du mafculin. Exemp. Ami, boufi, cueilli, fleuri, guéri, hardi, & femblables, au féminin font, amie, boufie, cueillie, fleurie, guérie, hardie, &c.

L. Il faut obferver que les mots terminés en al & en il, prenent fim plement un e après cette finale pour former leurs féminins. Ainfi égal fait égale; fubtil, fubtile, & de même tous leurs femblables. Mais on a fupposé que ceux qui font terminés en el, devoient doubler la finale du malculin, avant d'y ajouter une pour en faire le féminin. Exemp. naturel, naturelle; & ainfi des autres. Mais il eft cependant vrai que les noms en er passent du mafculin au féminin fans doubler leur r: de premier, premiere; de léger, légere, & ainfi de tous les autres générale ment. Rien n'oblige donc de doubler en pareil cas la lettre ; & puifque d'égal on fait égale; de fubtil, fubtile; donc on peut auffi de naturel former naturele. L'ufage, dit-on, s'y oppofe. Les Imprimeurs peuvent le changer ; & nous le faitons dans cette Edition.

Les noms en eil doublent nécessairement la confone pour lui confer ver l'articulation mouillée. Ainfi de pareil on fait pareille. C'est un cas évidemment différent de ceux qui précedent.

A l'égard des mots en ol, comme fol & mol, qui font aujourd'hui d'un rare usage, les Anciens ont doublé la finale du mafculin, avant que d'y ajouter une pour en faire le féminin. Ainfi de mol & fol ils ont fait molle, folle, pour rendre bref l'o qui précede: d'ailleurs, le mot mol & molle vient du Latin mollis, où font les deux . Il en est de même du mot nul & nulle, dérivé du Latin nullus; c'est une raison d'y conferver les deux : mais pour le mot fol, qui ne vient pas du Latin rien n'oblige d'y doubler la lettre ; car fi l'o devoit être long, on y mettroit aujourd'hui un circonflexe; ainfi le féminin fole, avec une feule l & fans accent, doit fe prononcer bref.

N. Les mots terminés en ain, ein, in & un, comme certain, pleing enclin & brun, au féminin ajoutent un e après la finale du mafculin; ainsi on doit écrire, certaine, pleine, encline & brune au féminin. Il faut. cependant remarquer qu'il y a des mafculins en in, qui au féminin font igne, comme malin & benin, qui font maligne, benigne.

Mais on a fupposé que ceux en ien & en on, devoient doubler la finale du mafculin; ainfi d'ancien on a fait ancienne; de mien, mienne ; de bon, bonne; & ainfi des autres. Il est assez évident que c'est une exception à la regle des autres terminaisons; & qu'aujourd'hui cette exception devient entiérement inutile: car ce doublement n'a été introduit

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que pour rendre les voyeles breves, dans un temps où on n'avoit pas un circonflexe pour les rendre longues: aujourd'hui que nous favons les rendre longues par le circonflexe, il fuffit de les écrire fans accent pour les rendre breves; ainfi comme de premier on a fait premiere, fans doubler la lettre r, de même d'ancien on peut faire très régulièrement anciene, fans aucune équivoque de prononciation, puifqu'en Latin on dit bonus, bona, bonum, avec une feulen, on peut donc écrire en François bon & bone; l'étymologie le demande, & la prononciation ne s'y oppofe pas.

A l'égard des noms terminés en an, ils font dans leurs dérivés écrits avec beaucoup de variation. Les uns doublent la finale dans le féminin, comme paysanne, qu'on trouve communément avec deux n: au contraire courtisane n'en a fouvent qu'une. La regle générale étoit d'écrire tous ces mots avec deux n, à cause que la pénultieme eft breve; car une des regles les plus communes des Anciens, qui n'avoient pas le fecours de nos accens, étoit de doubler les confones pour rendre les voyeles breves delà vient que, fans égard à l'étymologie, ils écrivoient couTonne & perfonne, tandis qu'en Latin on écrit corona & perfona: mais aujourd'hui que nous avons le circonflexe pour rendre les voyeles longues, nous pouvons écrire fans équivoque, courone & perfone; & par la même railon, courtifane & payfane.

R. Les mafculins en forment leur féminin en ajoutant un e après la finale du mafculin. Exemp. groffier, groffiere; dur, dure; léger, légere; & femblables. Ceux en cur varient; car trompeur fait trompeufe; acteur, actrice; vengeur, vengeresse; & ainfi quelques-autres qu'on trouvera dans leur ordre alphabétique.

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Ș. Les noms terminés en s fuivent la même regle. Exemp. Ras fait rafe; gris, grife; mauvais, mauvaife; aquis, aquife; clos, clofe; inclus, inclufe, & femblables.

De cette regle on ne doit excepter que les mots fuivans, Gras, bas las, épais & grôs, qui font au féminin, grasse, basse, laffe, épaiffe & groffe, pour donner à la lettre l'articulation forte qu'on lui donne en prononçant ces mots, & qu'elle perdroit fi on ne la doubloit pas. Il faut aufli obferver que frais veut fraiche; & abfous, abfoûte.

T. Ceux qui font terminés en tau mafculin, forment leur féminin en y ajoutant un e après la finale du mafculin. Exemp. Délicat fait délicate; plat, plate; favant, favante; faint, fainte; teint, teinte; innocent innocente; fubit, fubite; maudit, maudite; dévot, dévote; fufpect, fufpecte, & femblables.

On a cru devoir encore excepter de cette regle les mots terminés en et, dont le plus grand nombre fe trouve écrit au féminin avec deux t; muet muette; fujet, fujette, & ainfi des autres. Mais il en eft de ce doublement de la lettret, comme de ceux des lettres & n, en pareille position, c'est-à-dire, après la lettre e pour la rendre breve; cela étoit trèsbien quand on n'avoit pas de circonflexe pour la rendre longue : mais aujourd'hui que nous favons la rendre longue par le circonflexe, ces

doublemens

doublemens devienent inutiles; & quand on verra muete & fujete fans doublement & fans accent, on comprendra facilement que la voyele est breve, quoique la confone ne foit pas doublée.

U. Les noms en u, prenent un e par augmentation, & y mettent deux points ou un tréma, e, lorfque cet adjectif eft terminé par une fyllabe dont la prononciation pouroit être équivoque fans ce fecours : c'est-àdire, que cet ë tréma n'eft nécessaire que dans les adjectifs féminins terminés en gue, comme ambiguë, aiguë, &c. pour obliger de prononcer l'u séparément, comme on le prononce au mafculin, ambigu, aigu. A l'égard des autres noms féminins terminés en ue, l'e final n'exige pas ces deux points, parce que la prononciation n'en peut être équivoque. Il faut donc écrire, grenue de grenu; menue de menu; moussue de moussu; branchue de branchu; entendue d'entendu; venue de venu, &c.

X. Enfin les mafculins qui font terminés en x, changent cette finale en Je au féminin. Exemp. hideux fait hideufe; orageux, orageufe; fâcheux, facheufe, & ainfi des autres, dont on ne doit excepter que faux, doux & roux, qui au féminin font, fauffe, douce, rouffe.

Ces Remarques fur les terminaifons des adjectifs font pour la plupart tirées de l'Officina Latinitatis: on y a feulement ajouté quelques nouveles Obfervations fur les moyens de perfectioner notre Orthographe.

ARTICLE V. Des Adverbes dérivés des Adjectifs.

La plupart des adverbes terminés en ment, fe forment fur l'adjectif féminin dont ils font dérivés, en y ajoutant la fyllabe ment; c'eft pourquoi lorsqu'on double la finale du mafculin pour former le féminin de l'adjectif, on la double également pour l'adverbe, & lorfqu'elle demeure fimple au féminin, elle est également fimple dans l'adverbe. En voici des exemples fur toutes les finales.

En C. Blanc, blanche, blanchement; public, publique, publique

ment.

En D. Lourd, lourde, lourdement; nud, nue, nuement.

En E. Ceux-ci se forment fur le mafculin, en y ajoutant la fyllabe ment. Exemp. Agréable, agréablement; aisé, aisément. La raifon de cela eft que l'e du féminin étant muet, ne fe prononce pas. On n'écrit donc point aiséement, mais aisément, parce qu'on le prononce ainfi.

En F. Ceux-ci fe forment fur le féminin. Exemp. Actif, active, activement; attentif, attentive, attentivement, & femblables. En G. De même. Long, longue, longuement.

En 1. Ceux-ci fe forment comme ceux en e, fur le mafculin. Exemp. Hardi, hardie, hardiment; poli, polie, poliment; vrai, vraie, vraiment. C'est encore parce que l'e muet du féminin ne fe prononceroit pas. On n'écrit donc point hardiement, mais hardiment; parce que c'est ainsi qu'on le prononce.

En L. C'eft fur le féminin qu'ils fe forment. Exemp. Final, finale, finalement; fubtil, fubtile, fubtilement; pareil, pareille, pareillement;

mol, molle, mollement; nul, nulle, nullement. De même de cruel; ceux qui ont fait cruelle, en ont dérivé cruellement: mais nous avons montré que rien n'exige ce doublement, qui n'est fondé ni fur l'étymologie, ni fur la prononciation: d'où il fuit qu'on peut écrire, cruel, cruele, cruélement.

En N. Il en eft de même de ceux-ci. Exemp. Certain, certaine, certainement; plein, pleine, pleinement; fin, fine, finement. Ceux qui aiment les doublemens inutiles écrivent, ancien, ancienne, anciennement; bon bonne, bonnement: Mais on prononce anciene, anciénement : bone, bonement; & rien n'empêche de l'écrire ainfi.

En R. Ils fuivent le féminin. Exemp. Léger, légere, légèrement; fier, fiere, fiérement; dur, dure, durement, &c. Il est bien remarquable qu'on ne s'eft pas avisé de doubler l'r même après l'e: on écrit légèrement; pourquoi donc n'écriroit-on pas de même, cruelement, anciénement?

En S. Ils fe forment pareillement fur le teminin. Exemp. Gras, graffe, graffement; niais, niaise, niaisement; frais, fraiche, fraîchement, &c. En T. De même. Exemp. Délicat, délicate, délicatement; fubit fubite, fubitement; dévot, dévote, dévotement, &c. Encore ici ceux qui aiment à doubler fans néceffité, écrivent, net, nette, nettement. Cependant on écrit fecret, fecrete, fecrétement. Pourquoi donc n'écriroit-on pas nétement ?

En U. Les adverbes dérivés des adjectifs en u, font ceux qui méritent le plus d'attention, à cause de la diverfité des fentimens. Les uns veulent qu'ils fuivent le mafculin ; d'autre le féminin: ainfi on trouve, fuivant le goût de chaque Auteur, Abfolument, éperdument, ingénument, ou avec un circonflexe, dûment, affidûment, ingénúment, &c. ou avec un e, duement, affiduement, ingénuement. Loriqu'on y met l'e ou du moins le circonflexe, on les dérive du féminin; lorfqu'on n'y met ni l'e ni le circonflexe, on les dérive du mafculin. Mais il en eft de ces adverbes comme de ceux qui vienent des noms terminés en e ou en i; ils font originairement tirés du féminin comme tous les autres; la feule différence eft que l'e muet du féminin ne s'y prononçant pas, on le retranche en le compenfant par un circonflexe pour alonger la voyele dans les mots moins ufités, dúment, affidûment, ingénument, ou même fans accent, en laiffant la voyele breve dans les mots plus ufités, abfolument, éperdument, ingénument: & c'est ainsi que l'Académie écrit ces trois mots.

En X. Enfin les adverbes qui dérivent des adjectifs en x, suivent également le féminin. Exemp. Hideux, hideufe, hideufement; faux, fauffe, fauffement; doux, douce, doucement; ambitieux, ambitieufe, ambitieufement, & femblables. D'où il réfulte qu'il faut avoir recours aux adjeEtifs féminins, pour favoir comment on doit écrire l'adverbe qui en dérive. On vient de voir qu'il n'y a que les adverbes dérivés des adjectifs en e en i & en u, qui femblent être exceptés de cette regle; mais que cette exception prétendue ne confifte que dans la fuppreffion de l'e muet qui ne fe prononce pas: aisé, aisée, aisement; hardi, hardie, hardiment; abfolu, abfolue, abfolument.

A l'égard des adverbes dérivés des mots en ant ou ent, ils fe forment en changeant les deux finales du mafculin en m, après laquelle on ajoute la fyllabe ment. Exemp. Suffifant, arrogant, innocent, prudent, &c. font Suffifamment, arrogamment, innocemment, prudemment, & ainfi des autres. Mais on prononce Suffifament, arrogament, innoçament prudament, &c. Cependant on conferve le doublement de l'm dans innocemment, prudemment & autres, dérivés des adjectifs en ent, pour convertir le fon de cet e en celui de l'a. Mais rien n'empêche d'écrire Suffifament, arrogament & autres, dérivés des adjectifs en ant, avec une feule in puifqu'on n'y en prononce qu'une.

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Au refte il ne faut pas croire que tous les adjectifs en ent forment leurs adverbes comme ceux dont nous venons de parler. Quelques-uns fuivent la regle commune: lent, lente, lentement; préfent, préfente, préfentement, comme les autres noms terminés en t

L'e qui précede la fyllabe ment eft ordinairement muet dans ces adverbes mais quelquefois il prend le fon de l'é fermé: tels font Aveuglément, commodément, communément, conformément, énormément, exprefsément, impertinément, impunément, incommodément, obfcurement, opiniátrément, précisément, profondément, profusément, fubordinement. Il ne feroit peut-être pas facile de montrer pourquoi ces adverbes prenent l'é fermé mais il ne faut pas confondre avec ceux-là ceux qui vienent des adjectifs en é fermé : aisément ďaisé ; délibérément de délibéré, & autres femblables dont la forme eft réguliere.

ARTICLE VI. Des Participes.

On diftingue dans la Langue Françoife deux Participes: le Participe Actif, aimant; le Participe Paffif, aimé. Ou plutôt ce dernier Participe entre également dans la Conjugaifon Active, j'ai aimé, comme dans la Conjugaifon Paffive, je fuis aimé : & le premier apartient également aux Verbes Neutres, tombant, comme aux Verbes Actifs, aimant. D'ailleurs, celui-ci eft toujours indéclinable, de maniere que c'eft moins un Participe qu'un Gérondif, tel que celui des Latins, amando, cadendo. Il n'y a donc dans la Langue Françoife qu'un feul vrai Participe, qui eft celui que l'on nomme Paffif, aimé, tombé.

Le Participe ou Gérondif terminé par ant, eft généralement indéclinable, c'est-à-dire, qu'on n'y distingue ni mafculin, ni féminin, ni fingulier, ni pluriel Les hommes aimant Dieu font attentifs à fuivre fes loix. Il y a cependant certains Adjectifs qui reffemblent à ces Gérondifs; & ces Adjectifs fe déclinent: Ainfi on dira: Un fang bouillant; une huile bouil lante; des bouillons rafraichissans ; des eaux dormantes, & femblables. Pour diftinguer ces Adjectifs Verbaux d'avec les Gérondifs, il fuffit de favoir que l'Adjectif va très-bien avec le Verbe Étre; mais le Participe, nullement. Ainfi on dira très-bien: Je fuis prévenant; vous êtes raviffante; ils font séduifans: ceux-là fe déclinent. Mais on ne dira pas : Je fuis lifant; vous êtes foupante; ils font dormans: ceux-là ne fe dé

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